Di Rupo, chasseur d’affût.
On a beau lire et relire les journaux, passer des heures d’information à la radio, rien ! jamais rien ! sur un point quelconque du programme de Di Rupo, comme si la machination pour sortir de la crise et payer la dette n’existait pas.
Il a coalisé les six partis qui constituent le gouvernement, pour quoi faire... l’artiste ?
C’est à croire que ce programme n’est qu’un phantasme rêvé ou qu’il a été abandonné !
Qu’on ne vienne pas dire que la proximité des élections communales paralyse le premier de nos mandataires. L’homme tisse patiemment sa toile et s’apprête à nous tomber dessus par surprise. Le temps des vacances approche, c’est une période propice.
Une politique aussi en demi-teinte serait troublante, s’il s’agissait d’un autre que lui. Mais, quand on connaît la manière dont Di Rupo a dirigé le PS, on se dit qu’il se passe des choses au gouvernement dont nous n’avons pas connaissance, les journaux non plus d’ailleurs. A défaut, l’actualité française est suffisamment étoffée pour faire écran.
L’habitude de minimiser, au pire, et de cacher, au mieux, est récente. Elle date des 541 jours de pourparlers « secrets ». Et si c’est le fantôme montois qui a fini par hanter les commodités de Laeken, c’est un peu grâce à la méthode Elio.
Le fameux accord de gouvernement dont on a parlé au début de la coalition, puis qu’on a oublié dans les salles de rédaction, n’était-il pas accompagné d’accords secrets ?
On ne sait rien, on ne voit rien, et hop ! passer muscade, c’est un prestidigitateur qui fait tout disparaître sous les tables de pourparler, plutôt qu’autour.
Si cette méthode a propulsé l’ambitieux qui joue au surmodeste au fauteuil de premier ministre, elle a surtout plombé les rapports des citoyens avec le pouvoir. Une démocratie qui érige l’opacité en principe, c’est quoi au juste ?
Ne rien savoir d’une législature, puis procéder à de nouvelles élections pour en débuter une nouvelle, avec à peu près les mêmes, c’est curieux comme démocratie.
Cela devient une procédure, une manière de disqualifier la population, celle-ci étant incapable de penser et de réfléchir, conclut-on en Haut-lieu !
La manière dont Di Rupo va nous régler notre compte, comme celui de la périphérie bruxelloise, reste une inconnue, Maingain n’a tout de même pas claqué la porte du MR pour rien. Dire que la situation est antidémocratique, voilà un faible mot.
On sait bien que des mesures ont été proposées pour réduire le déficit public, qu’elles sont en attente, sinon déjà en cours ; mais, que nous vivions sans rien connaître de leur déroulement, avant d’employer des mots plus forts, c’est se ficher du monde.
Au moins du temps de Leterme, quand on n’entendait rien du côté des affaires, c’est qu’il ne se passait rien. Assez curieusement, on a vécu plus de choses à son intérim, qu’à l’exercice de son mandat !
Il paraît que la justice va inventer l’emprisonnement virtuel. On se demande si Di Rupo n’a pas inventé la virtualité au 16, rue de la Loi, bien avant ! On localise Elio à Paris, à Berlin, il sert des mains, il sourit, il témoigne de l’amitié qui unit les peuples. Parfois, on retrouve sa trace à Bruxelles, mais c’est chez Barroso à l’Europe, en conversation avec Van Rompuy. Mais, savoir ce qu’il y fait, ce qui s’y dit hors des phrases convenues, c’est comme la politique intérieure : il faudra attendre le prochain traité pour qu’on puisse un peu comprendre quelle a été la participation de la Belgique et de son mentor.
Le pays ne se dirige pas comme le parti socialiste !
Di Rupo en action à la Chambre, c’est pour rappeler la morale, domaine où il est imbattable, à l’occasion des tribulations de Mariani, un ponte de Dexia qui part avec le magot, alors que la banque est dans le rouge foncé. C’est « moralement injustifiable » tonnera-t-il. Puis, draper de sa toge, le chef surmonté des lauriers de la philosophie rejoindra son siège de gouvernement pour réanimer son Smartphone.
Des compères se chargeront d’animer le reste de la semaine, comme le ministre des Entreprises publiques, Paul Magnette (PS), et le ministre des Pensions, Vincent Van Quickenborne (Open Vld), qui se bloquent mutuellement des nominations, comme deux coqs de basse-cour convoitant la même poulette.
Et on voudrait que les affaires belges fassent des manchettes ! Pour dire quoi ?