Sois Belfius et tais-toi !
Mascarade pitoyable avalisée par le gouvernement régional wallon qui s’est abstenu, les administrateurs de l’ancienne Dexia Banque Belgique, sauvée du naufrage en octobre 2011 par l’Etat belge et rebaptisée Belfius, ont obtenu la décharge de leurs activités délictueuses pour l’année 2011, lors d’une assemblée générale de la semaine dernière, qui a duré en tout et pour tout, une heure et demie.
Vieille histoire, direz-vous, puisqu’elle date d’environ huit jours… Et alors, une friponnerie doit-elle être du jour pour que l’on s’en souvienne ?
Sainte solidarité des larrons, exactement comme Louis Michel soutenant Elio Di Rupo pour son 0,9 % de retenue sur le salaire des ministres, alors que Hollande en est à 30 % !
Sont sauvés des tribunaux de commerce, Pierre Mariani, Jean-Luc Dehaene, Patrick Develtere, Patrick Janssens, Francine Swiggers et Serge Kubla.
Sainte solidarité des chevaliers de la finance, les suivants, absouts par avance, le nouveau conseil d’administration, présidé par Alfred Bouckaert, a été mis en place.
Pour mémoire, l’administrateur qui se voit accordé la décharge pour l’exercice de son mandat ne peut plus faire l’objet d’une action en responsabilité de la part de la société pour les actes qu’il a commis au cours de son mandat. Voilà donc toute la clique, sous la direction du chef de fanfare Jean-Luc Dehaene, sortie d’affaire et les poches bourrées de l’argent qu’ils n’ont même pas eu la décence de laisser pour les petits porteurs d’action qui ont été détroussés comme au coin d’un bois.
Ces perversions de la démocratie que permet le système libéral sont les médiocres résultats d’une accoutumance générale à la morale « arrangée » du monde des affaires.
Le pervers quelconque est ce qu’il y a de plus fréquent dans le monde de la finance et de la politique. Le système appliqué en Belgique aboutit à des compromissions légitimées par l’usage et le relâchement des mœurs.
Qui sait, dans quelques années, la définition du banquier, dans le Larousse, sera peut-être« voleur qui a réussi ».
Le pervers baptisé « honnête » n’est jamais prêt à payer quoi que ce soit. Tout doit lui être dû pour son travail qu’il surestime (Louis Michel) à la mesure de son ego.
Le pervers moderne transgresse les règlements pour la simple raison qu’il croit « bien faire » en s’appliquant des modifications à la loi qu’il applique aux autres à la lettre, avec d’autant plus de rigueur, qu’il a étendu à son cas toutes les bienveillances possibles.
Pour lui rien n’est sacré, hormis sa personne et éventuellement sa progéniture.
Une fois aux affaires, il mène rondement sa carrière en postulant à tous les postes qui procurent du profit.
Le hiatus entre le désir qu’il a de s’élever et le prix à payer est si important que ses dernières poches d’honnêteté fondent et qu’il devient un pervers de transgression en transgression sans s’en apercevoir, parce qu’il les confond avec des manœuvres politiques indispensables à son statut. « Vous savez, dira-t-il d’un air chagrin, on ne fait pas de la politique avec des enfants de chœur. » C’est aussi le raisonnement que tiennent les criminels endurcis qui mettent en cause la fatalité et la dureté des temps.
Le perverti médiocre va donc se permettre de jouir et d’abuser des lois, sans risque. Mais son appétit sans limite l’entraîne vers une perversité plus grande. C’est souvent le cas des récidivistes, élus pendant trente ou quarante ans et amoncelant des activités annexes qui leur procurent des rentes et une notoriété pour une présence aléatoire et de loin en loin, à des conseils d’administration ou à des présidences soi-disant caritatives, où le jeton de présence est l’argument majeur de sa surcharge de « travail » !