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30 juin 2012

Ouvrir sa gueule ou la fermer ?

On voit bien, à la lumière de la dernière « querelle », comme le PS est coincé entre les divers droites dans le gouvernement Di Rupo, au point que Didier Reynders (MR), a accusé vendredi son collègue des Entreprises publiques, le socialiste Paul Magnette, de se livrer à du "populisme de gauche" ! Alors que le malheureux s’en prenait à des institutions comme la Commission européenne ou la Banque nationale de Belgique (BNB), l’une extérieure au Royaume et l’autre obéissant à des facteurs étrangers au Royaume.
Magnette est le porte-flingue de Di Rupo. Ce dernier est pieds et poings liés dans la charrette gouvernementale, il doit filer doux, s’il veut finir l’année en beauté et parader dans le village d’origine de sa famille où il va se « ressourcer » pendant les vacances parlementaires.Magnette sert de bonne conscience.
Il faut bien à Di Rupo quelques plumes à son chapeau pour avoir l’air d’être à gauche aux élections communales. Non pas qu’il craigne grand-chose, mais de démission en démission, il se pourrait bien qu’aux élections suivantes, beaucoup d’électeurs se demandent à quoi le PS sert encore ?
Ainsi fonctionne implicitement un tandem Magnette-Onkelinx pour couvrir au mieux les champs d’action dans lesquels le PS est mal à l’aise, Di Rupo jouant la victime de circonstance.
Laurette Onkelinx fait des mamours aux Belges venus de l’étranger où elle a de l’expérience, avec quelques œillades aux internationalistes-humanistes, sans oublier le thème « nous adoptons toutes les églises, nous aimons toutes les traditions, nous mouillons de bonheur à toutes les cultures ». En cas de concurrence trop vive avec le CDH, elle exhibera quelques « défoulardisées » aux patronymes fleurant les sables chauds du désert. S’il y a urgence, elle peut compter sur Fadila Laanan. Paul Magnette exerce ses talents dans l’imitation de Mélenchon, en moins acide toutefois. Plus les élections communales se rapprochent, vous le verrez inventer des métaphores qui frappent l’imagination, à croire qu’il y aurait deux PS, l’un au pouvoir, l’autre dans l’opposition.
Et là Reynders a raison. On ne peut pas être au gouvernement et dénoncer le scandale d’y être ou alors, il faut en tirer les conséquences et militer au MG de Wesphael. Hélas, ce parti est sans mandat. Magnette devrait travailler de ses mains ! Chose impensable pour un mandataire socialiste.
Avec l’accord en sous-main de son chef Di Rupo, il dénonçait le caractère "trop intrusif" de la Commission européenne envers la politique socio-économique de la Belgique, sans oublier la complicité de la Banque Nationale. La note du président du Conseil européen, Herman Van Rompuy, confirme tout cela.

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Si Di Rupo ne donne pas de la voix, c’est que la politique européenne de droite est la même que celle du CVP et de son porte-parole officieux, Jean-Luc Dehaene. Ce parti est le pivot central de ce gouvernement. C’est en approuvant sa politique que Di Rupo est parvenu à arracher in extremis des bras de Bart De Wever, un CVP traumatisé de sa perte d’influence en Flandre. N’oublions pas également qu’Herman Van Rompuy a décroché le job de sa vie en fonction de ses opinions droitières qui ont touché Merkel et Sarkozy.
Reynders joue donc sur du velours. Magnette dans les cordes, Didjé n’a fait que souligner l’intervention à la Chambre de Patrick Dewael, Open Vld, "un ministre ferme sa gueule ou démissionne" (paternité de Chevènement).
A y regarder de près, c’était tout à fait ridicule et inapproprié, étant entendu que les ministres sont là pour l’ouvrir le plus possible, voyez Milquet, mais pour l’apologie exclusive du gouvernement et du premier ministre.
Il serait plus juste de dire « un ministre ouvre sa gueule pour saluer le travail de son premier, et la ferme sur tout le reste, faute de quoi, il démissionne ». C’est trop long, évidemment, Chevènement fait plus ramassé, donc plus près du public.
Magnette n’a rien dit de désobligeant à l’égard de son chef de file, ni même du gouvernement. Il a simplement critiqué les Institutions européennes.
Si Herman Van Rompuy et Barroso ne sont même plus critiquables et qu’un ministre qui n’a pas fermer sa gueule, doit démissionner, Reynders en sa qualité de vice-premier ministre, a clairement défendu une entité étrangère au gouvernement, et en conséquence devrait être traduit en Haute Cour pour trahison.
Cela n’a pas de sens. On en est aux « réclames » et aux musculations, avant de coller les affiches des prochaines élections.
Le plan d’austérité d’Herman fait froid dans le dos.
Vincent Van Quickenborne (Open VLD), sans démissionner, gueule partout que la Belgique "va soutenir totalement ce plan, qui offre une perspective pour enfin sortir de la crise." Di Rupo pourrait lui demander de fermer sa gueule ou de démissionner. S’il ne le fait pas, on se doute bien qu’il est plutôt de l’avis du Quicker VLD, sans le dire à Magnette.
Que ces gens sont tordus !

29 juin 2012

Qu’irions nous faire en cette galère ?

Depuis qu’on érige en événement le moindre fait-divers, que l’on parle de tout, sauf de l’essentiel au point que certains se demandent s’il y a encore une dette et une crise, on perd de vue que ce pays est entouré d’autres pays.
Nos partenaires ont envoyé à l’Europe une majorité parlementaire de droite. Et l’on s’étonne que l’Europe soit gérée comme une banque et que le social soit la moindre des préoccupations.
Priorité est donc au lobbying, à la précarité et aux intérêts particuliers.
Van Rompuy ne s’y est pas trompé, d’après ce qu’on sait de son projet d’accord pour les chefs d’Etat de l’Union, il n’y a dedans rien qui puisse déplaire au libéralisme tendance Merkel. On souhaite bien du plaisir à François Hollande ce week-end.
La frange du commerce et des bonnes affaires de ce parlement européen, la droite de la droite, en quelque sorte (sans être extrême), a une étrange façon de scinder en deux formes de politiques opposées, sa position selon qu’elle soit interne ou externe.
A l’usage interne, elle est évidemment contre l’immigration et pour une vigilance accrue aux frontières de l’Europe. Ceci est utile à la visibilité de ses élus et à leur réputation d’intransigeance, afin d’assurer la pérennité de leur mandat.
A l’usage externe, elle est pour l’accélération des procédures afin que la Turquie devienne membre de l’Europe !
Certes, on ne parlera pas samedi de la Turquie, on a autre chose à faire. L’OTAN se chargera d’assurer la Turquie de toute la solidarité du monde occidental à la suite de l’avion de chasse turc descendu par erreur par les Syriens.
Malgré tous les arguments, contre vents et marées, le lobbying forcené pour l’adhésion de la Turquie, même au plus fort de la crise, ne s’est jamais démenti.
Il y a là-dessous quelque chose de louche qui passe sous le nez de tout le monde. Quel est le profit secret, inavouable, des partisans à ce que l’aventure de l’Europe s’étende à la Turquie dont 3 % seulement du territoire est en Europe et le reste en Asie mineure ?
Quelle est la situation actuelle de la Turquie par rapport à l’Europe et à ses voisins ?
Certaines sources font état de ce que la Turquie serait sur le point de créer une zone tampon, par des moyens militaires sur le sol syrien. Comme tout peuple venu d’ailleurs et occupant en conquérant les territoires de la Turquie actuelle, ce pays est très remonté quand il est question de « ses droits » territoriaux. Les Grecs et les Arméniens en savent quelque chose.
Cette occupation serait-elle proposée par l’Etat-major pour se protéger des incursions de l’armée syrienne sur son territoire ou pour mettre aux profits et pertes de l’Europe, le problème des réfugiés syriens ? Les illégaux qui franchissent la frontière gréco-turque pour entrer dans l’Union Européenne sont en nette augmentation depuis les événements de Syrie. La Turquie est devenue sur une certaine partie de sa frontière avec la Syrie, une sorte de terre de transit vers l’Europe.

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Le gouvernement turc islamiste d’Ankara cherche au Proche-Orient à se tailler une sphère d’influence qui engloberait les pays qui constituaient l’ancien Empire ottoman, par nostalgie, certes, mais aussi par l’atavisme héréditaire de ce peuple à considérer que ce qui a été conquis et perdu, est toujours à lui et à reprendre. L’ancien Empire ottoman était beaucoup plus vaste que la Turquie dans ses frontières actuelles, il y a de quoi méditer !
Mesure-t-on bien en Europe que ce pays a des frontières communes avec la Syrie, l’Iran et l’Irak ? On voit d’ici l’Europe entraînée dans le tourbillon des innombrables conflits de cette région en crise, si la Turquie en faisait partie.
Notre problème est dans la candidature de la Turquie à l’UE recommandée par les droites européennes, auxquelles s’additionnent les fractions socialistes de divers pays, comme la Belgique conduite à cette politique par Laurette Onkelinx, qui plaide inlassablement pour l’inclusion rapide de ce pays dans les instances de l’UE.
On voit le poids de Tayyip Erdoğan en Europe avec une population de 75 millions d’habitants qui en ferait le deuxième pays d’Europe derrière l’Allemagne, 81 millions d’habitants.
Encore une précision qui nourrit le scepticisme à l’égard des partisans de l’entrée de la Turquie à l’UE : d’importants oléoducs stratégiques traversent ce pays et comme on dit que la guerre du pétrole, ce sera pour bientôt…
Evidemment, au sommet, on sera loin de ces « mesquineries », on a bien trop à s’inquiéter de l’euro, bien avant de savoir comment la population européenne va s’en sortir !

28 juin 2012

Ne Mélenchon pas torchons et serviettes.

Dans le patchwork politique francophone, un ancien devenu nouveau, relance la polémique sur le cas du Parti socialiste. C’est de Bernard Wesphael et de son MG (Mouvement de Gauche), qu’il s’agit.
Le propos est sérieux. Malgré son importante masse électorale toujours présente, le Parti Socialiste est-il encore de gauche ?
La réponse est nuancée. Oui, par son score électoral élevé. Le suffrage universel est toujours l’indicateur principal. Il regroupe ce que l’on appelait jadis « la classe ouvrière » dans une palette plus large, il englobe aujourd’hui des citoyens qui vont du chômeur au petit commerçant.
C’est même la confiance du corps électoral qui rassure les bobos largement établis dans les médias, les fonctionnaires et les artistes connus, tous largement tributaires des « bienfaits » de la carte de parti.
Non, si l’on considère l’évolution des conditions sociales nouvelles qui déterminent un recul général du niveau de vie de la clientèle du PS. Concrètement, l’échec de la social-démocratie n’a pas encore convaincu les dirigeants du PS de chercher une solution concurrente au système économique actuel. La collaboration avec la droite s’est usée tout au long des crises financières. Di Rupo vend aux masses un socialisme dénaturé, avec un certain succès.
Sans plan pour le futur, on ne sait combien de temps encore ce parti va promener la gauche dans ses collaborations équivoques avec la mouvance libérale.
En se disant vouloir être à lui tout seul la gauche, Bernard Wesphael, lors du congrès de son parti Mouvement de Gauche, a frappé fort, sans vraiment être outillé pour. Cependant, toute tentative est bonne à prendre, pour faire comprendre qu’avec le PS on n’arrivera nulle part.
Le modèle choisi par Wesphael : Jean-Luc Mélanchon, est-il un bon choix ?
Oui, si l’on considère comme une réussite le regroupement du PC et du parti de Mélenchon, qui finit par avoir un groupe (15 députés) à l’Assemblée nationale, grâce à l’appoint de députés non apparentés, même si les communistes poursuivent leur déclin. En Belgique, une telle aventure serait inouïe et le PS ne pourrait plus ignorer cette nouvelle gauche.
Non, si l’on compare les deux hommes. Mélenchon, est un redoutable tribun. Il n’y a pas d’orateur de cette dimension en Belgique. Wesphael ne pourrait y prétendre. L’ignorance volontaire des médias, d’une présence à gauche d’Elio Di Rupo, joue aussi techniquement contre lui.
A l’extrême gauche, les groupuscules n’ont jamais pu s’accorder pour tenter une aventure commune, chacun s’accrochant à « sa vérité ».
C’est même à cause du remède de cheval proposé par quelques marxistes – maoïstes, léninistes ou trotskystes - que l’électeur rechigne. Il n’est pas encore descendu assez bas de l’échelle des malheurs pour abandonner un système qu’il n’aime plus tellement, pour une aventure qu’il n’aime pas du tout.
Sagesse populaire ou indignité naturelle de la politique de la mangeoire ?
On verra bien par la suite, si d’aventure, la crise jetait sur le pavé quelques millions de gens en plus.

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Et puis viennent des objections qui ont trait essentiellement à la carrière de Bernard Wesphael.
C’est assez troublant qu’à l’issue d’un échec (le ratage de la présidence) Wesphael se soit brusquement trouvé une sensibilité de gauche radicale ! Les propos actuels de Wesphael n’auraient pas pu être prononcés à la tribune des Verts !
Même s’il avait déjà ses convictions, c’est tout de même parce que les militants verts n’ont pas voulu de lui à la présidence de leur parti qu’il a durci son verbe ! Elu, il aurait probablement tenu un autre discours !
Ce côté caméléon inquiète.
On pourrait penser que c’est un opportuniste ayant trouvé le moyen de rebondir après l’échec de sa candidature, même si ses convictions ne sont pas en cause.
Ceci dit, ne gâchons pas le plaisir d’entendre quelqu’un qui dit autre chose que les fadeurs du parti socialiste.
Tant qu’on lui laisse un bout de journal pour s’exprimer, c’est du bonus pour le changement. C’est crâne de dire que le PS est un parti de centre-droit, à peu près sur la ligne du CDH et se rapprochant chaque jour davantage du MR.
La difficulté pour Wesphael, ce sera de s’installer dans le paysage politique francophone, tant de petits partis ont échoué avant lui, face à des électeurs dépolitisés et plus consommateurs que citoyens.
Dénoncer les manquements du PS, et en même temps « rassurer » l’électeur vite effarouché et toujours remonté vis-à-vis du communisme, c’est d’une grande difficulté.
Pour ma part, je préfère dire ce que je pense dans un blog, et même parfois me contredire, que faire de la politique à double visage, l’une qui montre ce que l’on est et une autre qui le cache, pour faire le plus de voix possible.
Si je puis me permettre une ultime remarque… Le Soir cite un extrait du discours de clôture de Wesphael « Je suis fou furieux sur les socialistes et le gouvernement fédéral ». C’est un mauvais début. Il est toujours dangereux d’affirmer que l’on est « fou furieux ». Les gens pourraient ne retenir que « fou ».
Pour ma part, je ne me suis toujours gardé de décrire mon état d’esprit. Jeter tous les jours une bouteille à la mer est déjà une folie furieuse pire que la sienne.

27 juin 2012

Le foot nique ta mère !

Pour la première fois dans l’histoire de la démocratie, notre modernité atteint la limite entre la conscience d’un bon équilibre et la stupidité épanouie, dans le travestissement de la notion de « dépassement de soi » en « performance » imbécile.
Notre société régresse dans son âge mental et témoigne d’une utopie croissante de la « performance ».
La « performance » caricature l’accomplissement personnel au point d’être devenue l’une des pathologies les plus entropiques de la démocratie.
Le communisme avait tenté d’élever la performance de Stakhanov en modèle sans y parvenir, pour sombrer finalement dans la moquerie et le ridicule. La démocratie a repris le flambeau instiguée par le productivisme économique, et personne ne rit. Les fourmis baissent la tête et s’activent au seul service de la Reine. A la différence que le bénéfice ne va pas à la fourmilière, mais à la seule couche de la Reine. C’est ainsi que l’on voit le bénéfice social du travail disparaître, la fourmilière péricliter et la Reine cesser de pondre.
Le sport a fait courir sous les dix secondes, monter l’athlète à 2 m 45 et le monde admire !
C’est ainsi que s’est construite une nouvelle profession dans les années soixante : celle de l’athlète professionnel.
Il ne s’agit plus d’une culture du corps par des exercices appropriés à la force et à la résistance du sportif, mais la montée extrême des « exploits » dans la transformation contemporaine de la notion d’éducation physique, en celle de sport « de haut niveau ».
Ainsi se révèle une nouvelle pathologie comportementale d’excès d’efforts et parfois de dopage qui suscite l’admiration des foules, à peu près dans les mêmes dispositions que celles qui fréquentaient les cirques d’Auguste et d’Hadrien.
Le dépassement maladif de soi n’est pas gratuit. Dans l’admiration du sportif de haut niveau, entrent le respect et l’envie pour les sommes importantes que ses exploits lui font gagner.
Les footballeurs professionnels en sont les archétypes. Dans des Clubs, touchés par la crise et au bord de la faillite, ils se marchandent encore en millions d’euros, sans que le public se départît de l’admiration imbécile de ses idoles, souvent pâlottes, immatures et incapables de gérer intellectuellement ce qui leur arrive, dès qu’elles sortent du théâtre de leur exploit.
On a pu apprécier le comportement immature des footballeurs français, lorsqu’au championnat d’Europe, ils se firent sortir par l’Espagne, à l’issue d’un match dépeint par des journalistes sportifs comme « nullissime ».

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Le public peu se demander comment de petits voyous, grâce à un jeu de jambes et une pointe de vitesse, peuvent gagner autant d’argent. La bêtise n’excuse pas tout. Il faut dire que lorsque Lagardère, Bouygues ou Bettencourt en gagnent davantage, sans qu’on ne leur demande même pas de courir après un ballon dans un pré, on peut se poser la même question.
Le sport n’est plus synonyme de santé, mais au contraire de malaise, voire de maladies.
Expérimenter le rendement maximal du corps et de l’esprit n’est en rien une approche raisonnable de l’état de santé. Au contraire, le sportif de haut niveau surfe sur des crêtes où l’équilibre est en réalité le déséquilibre permanent d’une idole qui craint le vacillement, la contreperformance, la dépression, le mauvais choix, en un mot « la casse » (1) et la mise au rebut.
La santé de l’athlète n’est pas une fin, mais un moyen. C’est un prétexte à la forme qui va chercher la performance au bout de l’effort. La condition est souvent éphémère, parfois établie sur des « recettes » de coach (être en forme au départ du Tour de France cycliste).
Elle sert de justification à l’exploitation maximale de l’organisme : tendons, ligaments, système cardio-vasculaire, etc. On a observé qu’entre cinq à dix ans de ce régime, loin d’avoir préservé sa santé, le compétiteur est moins bien physiquement qu’avant les performances (Justine Henin, out à 28 ans).
Entre les démocraties antiques (2), après lesquelles des énamourés libéraux font encore semblant de courir, et nos démocraties d’économie intensive et de performance extraordinaire, il n’y a plus aucune comparaison possible, dans le domaine du sport. Par contre, il y aurait rapprochement entre l’état d’esclavage dans les populations antiques et la situation actuelle des travailleurs à la chaîne ou à rendement élevé et obligatoire, justifiant un salaire qui n’offre même plus le sentiment de satiété, mais plutôt celui de manque.
La santé définie par Hippocrate par une éducation physique reposant sur des notions de juste harmonie et d’équilibre entre force physique et exploit personnel, s’inscrit dans une logique d’accomplissement de l’homme et non de dépassement de soi.
Aujourd’hui n’importe quel médecin des sports sait que la pratique intensive de n’importe quel sport génère une traumatologie. « Les vrais risques du sport de haut niveau, avant le dopage, c’est le sport de haut niveau lui-même. » (3) C’est la conception pervertie du dépassement de soi.
Sans être aussi spectaculairement dans l’exploit, les travailleurs de base voient aussi leur santé s’altérer au cours d’une plus longue carrière professionnelle, sans un geste de gratitude de la foule et sans avoir touché à la satisfaction personnelle de l’exploit accompli.
La démocratie performante n’était qu’une démocratie du rebut.
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1. Isabelle Queval, « S’accomplir ou se dépasser », Essai sur le sport contemporain. Gallimard « Bibliothèque des sciences humaines », 2004.
2. Denis Lindon, « Socrate et les Athéniens », Flammarion, 1997.
3. Gérard Dine « L’irruption des biotechnologies », Les cahiers de l’Insep.

26 juin 2012

Fichus et contents !

Sarkozy ou Hollande, mieux vaut le second que le premier. Du point de vue qualitatif, on est d’accord.
Mais le socialiste français réussira-t-il à sortir la démocratie du mauvais chemin dans lequel son système économique l’égare ?
Je suis pessimiste et j’ai tendance à croire que non.
Sous prétexte que nous sommes dans « une guerre économique » avec le reste du monde, le gratin officiel ne cesse de vanter les vertus de la croissance et de l’hyperflexibilité, alors que ces deux objectifs sont avant tout les instruments d’une autre forme de domination, succédant au « tout baigne » des Trente Glorieuses.
En réalité, la « guerre économique » n’est rien d’autre qu’une mystification qui cache la construction d’un imaginaire social afin que le management soit une technique de pouvoir incontournable.
« La société s’organise désormais selon des modèles managériaux (1).
L’idéologie gestionnaire met en place un projet de domination et de surveillance. Ce que Bourdieu appelle « un monstre anthropologique habité par une supposée rationalité qui ramène tous les problèmes de l’existence à un calcul. » (2)
La société se laisse entraîner par l’obsession de la rentabilité.
La politique qui aurait dû mettre en garde les citoyens contre cette dérive qui va contre l’esprit d’une démocratie au service du plus grand nombre, s’est au contraire convertie à la vision de la gestion capitaliste, au point de faire sienne les recommandations des managers.
Cette gestion détruit ce qu’elle produit par le besoin de produire autre chose, dans de telles conditions que le stress et la souffrance au travail se banalisent.
Nous faisons notre métier plaident les managers. C’est ainsi que "n’ayant pas le choix", ils légitiment la régression sociale, comme l’outil nécessaire d’un redressement, dont on se demande ce qu’il redresse, et s’il y a lieu de décrire comme tel, la course au rendement.
L’idée du travail, fait place à celle de la rentabilité.
Quoique les syndicats dénoncent le procédé, chacun joue néanmoins le jeu de la « guerre économique ».
« La valeur du travail s’étant effacée devant l’impératif de rentabilité, l’idée même d’émancipation par le travail n’a plus de sens » (3)
Afin de ne pas être ostracisé par une « résistance », le travailleur pris au piège, ne réfléchit plus, ne se réforme plus, par crainte de perturber la productivité.
Devant l’injonction managériale, il ne peut recevoir l’aide de la démocratie qui prend le parti du management, ni des syndicats, trop enclins à jouer le rôle de conciliateur.
Le déséquilibre entre la logique du profit d’une part et, d’autre part, le respect des personnes dans les garanties d’un contrat à durée indéterminée, favorise l’abstraction et défavorise l’humain.

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Les logiques financières deviennent les logiques dominantes. Elles imposent leur point de vue aux travailleurs, parce que les partis politiques de pouvoir se sont rangés derrière ces logiques au détriment des intérêts de leurs électeurs.
L’articulation entre les forces en présence s’est pervertie et le travail est devenu l’impact néfaste qui perturbe désormais le travailleur dans son identité.
Le travail n’est plus indissociable de la construction d’un âge adulte réfléchi. Il en est même le facteur le plus hostile. Comment travailler à son épanouissement quand on est constamment bousculé par les méthodes employées pour le rendement maximum ? Quand l’apprentissage d’un métier a une plus grande durée, que l’exercice de ce métier lui-même ?
On a oublié qu’il faut autant de temps pour former un ajusteur ou un maçon, qu’un ingénieur !
L’inflation de la pression a des effets pervers multiples. Nous sommes entrés dans l’ère de l’hyperfonctionnement. (4)
L’effacement du rôle de la démocratie dans ce processus, fait craindre qu’il soit impossible de sortir d’une paupérisation qu’une telle politique économique installe.
Le plus accablant est encore de voir les citoyens majoritairement convaincus de la prédominance managériale de l’économie sur tout autre pouvoir. La situation est trop dégradée pour qu’on puisse sortir autrement qu’accablés, du rôle néfaste joué par la social-démocratie dans l’asservissement général.
Quand le système économique aura vaincu les résistances, il n’y aura plus personne pour l’applaudir. L’émeute aura gagné les villes. Les asiles d’aliénés afficheront complet..
Les dispositions prises par Milquet pour assurer la sécurité des citoyens auront été inutiles et auront disparus depuis longtemps. Hollande ne sera plus qu’un souvenir.
Le temps au cours duquel on aurait pu réparer ou reconstruire démocratie et économie ne sera plus qu’un souvenir.
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1. Vincent de Gaulejac. La Société malade de la gestion. Paris, Le Seuil, 2005.
2. P. Bourdieu, Les Structures sociales de l’économie, Le Seuil.
3. Cynthia Fleury, Les pathologies de la démocratie, Livre de Poche, Fayard.
4. Nicole Aubert, « L’intensité de soi » Edit. Erès. 2004.

25 juin 2012

Liège, temple à cons !

La laïcité n’en a pas encore fini avec les sentiments religieux.
Le catholicisme, déclinant dans nos Régions, avait peu à peu dû rabattre de sa superbe et de sa prétention à diriger le pays au nom du divin.
Les derniers pratiquants d’églises désormais trop vastes ne gênaient plus personne. Les édifices construits parfois avant la Renaissance par des artisans prodigieux pouvaient devenir des monuments dédiés au travail des hommes.
Le parti « chrétien démocrate » ne faisant plus recette, Deprez s’était éclipsé sur la pointe de ses chaussettes violettes vers les trognes sensibilisées au Bourgogne dont Louis Michel était le plus fleuri. Joëlle Milquet qui n’en était pas à un strip-tease prêt avait échangé ses caleçons de mère-supérieure en strings séparant à peine ses deux hémisphères.
Mais voilà que les anticléricaux les plus convaincus, les ultras radicaux des Loges, voilà que les socialistes, en un mot, se reconvertissent en pacificateurs œcuméniques des religions, et adorateurs des rois mages !
Les gens ordinaires se disaient qu’avec les églises vides qui nous restent, on pourrait facilement caser la multitude de pieux venus à l’improviste et appeler mosquée un lieu de culte désigné autrefois sous le nom d’église, et comme il y a des églises vides pour tout le monde inviter de l'hindouisme au bouddhisme, les variantes orientalistes aujourd'hui universellement répandues, à venir nous rendre quelques visites, sondages nécessaires avant des séjours prolongés. Il y aurait eu des nefs, des arcs et des ogives pour tout le monde.
Eh bien ! il paraît que cela ne se fait pas et qu’il convient à implantation nouvelle, de construire des palais neufs.
Immédiatement reprise par la nomenklatura socialiste liégeoise, la nouvelle ne pouvait qu’émoustiller les adorateurs du grandiose et, pourquoi pas faire de la gare Calatrava, un exemple pour une mosquée digne de la Mecque !
Liège, cité de l’exposition internationale 2017, va construire la plus grande mosquée de Wallonie ! D’ici à ce qu’il y ait bientôt l’obligation d’enlever ses chaussures avant d’entrer dans le bureau du bourgmestre, il n’y a que le temps d’un nouveau règlement.
Afin de ménager quand même les sensibilités des pénibles qui ont perdu l’esprit liégeois, un minaret sera construit au lieu de deux, il n’aura pas la hauteur d’un clocher gothique, mais celle d’un pylône haute tension du plateau de Herve.
C’est bien Liégeois d’éblouir par des plans nos nouveaux religieux, que l’on rabote ensuite, alors qu’on aurait pu, en faisant le tour des émirs du Golfe, construire un minaret aussi haut que la tour Eiffel !

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Le muezzin ténor, chargé de battre le rappel de la foi, sera prié de rugir à l’intérieur des murs et pas à l’extérieur aux heures prescrites par les saints livres. Seule concession, la tour sacrée sera illuminée à chaque prière journalière, comme à Las Vegas, quand la banque du casino saute sur l’heureux coup d’un touriste chanceux.
Comment remplir les annexes de cet ensemble consacré au renouveau de la chose sacrée ?
Rien de plus facile. Il y a déjà des postulants selon les journaux. Deux frères ont lancé un mouvement salafiste financé par l'Arabie saoudite pour séduire les jeunes de Droixhe et Bressoux, à cette ASBL « culturelle », pourrait cohabiter dans la salle à côté, Sharia4Belgium. Cependant les mécréants qui le souhaitent pourront s’asseoir sur les bancs du parc !
Pour le minaret, on conseille les néons roses, avec jeux de lasers représentant le prophète marchant sur les nuages à la conquête des roumis.
Et quels sont les heureux liégeois touchés par la vague pieuse socialisante?
Les malheureux de la rue des Hotteuses à Glain seront redevables du chef d’œuvre de Mehmet Aydogdu, conseiller socialiste communal liégeois.
Quand on vous disait le sens pratique et le caractère porté au commerce de nos concitoyens nouvellement convertis, presque déjà tentés par le niqab et le moucharabieh !
D’ici à ce que l’on fasse du PS local un parti hautement religieux, il n’y a qu’un pas que les Loges pourraient bien franchir, par un don d’ouverture, un joyeux internationalisme et une complète « je m’en fouterie » de ce que fut le socialisme adversaire de toutes les religions et propagateur de la morale.
Vous avez aimé Monseigneur Roger Vangheluwe, vous aimerez l’ère des ayatollahs.
Les travaux devraient débuter au printemps 2013 et durer environ deux ans. La mosquée pourra accueillir jusqu'à 1.000 fidèles. Vous aurez le temps d’ici là de ficher le camp en Suisse, coincés entre le fascisme renaissant à Bâle et le bon, sens des habitants qui ne veulent pas passer d’une religion à l’autre, sans crier « au secours » !
Moi, je reste. Observateur de la connerie humaine, ce n’est pas le moment de rater ça !

24 juin 2012

Jean-Luc fête la musique !

Après l’histoire d’une femme exceptionnelle, voici celle d’un individu médiocre par la qualité de ses services que l’on a cru à tort éminents, bref une vie politique et une vie professionnelle bien remplies, mais cependant fort onéreuses pour l’Etat et inefficaces pour les gens. Ce qui, en un sens, colle mieux à cette rubrique qui n’est pas faite pour des enfants de chœur.
Vous me direz, quand on fait de la politique surtout quand on est dans l’obligation de satisfaire aux exigences du capitalisme au quotidien, on délaisse nécessairement la veuve et l’orphelin.
Pas sûr. Si à la place du cynisme qui consiste à dire « Je fais un peu ou pas du tout pour les autres, mais je fais le maximum pour moi », on faisait fi d’une « carrière » et au lieu d’assurer ses enfants d’une belle vie sur les traces de papa, on défendait les enfants des autres – la seule mission exigée – on n’en serait pas là, et le capitalisme aurait du souci à se faire.
Avec Jean-Luc Dehaene les banques jouent sur le velours. Avec son physique de partouzeurs dans les cabinets particuliers des Folies bergères du temps passé, ce type a néanmoins fait son beurre à la sortie des messes, en jouant un personnage d’une grande foi, dans la bondieuserie de la Flandre avant De Wever. Un personnage jovial d’une Belgique à la morale de façade.
Et voilà que non content d’avoir écumé les Conseils d’Administration sous la défroque d’un administrateur intègre, passant par tous les trous du Code pour ne pas assumer la faillite qu’il quittait et entrer dans une autre qui s’annonçait, il nous donne encore des conseils sur ce qu’il faut faire pour rétablir les finances d’un Di Rupo, tout de suite dépassé dès qu’il compte autre chose que sa paie.
La carte de visite de JLD tient sur deux cuillères de caviar : c’est en tordant les hardes des bêtes de travail que nous sommes, que ce héros fit entrer la Belgique dans l’euro !
On ne le rappellera jamais assez, ce vampire du cacheton s’était déguisé en chef scout pour nous asséner le premier coup d’arrêt du progrès social dès 1998, sous prétexte – déjà – d’assainissement financier.
Si du côté des banques et des trusts son avis est très écouté, par contre du côté du CVP et des électeurs, Wouter Beke sait bien que la meilleure chose serait que Dehaene se taise en palpant ses enveloppes, et surtout ne parle plus au nom de son parti.
Serait-ce trop demander à ce grand prédicateur de la chose publique ?
Mais non, il remet ça, notre anti Simone Weil !
« Un ou plusieurs sauts d'index pourraient aider le gouvernement à boucler son budget », voilà l’évangile selon Jean-Luc.

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Notre hardi conseilleur s’adresse amicalement à un autre pourfendeur pour la bonne cause ! Son avis, pour une fois (enfin sait-on jamais ?) n’est pas payant.
« Le gouvernement belge doit mener ses réformes de façon plus rapide et plus drastique », poursuit Jean-Luc Dehaene dans les pages du journal De Standaard.
Mais il est infatigable cet homme là ! Aussitôt dépêtré des ennuis de Dexia grâce à une astuce et à une complicité de la Région wallonne, le revoilà parti sur son destrier au secours de Di Rupo ! On ne dira jamais assez l’utilité du renvoi de l’ascenseur.
Le conseil d’agir « vite et de manière assez radicale » après les élections communales, c’est tout lui. On s’amène la gueule enfarinée pour gagner les élections (avec la NV-A au cul le CVP va l’avoir dans les hémorroïdes). A peine séchée l’encre des bulletins de vote, succéderait le dépouillement tout court des populations encore saoulées des affiches de propagande !
On a rarement vu un tel cynisme affiché dans une gazette.
Si le pays doit trouver trois milliards d'euros supplémentaires pour tenir le budget sur les rails, rien de plus facile. On sabre dans les excès et les comptes à commencer par celui du sieur Dehaene. On établit une nouvelle grille des salaires au niveau de l’Etat et on s’assure que dans le privé tout bonus et tout salaire dépassant un taux qui reste à fixer sur l’étalon du salaire minimum, sera taxé à 75 %.
Dehaene n’est pas content ? Il veut partir à l’étranger. Soit ! Bien volontiers. Il part, mais son fric est confisqué. Une paire de chaussette et un caleçon de rechange pour l’aider à passer le cap de l’émigré en Suisse ou au Luxembourg dans les premiers jours.
Et ce serait valable pour tout le monde.
Hélas ! trois fois. Le gouvernement est dirigé par un social-démocrate. Les banques tiennent le haut du pavé et les ministres choisis par l’éminence montoise manquent de couilles.
C’est-y pas beau la politique en Belgique ?
Nous faire le coup de l’index, la journée de la musique, quand même !...
Il est vrai que dans ce pays merveilleux, tout doit finir en musique, même si c’est pour écouter des maîtres-chanteurs !

23 juin 2012

La grande Simone.

Pourquoi est-on plus attentif aux critiques, qu’aux éloges ?
C’est une question que l’on est en droit de poser.
Les uns ne voient malice qu’en ceux qui dénoncent l’injustice et les exactions des riches ; les autres voient des agents de Marine Le Pen partout.
La critique tout azimut à feu roulant et à volonté est le résultat d’un principal défaut : je n’ai pas la bosse de l’admiration.
Je trouve que c’est se dégrader soi-même qu’élever certains hommes au-dessus des autres.
Sartre a raison lorsqu’il se dit « un homme parmi les hommes et que vaut n’importe qui ».
Je pense à une femme d’exception, ce soir. Il existe bien des êtres d’exception. L’exception ne hante pas les studios de télévision, ni les cabinets ministériels. On peut la rencontrer n’importe où, au hasard des rues ou dans des livres. Elle est n’importe qui, mais de façon tellement supérieure qu’elle en est transcendante, et entrée déjà dans la légende.
Je veux parler de Simone Weil (ne pas confondre avec Simone Veil), née à Paris en 1909 et morte de malnutrition en 1943, en Angleterre.
Trente-quatre ans d’une vie intense dans les bouleversements de la guerre d’Espagne, puis du conflit mondial de 40, c’est peu et pourtant de ce qu’il reste d’Elle, très peu de philosophes et de grands écrivains, eussent-ils vécu cent ans, ne peuvent s’y comparer.
La jeune Simone débuta une carrière d’enseignante de grec et de philosophie. Brillante et d’une intelligence rare, elle dérangeait déjà ses pairs par son excentricité, son savoir, la profondeur de son interrogation. Le milieu bourgeois l’insupporta vite. Elle prit le parti des gens que la bourgeoisie considérait avec mépris. Les années 1934-1935 subissaient encore les effets de la crise de 29. Elle se refusa de gagner plus d’argent que la plupart des travailleurs, quand une grande partie du peuple ne mangeait pas à sa faim. Elle ne garda qu’une modeste part de son salaire et fit le don du reste à des syndicats (1).
Malgré une santé délicate, Elle travailla près d’un an dans la période critique dénoncée ci-dessus, comme ouvrière spécialisée dans une usine métallurgique. Elle fit ainsi une expérience du travail manuel qui manque tant à nos intellectuels en chambre.

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Son livre « La condition ouvrière » accuse la brutalité des temps. Elle en garda une marque indélébile « comme les Romains marquaient au fer rouge, le front de leurs esclaves ».
Je ne vais pas suivre la vie de cette Femme de caractère pas à pas, mais souligner combien nos intellectuels de gauche paraissent pâlots et mal assortis au destin tragique qui s’est emparé d’une grande partie du monde du travail et de ses laissés pour compte.
Dans une des dernières lettres à sa famille, Elle écrit « En ce monde, seuls des êtres humains tombés au dernier degré de l’humiliation, loin au-dessous de la mendicité, non seulement sans considération sociale mais regardés par tous comme dépourvus de la première dignité, la raison – seuls ceux-là ont en fait la possibilité de dire la vérité. TOUS LES AUTRES MENTENT.
La lutte des classes était pour Elle la réalité la plus palpable de l’Histoire. Dès que les efforts des hommes en lutte contre une nature hostile devinrent plus productifs, les clans distinguèrent entre ceux qui commandaient et ceux qui exécutaient. « L’oppression de l’homme par l’homme crût proportionnellement à l’élargissement de son champ d’action. » (2)
Simone Weil était plutôt pessimiste quant à l’avenir de la condition ouvrière. Elle n’entrevoyait pas la fin de la lutte entre ceux qui exécutent et ceux qui commandent.
Les temps présents lui donnent raison.
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1. Les syndicats de l’époque n’étaient pas des caisses d’assurance et d’indemnités qu’ils sont devenus. C’étaient de véritables cellules de combat et de coopérative, en soutient à des travailleurs en lutte.
2. Czeslaw Milosz, Empereur de la Terre, éd. Fayard.

22 juin 2012

Foudre sur les toits…

Cette fois-ci on est à moins le quart.
L’Europe peut passer du rêve éveillé d’une génération extasiée, à la cave aux vieilles choses qui attendent les encombrants de la génération nouvelle.
Cela s’est dessiné dès 2008, mais l’Europe portait déjà en elle le sarcome insidieux depuis plus de vingt ans, quand on a vu les Etats associés voler au secours du petit commerce des grands trusts et des banques, dès la fin des Trente Glorieuses. On a eu la confirmation plus tard, avec les droites revigorées et l’enterrement du développement social, d’une Europe prompte à saisir le plumeau des gens de maison des classes dirigeantes et ô combien supérieures.
Eh bien, le modèle de cette Europe là, n’était bon que pour les petites filles modèles de la Comtesse Di Rupo.
Avec ce qu’ils en ont fait, on voit bien à se débattre dans les eaux tumultueuses du Rhin qui séparent l’Allemagne et la France, que Barroso et Van Rompuy ne savent pas nager. Ils ont suivi des cours de natation dans les piscines derniers conforts que le moindre clapotis dérange.
Ces nageurs se noient en mer Egée.
C’est le malheur des grandes écoles de la droite. Leurs élèves sont tout de suite désorientés dès que leur théorie ne s’applique plus à la pratique. Le parfum du luxe dénature l’odorat.
Pourtant, en ont-ils fait de la publicité pour cette Europe qui nous sauverait de toutes les guerres ! Et de fait, seuls les deux grands fauves de cette Europe divinisée, la France et l’Allemagne, se sont réconciliés en abandonnant aux historiens les péripéties sanglantes d’un siècle d’avanies.
Cette réconciliation seule a permis l’euphorie, alors qu’on s’égorgeait toujours dans les Balkans et qu’à nos portes grondaient les torrents intégristes.
Ce faisant, ils ont oublié que les guerres d’aujourd’hui ne sont plus celles des bravaches prêts au meurtre pour le refus d’un salut au drapeau, mais des guerres économiques d’un nouveau et pourtant très ancien genre : celles des exploiteurs contre les exploités. A l’inverse des guerres idéologiques où c’étaient les exploités qui faisaient la guerre aux exploiteurs. La différence est énorme.
En Europe, ce sont les exploiteurs qui ont cru leur pouvoir sans limite et qui sont partis CAC40 en tête, positionnant les régiments Concurrentiels dans une campagne favorable, selon les Etats-majors des Bourses, pour vaincre à plate couture le travailleur déboussolé.
Et les voilà près de leur Waterloo !

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Non seulement, le peuple se rebiffe, mais pourrait dans une controffensive inattendue leur demander des comptes !
Les appareils gouvernementaux et politiques démasqués, les traitres désignés, les partis socialistes en passe d’être accusés de grivèlerie hôtelière, puisqu’ils étaient hébergés par le peuple, que reste-t-il de l’Europe ?
Une nostalgie « un paysage, un vieux clocher » comme chantait il y a un demi-siècle Charles Trenet, c’est-à-dire pas grand-chose, devant le bilan désastreux, au point qu’on a cessé la propagande au ras des écoles communales de l’Europe de l’abondance et de l’avenir radieux.
Nous voilà face aux problèmes que nos cadres et la droite n’ont pu résoudre, malgré l’appoint des voltigeurs des partis socialistes, malgré la bonne volonté de Prudence, lorsqu’elle assure le service et qu’elle dit « madame est servie » sur le ton qui convient aux ramassis de gredins parvenus.
Non seulement la crise financière persiste et signe, malgré la colère qu’on sent monter dans les HLM et dans les autres taudis à loyers immodérés, mais on la sent aussi dans les éclats Nord-Sud, dans les luttes qui se préparent pour l’eau, l’essence (ce beau mot à connotation philosophique), le besoin de respirer pour vivre dans une population mondiale gagnée par l’asthme de la précarité et l’incertitude du lendemain.
De ces facteurs accumulés, l’Europe à l’emphysème. Elle est au bord de l’éclatement, du besoin d’un peu d’air, de fraîcheur, d’amour enfin, et de chaleur humaine pour ceux qui la font vraiment et qui n’apparaissent pas aux tribunes.
Que peut-on faire vraiment ?
A notre niveau rien ou dresser des échafauds pour que des têtes tombent.
On a enterré trop vite 1793, la tête de Louis XVI tendue à la foule et le sang ruisselant. Sanson mettant son chapeau sur la malle d’osier après que le monarque sans tête y eût été déposé par les aides. Puis ce fut le départ vers la chaux vive et le cimetière de la Madeleine.
Relisez donc Victor Hugo, illustres charognards, et tremblez !...

21 juin 2012

Est-ce bête !

On devrait ne pas avoir honte de relire ses classiques.
C’est ainsi qu’on apprendrait – à la suite du blog d’hier sur le travail « dégradant » - pourquoi la plupart des gens s’en contentent et même s’en font une gloire, par la seule lecture d’un passage de « L’anneau d’Améthyste » d’Anatole France.
Je ne résiste pas au plaisir de le reproduire ci-dessous.
« Madame Bergeret tira de ce travail quelque avantage moral.
Le labeur est bon à l’homme. Il le distrait de sa propre vie, il le détourne de la vue effrayante de lui-même ; il l’empêche de regarder cet autre qui est lui et qui lui rend la solitude horrible.
Il est un souverain remède à l’éthique et à l’esthétique. Le travail a ceci d’excellent encore qu’il amuse notre vanité, trompe notre impuissance et nous communique l’espoir d’un bon événement. Nous nous flattons d’entreprendre par lui sur les destins.
Ne concevant pas les rapports nécessaires qui rattachent notre propre effort à la mécanique universelle, il nous semble que cet effort est dirigé en notre faveur contre le reste de la machine.
Le travail nous donne l’illusion de la volonté, de la force et de l’indépendance. Il nous divinise à nos propres yeux. Il fait de nous, au regard de nous-mêmes, des héros, des génies, des démons, des démiurges, des dieux, le Dieu. Et dans le fait on n’a jamais conçu dieu qu’en tant qu’ouvrier. »
C’est toute la science de nos suborneurs enrichis et de nos politiciens canailles de nous confondre à madame Bergeret.
Ainsi, ils assimilent ce qu’ils font au travail que nous faisons, alors qu’il est d’une toute autre nature.
Depuis que le pays est entré en récession, ils se comparent à nous et voudraient que nous les croyions lorsqu’ils nous disent que leurs souffrances sont égales, sinon supérieures aux nôtres.
Et c’est réussi. Nous les croyons et nous sommes honorés qu’ils souffrent aussi à nos côtés, alors que leurs moyens pourraient aisément les en dispenser. Ce qu’ils font tous en cachette de nous, évidemment.

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Revenons à notre cher Anatole. Il va devant vous et devant nos économistes d’Etat remettre les laborieux calculs sur la dette et les remboursements à leurs justes niveaux.
« …tant que l’Etat se contente des ressources que lui fournissent les pauvres, tant qu’il a assez des subsides que lui assurent, avec une régularité mécanique, ceux qui travaillent de leurs mains, il vit heureux, tranquille, honoré. Les économistes et les financiers se plaisent à reconnaître sa probité. Mais dès que ce malheureux Etat, pressé par le besoin, fait mine de demander de l’argent à ceux qui en ont, et de tirer des riches quelque faible contribution, on lui fait sentir qu’il commet un odieux attentat, viole tous les droits, manque de respect à la chose sacrée, détruit le commerce et l’industrie, et écrase les pauvres en touchant aux riches.
On ne lui cache pas qu’il se déshonore. Et il tombe sous le mépris sincère des bons citoyens. Cependant la ruine vient lentement et sûrement. L’Etat touche à la rente. Il est perdu.
Nos ministres se moquent de nous en parlant de péril clérical ou de péril socialiste. Il n’y a qu’un péril, le péril financier ». (L’orme du Mail)
Pourquoi sommes-nous tous, sitôt avec trois sous devant nous, prêts à gober toutes les mouches et dévorer nos propres enfants, pour conserver ces misères qui deviennent notre misère ?
C’est Octave Mirbeau qui conclut par un texte que l’on trouve dans « Le journal d’une femme de chambre ».
« L’adoration du million !... C’est un sentiment bas, commun non seulement aux bourgeois, mais à la plupart d’entre nous, les petits, les humbles, les sans le sou de ce monde.
Et moi-même, avec mes allures en-dehors, mes menaces de tout casser, je n’y échappe point… Moi que la richesse opprime, moi qui lui dois les douleurs de mes vices, mes haines, les plus amères d’entre mes humiliations, et mes rêves impossibles et le tourment à jamais de ma vie, eh bien, dès que je me trouve en présence d’un riche, je ne puis m’empêcher de le regarder comme un être exceptionnel et beau, comme une espèce de divinité merveilleuse, et, malgré moi, par-delà ma volonté et ma raison, je sens monter du plus profond de moi-même, vers ce riche, le plus souvent imbécile et meurtrier, comme un encens d’admiration… Est-ce bête ?... Et pourquoi ?... pourquoi ? ».
Voilà, vous et moi avons fait le tour.
Avec ces trois extraits, vous savez tout sur vous-même et sur moi. Vous êtes parfaitement au courant des mesures que prendront Elio Di Rupo et le gouvernement, en même temps vous croirez qu’ils agissent pour notre bien à tous et vous les applaudirez, vous ferez des sacrifices pour le bien de l’Etat et pour l’entreprise qui vous occupe. Vous aurez le sentiment de travailler pour vos enfants et d’être un bon patriote.
Est-ce bête !...

20 juin 2012

L’université se réveille ?

Enfin une étude intéressante dont ferait bien de s’inspirer les ineffables Maroy et Gadisseux, comme Domino de mon-moulin-à-paroles, pour un dimanche un peu plus relevé que les autres.
C’est Le Soir qui la mentionne et qui, par conséquent, remonte dans mon estime.
« Un Belge sur sept a un job « indécent »
Ce n’est évidemment pas un scoop, puisque presque tout le monde, à part quelques énergumènes du MR, est au courant ; mais, ça fait tout de même plaisir que ce scandale permanent soit enfin dénoncé par des gens qui ont l’oreille de nos dirigeants.
On a toujours une certaine tendresse pour ceux qui disent quelque chose de sensé. Pourtant, la première surprise vient du rapport de 1 à 7 de nos chercheurs. Par quel calcul et quel sondage est-on arrivé à déterminer ce rapport ? On nous dit bien que l'étude, qui se greffe à un projet européen, porte sur 4.000 Belges. Le tout est de savoir comment on les a sélectionnés, sur quels critères et quelles sont les questions qui leur ont été posées ?
Si j’écris cela, c’est que je lis des rapports qui ont trait à la « mauvaise vie » impartie aux travailleurs de notre temps, par des philosophes, des économistes et certains journalistes qui travaillent plutôt pour Marianne et Libération que pour RTL, bien avant la « découverte » des chercheurs actuels de nos universités. J’ai l’impression – mais ce n’est qu’une impression – que le rapport de 1 à 7 devrait être plus élevé.
Enfin, ne chipotons pas. Même si c’est enfoncer une porte ouverte, c’est bel et bien dans le Soir qu’on a pu lire : « Une équipe d'universitaires belges vient de publier une enquête approfondie sur les conditions de travail dans le pays. L'étude ne stigmatise pas des métiers, mais des conditions de travail dégradées dans certaines professions plus souvent que dans d'autres. »
Le Soir poursuit : « Selon les chercheurs, 14 % des Belges ont un emploi “indécent.” Il s'agit d'un travail qui cumule les critères négatifs : des tâches répétitives simples dans un environnement de travail risqué, pas de pouvoir de décision, pas d'autonomie d'exécution des tâches, des bas salaires, des opportunités de carrière nulles et des contrats à durée déterminée et à temps partiel. Il s'agit essentiellement d'employés et ouvriers de services aux particuliers et de la vente : réceptionnistes, coiffeurs, esthéticiennes, infirmières dispensant des soins rudimentaires, personnel des entreprises de nettoyage, caissières, etc. »
C’est un peu ce que je craignais, on a sélectionné parmi les professions celles qui sont dégradées et dégradantes parce qu’elles sautent aux yeux.
Devait-on ignorer toutes les autres et se demander ce que cache comme résignation et le sentiment d’une vie perdue, des situations apparemment épargnées ? Immédiatement viennent à l’esprit les enseignants, du secondaire surtout, et les employés de banque. Dans ce dernier domaine, il y a de plus en plus de personnels qui se désespèrent, à la merci d’une fusion restructurant, manipulant, dégradant les conditions de travail. Depuis 2008, les patrons y ont de moins en moins la cote.
Pour peu que vous connaissiez un employé de banque dit de « guichet », posez lui donc la question de l’intérêt de son travail, et vous serez surpris – s’il est sincère – de sa réponse.
Beaucoup d’enseignants également voient toute initiative interdite. Le programme imbécile élaboré par des cuistres du Ministère corsette les enseignants dans une routine produisant son content de cancres. Le climat est ravageur d’un moral au plus bas et rend le travail on ne peut plus pénible, vu l’environnement déjà fort hostile.
Ce qui est gênant dans cette étude, c’est que l’on n’aborde pas le problème du travail de manière générale. Il serait intéressant de faire le point sur sa philosophie et quel rapport il y a entre le sentiment d’une dégradation constante des conditions de travail et l’évolution du système économique. Par exemple, cette mise en compétition des rendements et des salaires entre le Sud réputé « pauvre » et le Nord réputé « riche ».
N’y a-t-il vraiment rien à dire du machiavélisme des grands managers qui délocalisent pour leur seul profit, dégradant ainsi des milliers d’emplois, rendant le travail pénible et mal payés ?

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Travailler en 2012 par rapport à travailler en 1900, le constat est sévère : les progrès scientifiques et mécaniques n’ont pas tellement profité à la population.
Les chercheurs du rapport ont oublié de tenir compte de la « résignation » généralement répandue.
Le temps libre, les vacances, les 40 heures ont été des facteurs qui ont dessillé les yeux. De moins en moins de gens coupent dans les bobards de la liberté par le travail, de l’émancipation des masses, etc.
Tous les êtres humains sont faits d’autonomie, d’autogestion de soi, chacun possède un don qu’il devrait pouvoir exploiter comme l’esthète riche qui a, par le pouvoir de l’argent, le droit d’exposer le sien en vitrine, en qualité d’œuvre d’art.
Le travailleur n’a pas la notoriété d’un Houellebecq qui gagne le Goncourt avec une merde sans nom copiée à 60 % dans WikiLeaks, « La carte et le territoire ».
Bannissons les discours tous faits, les grandes envolées. Osons enfin parler vrai. Ce sera déjà un merveilleux commencement.

19 juin 2012

Quand le four crématoire cuit de la brioche !

Le Front National, malgré un scrutin à deux tours défavorable aux petits partis, envoie deux des siens à l’Assemblée nationale.
Pour quoi y faire ?
Gilbert Collard est une grande gueule, mais il aura un temps de parole proportionné à l’importance de la représentation du Front au parlement. Il devra résumer sa glose. C'est dur pour un avocat ! La petite fille Le Pen a 22 ans et termine des études d’avocate. Entre la Fac et le parlement, il faudra choisir.
Ce que Marine Le Pen souhaite : passer pour l’alternative à droite après la défaite de l’UMP n’est pas prêt à se réaliser tout de suite. Il faudra revoir l’UMP après son congrès de novembre qui verra la bataille des chefs.
A moins de sombrer sous la coupe d’un nouveau leader interne, Sarkozy en était un, la droite française n’est pas prête à se donner aux Le Pen, malgré la bonne volonté d'une Nadine Morano, par exemple.
Il ne faut pas minoriser le succès de Marine Le Pen, même si elle n’est pas élue à Hénin-Beaumont. Mélanchon, un brillant orateur qui n’a pas su utiliser ses atouts auprès des électeurs, a été défait. Il aura difficile de s’en remettre. En tous cas, il n’est plus en mesure d’influencer le PS. Marine Le Pen peut s’enorgueillir de l’avoir battu.
Mais, d’un autre côté, Marine Le Pen qui se disait "antisystème" et "anticonformiste", est toute heureuse de résultats électoraux qui montrent qu’elle fait aussi partie du système.
Bien au-delà de ses électeurs traditionnels, le Front National semble moins représenter un vote d'adhésion à un programme radical, qui pénètre toutes les classes de la population, qu’un vote de ras-le-bol politiquement flou. Il fait tout de suite penser au Tea Party américain. Durant son voyage aux Etats-Unis en novembre 2011, Marine Le Pen avait espéré rencontrer le libertarien Ron Paul, L’inspirateur du Tea Party. Hélas ! pour elle, l’entrevue n’eut pas lieu.
Comme le Tea Party, le Front National est un mouvement qui se nourrit de multiples griefs, plutôt qu’un parti d’opposition faisant des propositions.
Il a besoin de l’UMP, voire d’une partie de l’UMP qui ferait dissidence et se jetterait dans le Front, pour exister.
Dans l’état actuel, même si le Front apparaît plus vivant que jamais, l’histoire de la politique en France est jalonnée du parcours de partis d’extrême-droite de la même espèce, qui finissent par disparaître tant ils ne reposaient que sur des noms de la droite, et sur des circonstances.
Le souci de l'indépendance nationale, l'insécurité économique, la réduction de la dette, l'immigration, le renouveau du patriotisme, le refus du rapprochement du pays avec les pays musulmans, le retour à la peine de mort, le sentiment d’insécurité, le retour du franc, des convictions anti-gays, le maintien d’un capitalisme « social » de façade accouplé bizarrement à une lutte contre l'assistanat, tour à tour exaltés et proclamés comme les axes du Front, puis atténués, voire passés au crible de référendums, comme la peine de mort, font des programmes du Front, un fourre-tout peu crédible qui, devrait faire réfléchir les électeurs sans être économistes, ni vaguement issus des sciences-politiques,

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Marine Le Pen a tiré les enseignements de la politique du parapluie menée par le Tea Party. Elle accueille le plus de personnes possibles sous une même appellation, crée un mouvement diffus plutôt que mettre en avant un parti avec un programme, en appelle aux "invisibles" plutôt qu'aux encartés, tient un cahier de doléances et forme un réseau autour de notions 'anti' - antiélitisme, anticonformisme, antisystème, après les élections, de l’anti Hollande et plus encore de l’anti Copé. Elle fait de l’œcuménisme une règle d’or de tous les électeurs antipartis qu’elle fédère.
Ses adhérents forment un échantillon représentatif de la population en général. De même, il n'y a pas un type d'électeur du FN. On ne vote pas forcément Marine Le Pen parce qu'on est souverainiste à tendance xénophobe, antieuropéen, catholique conservateur, poujadiste, qu'on a peur des Roms à la campagne et des musulmans en ville ; on vote contre quelque chose. C’est un vote négatif dont il s’agit majoritairement.
Il n’est pas dit que parvenant à coopté une partie de l’UMP, ses adhérents du Nord ne la quittent pas en masse ?
Jusqu’à présent, Marine Le Pen a été fort incapable de se faire rencontrer l’ensemble des électeurs du FN. Les militants que l’on voit dans les salles, sont ceux des anciennes listes de Le Pen, auxquels s’agrègent quelques nouveaux attirés pour les mêmes raisons que leurs prédécesseurs. La moyenne d’âge reste élevée, même si par l’effet de la propagande, le service d’ordre place en priorité les jeunes dans les premiers rangs. Aucun lien social ne s’est jamais créé. Autrement, cela se saurait.
C’est même tout l’enjeu et l’avenir du FN, avec l’entrée au parlement d’une Le Pen âgée de 22 ans. Avec quelques slogans propres à enthousiasmer la jeunesse, si Marine parvenait à « juvéniliser » son mouvement, et que cela coïnciderait avec la disparition de Jean-Marie, elle pourrait créer une menace bien réelle pour la démocratie, déjà si aléatoire et si fragile…

18 juin 2012

Un dimanche paisible.

RTL était en direct la semaine dernière. C’est au tour de Domino Demoulin d’être en différé.
A deux loustics près, ce sont les mêmes invités de part et d’autre. Dans ces conditions et puisqu’il n’y a vraiment qu’un quarteron de compétents pour onze millions d’habitants, le différé était absolument indispensable.
On dit que les deux chaînes se font concurrence et ne s’entendent sur rien. A voir comme ils s’emboîtent bien le dimanche, on nous raconte sûrement des bêtises.
Ça frotte un peu quand ils se concertent, afin de savoir ce qui retiendra leur attention.
- Si on faisait un truc sur les nominations de fonctionnaires ?
-Tu n’y penses pas ! Ce qui préoccupe les Belges, c’est la sécurité.
-Tu crois ?
-On le leur dit assez souvent.
-T’as pas peur qu’on leur fiche encore plus la trouille des Arabes ?
Au bout du compte, les deux directions tombent toujours d’accord.
-On se retéléphone pour le sujet prochain !
La différence, il faudra la chercher dans la nuance.
Maroy et Gadisseux : Sur la sécurité – Comment en est-on arrivé là ?
Domino : L’insécurité – Réflexion depuis le nombre de policiers.
Sécurité… insécurité, ils font la même chose, seuls les mots s’opposent.
La suite, c’est de la routine : répétition à RTL et générale à la RTBF.
Il faut des flics partout, mais il en manque. Le recrutement est ardu. Il est nécessaire de savoir lire et écrire. C’est un minimum. Eh bien ! il n’y en a que 10 % de retenus. C’est dire le niveau… etc.
Des militaires dans les rues, il en faut mais pas trop, aux points stratégiques et pour remplacer les gardiens de prison, en grève toutes les trois semaines.
…A moins d’équiper les militaires de menottes, de gaz paralysant, de matraques, alors ce ne sont plus des militaires, mais des policiers, ils constituent un danger permanent, puisqu’ils n’ont que leur mitraillette pour faire respecter la loi, sauf à la charger à blanc… oui, mais alors elle ne sert qu’à faire peur !
On voit les carnages en perspective !

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Personne n’en a fait mention, mais à la limite, c’est la nostalgie de la gendarmerie qui leur remonte à l’esprit, sans l’oser pouvoir dire.
Toutes ces énergies, tous ces discours, ces dépenses, à propos de quoi ?
Les statistiques vous le diront : la Belgique est un des quatre pays d’Europe le plus fliqué !
Bien au-dessus de la moyenne du nombre de policiers pour 100.000 habitants. Très loin devant les Pays-Bas, la France, la Suède, la Finlande,...
Que nos flics soient mal employés, compte-tenu de la frousse collective des gens, c’est probant. Les gens sont mal renseignés. Nos loustics de la haute leur foutent la trouille. Ça occupe la rue. Ainsi les badauds n’emmerdent pas le beau monde avec des questions sociales et économiques.
De temps en temps, ce programme divin retombe sur la gueule des Joëlle Milquet, femme d’Intérieur chez Elio et Annemie Turtelboom, Justice-woman, dans la même boîte.
Les quelques illuminés salafistes de Sharia4Belgium, après s’être illustrés à Molenbeek ont aidé à la vocation d’un cinglé venant spécialement de Paris pour occire des policiers.
C’est de cela qu’on discute finalement, au point de faire monter la crème au-dessus du pot.
Le taux de criminalité ne reflète que l'activité de la police. On ne peut jamais estimer de chiffres acceptables et d’autres qui le seraient moins, sur la criminalité. Les comparaisons internationales ne veulent rien dire.
Avec ces débats grotesques dont nos deux chaînes ont la spécialité, nos loustics ne voient pas ce qu’ils sont en train de fourrer dans le crâne des gens, à savoir que c’est depuis que l’islam a débarqué en force en Belgique, qu’on a des emmerdes, en n’oubliant pas le côté « hallucinant » du brassage mondial des populations, par les transports aériens et les voyages low cost.
Il pleut des low cost partout. Les guignols, favorables à l’Expo 17 à Liège, espèrent encore en attirer davantage.
C’est à qui aura son Khilafah décoré à domicile, son propriétaire de lamas ouzbek, son Falacha circoncis, et à celui qui parlera du Grand Mogol avec un Cantonnais. Personnellement, je m’en fous, mais quand Laurette dédaigne la bitte à Gustave, pour loucher sur celle d’une pointure du Haut-Karabagh, ça fait mal à l’égo du bouseux, d’Arlon à Schaerbeek.
Résultat là où il fallait un garde-champêtre et un cantonnier pour un gros bourg, avec dans les moments de tension deux gendarmes à cheval, il faut aujourd’hui des RoboCop’s dans les villes, des costauds munis d’un lanceur de balle de défense flash-ball modèle "super-pro", d’un lance-grenades fumigènes ou lacrymogènes "Cougar" et d’un pistolet à impulsion électronique (PIE) Taser X26.
Je ne sais pas si les musulmans y sont pour quelque chose, mais il y a quand même des socialistes internationalistes qui frisent le racisme complet, avec des demandes de moyens renforcés et d’effectifs accrus de la police.
Faudrait savoir !

17 juin 2012

On vote dimanche en Grèce

On peut se le demander en Belgique. Il y a une certaine similitude en politique avec la Grèce ! Si l’on excepte l’endettement et l’absence d’une politique fiscale cohérente en Grèce, nos responsables sont interchangeables avec les leurs.
"Après la dictature, une nouvelle nomenklatura s'est mise en place, à l'ombre de deux grandes figures paternalistes, Constantin Karamanlis à droite et Andréas Papandréou au Pasok », en Belgique, l’assassinat d’André Cools (1) est un jalon à partir duquel socialiste et libéraux francophones n’ont cessé de collaborer parfois à la Région, parfois à l’Etat, dans une gestion ultralibérale du pays.
"Il y avait des collaborations entre les cadres du Pasok et de ceux de Nouvelle Démocratie, notamment au niveau local pour gérer les mairies, les fonds européens et les syndicats ». On ne peut pas dire que les « écarts » idéologiques entre le MR au pouvoir et le parti socialiste, à son côté, conduisent au déchirement dans le gouvernement Di Rupo.
M. Sefertzis constate pour la Grèce : « Quand les différences idéologiques ont disparu, il n'est plus resté que la gestion des intérêts. Les années 2000 ont été celles du cynisme politique qui s'est appuyé sur l'enrichissement des classes moyennes, qui se servaient du pouvoir pour assurer leur ascension sociale. Elles sont aujourd'hui touchées par la crise et le système des deux partis s'effondre." Richard III adopte le même point de vue pour la Belgique, sauf que les classes moyennes y sont représentées par les membres des partis politiques enrichis, certains mêmes se sont enrichis illégalement sans trop encourir la rigueur des lois. Une autre différence est la mise sous condition de l’effondrement de la Belgique dont le sort est lié à l’ascension de la NV-A de Bart De Wever, tandis que les Grecs n’ont pas à craindre l’unité du pays.
Le politologue grec George Sefertzis de poursuivre : « La vie des deux partis a été traversée par de nombreux scandales financiers, qui ont d'autant plus choqué qu'ils sont restés impunis, les hommes politiques s'étant construit un solide régime d'immunité. La chute de l'ancien ministre de la défense socialiste Akis Tsohatzopoulos, en détention provisoire depuis deux mois pour blanchiment d'argent, n'en est que plus spectaculaire. »
Plus sévère que la belge, la justice grecque a quand même réussi à mettre un de ses loustics en chef à l’ombre. Il faudra se lever tôt le matin pour voir ça en Belgique. De mémoire d’homme, aucun de nos filous de haut niveau n’a jamais vécu une journée en prison !
Enfin les Grecs savent de quoi ils parlent quand ils pensent que le signe le plus visible de la dégénérescence du système politique grec est le népotisme.

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En Belgique, les bonnes planques et les situations « intéressantes » sont trustées par des familles entières qui se passent le relais avec une grande ponctualité. Le cirque a connu les Fratellini, le pouvoir politique belge a les Michel, les Wathelet, les Onkelinx, les Mathot. C’est même un des rares points communs qui subsistent entre les partis flamands et les partis wallons.
Pour le plaisir, Sefertzis nous retrace les parcours. C’est presque un cours de généalogie.
« A gauche, Georges Papandréou est le petit-fils et le fils des anciens premiers ministres Georges et Andréas Papandréou. Son prédécesseur était Costas Karamanlis, le neveu du fondateur de Nouvelle Démocratie, Constantin, premier ministre à la chute du régime des colonels. L'aile modérée du parti de droite est dominée par la famille Mitsotakis. Constantin Mitsotakis, ex-premier ministre, a un fils député et une fille, Dora Bakoyannis, qui a été ministre des affaires étrangères. Elle vient de réintégrer ND, après en avoir été exclue quand elle avait voté en faveur du mémorandum de mai 2010, à l'époque où Antonis Samaras, le président de Nouvelle Démocratie, y était opposé, il s'est ravisé depuis. M. Samaras appartient lui aussi à une vieille famille politique. »
On souhaiterait qu’un Pascal Delwit (ULB) ait un peu de courage politique pour nous dresser de ces arbres généalogiques de politiciens belges qui, sans remonter aux croisades, nous sucent la moelle des os depuis tantôt cent ans !
Les « p’tits gars des bureaux» aux créneaux repoussent les candidatures comme on repousse les échelles d’assaut d’un château fort. Les dernières engueulades belges opposent deux ministres, chacun voulant faire nommer son poulain.
Alors, on aurait tort en Belgique de se faire une santé par comparaison à la pétaudière grecque.
Les personnels politiques se valent. Reste à savoir s’il y a autant d’avocats en Grèce à gueuletonner sur les fonds public, qu’en Belgique ?
On peut même dire que, malgré la situation financière plus grave que la nôtre, la démocratie grecque est plus vivante. Elle pourrait encore nous étonner.
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1. On n’a pas encore trouvé les véritables commanditaires de cet assassinat. Le présumé coupable, Alain Van der Biest s’est suicidé, il y a dix ans. Il est mort avant son procès, ayant toujours clamé son innocence.

16 juin 2012

Devant et derrière les barreaux.

Mauvaise semaine pour Sarkozy, même si c’est Hollande qui tient la vedette avec le reproche des Français à sa compagne Valérie, en crise publique de jalousie.
Non pas à cause des révélations sur Canal+ (1), mais du fait que l’ancien président redevient un justiciable, un mois après son départ de la présidence et la passation de pouvoir. Le vendredi 15 juin sonne la fin de son immunité présidentielle.
Sarkozy traîne quatre casseroles derrière son carrosse. La ficelle qui les y relie sera difficile à couper.
L’affaire Woerth-Bettencourt est la première qui vient à l’esprit et celle où, probablement, il est le plus vulnérable.
Tragédie de Racine, l’affaire est à tiroirs ! Surtout tiroir-caisse, la première fortune de France aurait financé la campagne présidentielle de 2007. Les juges bordelais en charge de l'affaire ne manqueront pas de convoquer l’ancien président.
Patrice de Maistre, l'ex-conseiller financier de Liliane Bettencourt est incarcéré depuis le 23 mars. Eric Woerth, trésorier et le candidat Sarkozy ont été accusés d'avoir touché des enveloppes d'argent liquide.
L’empereur déchu risque un an de prison.
L’affaire Kadhafi est fondée sur des soupçons de financement illégal (encore !) de la campagne de 2007, aucune enquête officielle n'est actuellement en cours. Mediapart mentionne un "accord de principe" conclu en 2006 avec Tripoli, pour un montant de 50 millions d'euros.
L’affaire Karachi porte sur un financement occulte, mais il s’agit de la campagne présidentielle d'Edouard Balladur, en 1995. Par un système complexe de rétro commissions dans le cadre de contrats d'armement, révélés par l'attentat de Karachi (Pakistan) le 8 mai 2002, alors que Nicolas Sarkozy était ministre du Budget et porte-parole de campagne de Balladur. Outre Balladur et Sarkozy, les milieux judiciaires citent encore François Léotard, ministre de la Défense de l’époque. La déclassification de certains documents du « secret défense », promise par Hollande, pourrait faire évoluer le dossier.
L’affaire des « sondages de l’Elysée », la présidence est soupçonnée d'avoir commandé une pléthore d'études d'opinion à des sociétés dont les dirigeants sont des proches du chef de l'Etat sans être passé par un appel d'offre public. 264 sondages pour un montant de 6,35 millions d'euros ont été commandés par la présidence de la République entre juin 2007 et juillet 2009.
Le délit de favoritisme est puni de deux ans d'emprisonnement et de 30.000 euros d'amende. Il reste à prouver la responsabilité du président dans cette affaire, comme dans toutes les autres.
Enfin une petite dernière et révélée récemment par Mediapart, l’appartement acheté par le président Sarkozy sur l’Île de la Jatte, de 216 m² en duplex, dans un quartier bourgeois de Neuilly-sur-Seine. Le président, ex-maire de Neuilly, aurait contracté plusieurs emprunts, dont un de 3 millions de FF auprès de l’Assemblée nationale (2% pendant cinq ans, puis 0%). Le hic, c’est que Mediapart a obtenu confirmation auprès de l'Assemblée nationale qu’un député ne pouvait emprunter plus de 196.000 euros (soit 1,183 million de francs). Question : où l'ancien président a-t-il trouvé les sous manquants ?
L’affaire avait été classée sans suite par Philippe Courroye dont on sait les liens avec Sarkozy. Va-t-elle être rouverte ?
C’est une affaire à suivre.

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Sarkozy ne passera pas une retraite tranquille. Heureusement, avocat lui-même et ayant des parts dans un cabinet d’affaires, les différentes procédures ne lui coûteront pas ce qu’Anne Sinclair a déboursé, pour payer les avocats de DSK.
Comme quoi, ces gens qui ont élevé au rang de science, l’art de la parole pour ne rien dire, et qu’une grosse partie des électeurs admire béatement, vont devoir quand même trouver d’autres arguments que la langue de bois, tant il va y avoir, dans les mois à venir, du beau linge dans le box des accusés et à la barre des témoins.
A moins que la frivolité française, en ce imitée par la frivolité belge sur les mêmes séquences d’oubli, ne préfère l’histoire des petites gâteries et des colères jalouses de Trierweiler, à la sainte colère du peuple.
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1. Marie-Célie Guillaume, directrice de cabinet de Patrick Devedjian, était l'invitée de Michel Denisot pour son livre « Le monarque, son fils, son fief » qui est sorti le 14 juin aux Editions du Moment. Elle raconte un moment du quinquennat où Nicolas Sarkozy aurait demandé et obtenu une "gâterie" d'une élue UMP locale.

15 juin 2012

Tourner casaque ?

C’est le 22 novembre prochain qu’on saura de Liège ou Astana, la capitale kazakhe, qui fera l’exposition internationale en 2017.
Il semble que depuis l’idée émise par le bourgmestre d’une candidature de Liège, les enthousiasmés professionnels soient victimes des troubles bipolaires d’exaltation et d’abattement, suivant l’état d’avancement du dossier « Liège Expo 17 ».
La phase actuelle est ascendante. C’est parce qu’ils n’ont pas encore vu des images de la magnifique ville kazakhe !
Di Rupo qui doit se faire pardonner la deuxième gare Calatrava, copiée sur Liège qui ravagera bientôt les environs de la gare de Mons, n’a pas de mots assez forts pour qualifier l’entreprise.
"Tout le pays est derrière cette candidature. Cette dimension nationale va bien au-delà des sphères politiques et diplomatiques". La rage des illustres à parler au nom de tout le monde, n’a d’égale que la fermeté de ceux qui prétendent ne pas partager leur point de vue et qui souhaiteraient que nos élites ne les confondissent pas.
En effet, comment ose-t-on proposer une ville comme Liège à faire une exposition, alors qu’elle n’a aucun moyen de transport, cohérent et moderne, comme le métro ou le tramway ?
Que depuis Destenay et la clique libérale de bétonneur, Liège n’a aucune unité d’ensemble et a perdu tout caractère. Au centre ville on a massacré de magnifiques demeures pour élever des clapiers verticaux qui coûtent la peau des fesses aux imprudents qui se résignent à y habiter. Place Saint-Paul, on a osé construire un ascenseur en béton brut sur le cloître, que des imbéciles trouvent réussi ! La poignée des derniers commerçants qui survit à l’hécatombe, déménage de galerie en galerie, si bien que celles qu’elle abandonne deviennent des dépotoirs.
Bref cette ville a perdu tout son charme de la faute de ses « personnalités » et du business des entrepreneurs marrons.
On n’ose imaginer la manière dont les visiteurs rejoindront Coronmeuse depuis des hôtels qu’il faudra bien appeler à la rescousse des hauteurs de la Ville ? (1)
Le thème de la candidature, "Connecter le monde, relier les gens et mieux vivre ensemble", est particulièrement mal choisi, alors que l’on est revenu de la mondialisation et de l’enfantillage de croire que les cultures mélangées se confortent les unes, les autres, dans un mélange harmonieux. Non seulement la mondialisation est une catastrophe, mais encore le mélange des cultures n’apporte qu’un abaissement général des niveaux, comme l’enseignement en Région liégeoise, en témoignent.
On a même vu des publicités racoleuses pour nos examinateurs, sur lesquelles des patrons de night shop, sorti du diable Vauvert et bien incapables de faire l’historique de la ville, nous vantent l’internationalisme accueillant de celle-ci !
Les nouvelles technologies joueront, selon Di Rupo, un rôle déterminant pour l'avenir de la planète. On peut être d’accord sur le progrès scientifique à la dimension de la planète. Pour Liège et sa région, c’est une autre musique. Quand on a une politique comme Di Rupo en développe une en Belgique, il ferait mieux d’y regarder à deux fois, puisque les nouvelles technologies sont rarement « made in Belgium ». On a laissé partir tout un réseau industriel vers des pays à bas coûts salariaux, si bien que nous sommes le bec dans l’eau avec notre politique des services. L’exposition permettra juste de se faire une idée de ce que les autres font qui nous sera nécessaire dans les années 2020, quand nous en serons à essuyer le cul des émirs faisant à Liège le tour du propriétaire !
Ce qui est déplaisant dans le style « garçon de café obséquieux » que nos enthousiasmés ont tenté de communiquer à leurs examinateurs, c’est l’entretien de la légende du Liégeois grande gueule, mais convivial, dans une ville « où on fait la fête ». Bref, tous des Tchantchès qui n’attendent que l’arrivée en masse des étrangers, pour se réjouir de la façon conviviale avec laquelle nos visiteurs enfileront les Nanesses, sur les bords des comptoirs à péket.

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Willy Demeyer, bourgmestre de Liège, et chef des enthousiasmés, n’était pas né à l’Expo 39 de Liège sur le thème de l’eau. Il existe toute une littérature locale sur le sujet. Ce fut un fiasco complet, avec la guerre de 40 en prime, alors que le site, à peu près le même que celui qui sera celui de l’Expo de 17, était encore vierge de toutes les abominations qui ont été construites, à commencer par Droixhe et ses buildings de zonards, les bâtiments du genre hangars délabrés construits derrière l’ancienne centrale de Bressoux sur la rive droite de la Meuse, tandis qu’en face, tout est à démolir et à refaire à partir du Pont Atlas, sans oublier de raser les halles d’exposition.
Sûrs de la victoire, nos enthousiasmés ont nommé Jean-Christophe Peterkenne, directeur général de Liège Expo 2017. C’est le fils de Jean-Marie, connu pour le festival de jazz de Comblain-la-Tour, festival qu’on avait laissé tomber comme une vieille merde, alors qu’il ne coûtait presque rien. Si on fait la même chose du projet actuel, voilà un fils de… qui pourrait être déçu.
Notez que ce serait la meilleure solution. Ah ! pourvu que ce soit Astana qui gagne et qu’avec l’argent économisé nous puissions panser toutes nos plaies, à commencer par remplir l’espace Tivoli d’une place Saint-Lambert, qu’il a fallu tantôt un demi siècle pour sortir des tas de ferrailles et des trous, et reconstruire à la Sauvenière, le théâtre dialectal qui manque au centre ville !
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1. La ville de Prague a un métro qui plonge sous la Vltava, rivière comparable à la Meuse. Il paraît qu'à Liège cette solution est impossible !

14 juin 2012

Ségolène, Rochelaise d’un jour ?

Cette fois encore, le microcosme français a débordé carrément du cosmique au cosmétique régional.
A propos d’une affaire grave comme la recherche du pain quotidien ?
Non, vous n’y êtes pas. A propos d’une affaire qui depuis DSK, et même bien avant, depuis Félix Faure, Philippe d’Orléans, régent de France, et peut-être du temps de Brantôme, a émoustillé les esprits et galvanisé les énergies, une rivalité de femmes !
En deux mots, comme en cent, « La première dame de France a manifesté son soutien via Twitter à Olivier Falorni, candidat PS en Charente-Maritime opposé à Ségolène Royal, soutenue, elle, par François Hollande. »
On ne peut mieux résumer « le drame », à moins que ce ne soit le vaudeville, qui préoccupe tous les Français.
Voilà qui en dit long sur l’intérêt prioritaire et comme les économistes et les équilibristes du bien dire pour ne rien dire doivent se sentir dépassés par l’événement.
Nul doute que dans un pays – pas que la France – où la tradition veut que la merde soit toujours dans un bas de soie parfumé, on en est resté sidéré depuis le fameux Twitter.
Et pour lors, c’est une faute politique, puisqu’elle fait découvrir une faille dans le parfait assemblage d’un PS entourant un président « normal ».
On ne comprend pas ce qui a poussé madame Valérie Trierweiler à mettre en difficulté son compagnon ? Sinon la jalousie ou la honte de lâcher un homme qui a soutenu François Hollande quand il était brocardé par la moitié des dirigeants du PS et suspecté de mollesse par l’autre moitié.
Peut-être aussi la sous-estimation du rôle de la compagne d’un président de la République, quand on sait que tout est flou dans ce rôle informel et sans statut.
Je crois bien que je n’aurais pas écrit une ligne sur le sujet, s’il n’y avait, sous-jacent, un problème qu’on évoquera peut-être pour l’occasion.
C’est celui du parachutage d’un VIP dans une circonscription où le postulant local a fait du bon travail et est bien implanté.
La direction du Ps a la riposte toute prête. Un député est l’élu de la Nation. Il ne représente pas une Région, mais l’ensemble des Français.
C’est un raisonnement trop facile et qui ne tient pas compte d’une popularité locale pour faire la part belle à une popularité nationale. Les gens ont aussi la faiblesse de croire qu’un élu local peut plus de bien pour ceux qu’ils représentent, qu’une parachutée de Paris.
Dans la version autoritaire, un personnage connu nationalement a une sorte de ticket pour squatter la Région qu’il veut. On a vu, même si ça s’est mieux passé à l’UMP, Fillon être parachuté à Paris sans demander l’avis de Rachida Dati. La réaction de celle-ci fut violente, et puis, sans doute Copé lui a-t-il promis des « compensations », puisqu’elle s’est inclinée.

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Ségolène Royal à la Rochelle, malgré les pressions d’en-haut, l’exclusion même du PS de son adversaire, n’est pas du tout assurée de l’emporter. On la dit même battue.
Cette défaite, on ne finira pas de sitôt d’en parler, et pas que les Rochelais.
En Belgique, les mauvaises manières des « bras-longs » des partis ne sont pas meilleures. Reynders, Onkelinx et d’autres se sont établis dans des Communes dans l’intention de reprendre sans se préoccuper des mandataires locaux, des emplois qui rapportent.
Je ne pense pas que Valérie Trierweiler ait voulu jouer à la justicière, mais quand même, vu sous cet angle, sa prise de position est troublante.
Comme l’affaire n’est pas close, déjà les ténors du PS ont fait entendre leurs remontrances vis-à-vis de la compagne du « chef ».
Quoique sans consigne officielle, on peut se douter que l’UMP avec à sa tête Raffarin qui a un os à peler avec Madame Royal, fera en sous-main tout ce qu’il faut pour que les électeurs de l’UMP aillent voter Olivier Falorni, pour faire perdre l’ex de François.
Ce sera donc un dissident, exclu du PS qui risque de l’emporter avec les voix de l’UMP et celle de ses partisans !
Et dire que l’on en avait assez des tribulations amoureuses du Président Sarkozy avec ses deux femmes, Cécilia et Carla, échelonnées sur un seul quinquennat ! Avec celui-ci, en voilà deux à la suite, et il n’est élu que d’un mois !

13 juin 2012

Au trou les glorieux !

On n’y est pour rien dans leur connerie ! Notre seule erreur, c’est de les avoir élus !
Parce qu’ils ont tout faux, ces nases ! Voyez dans quel pétrin ils nous ont mis !
L'université dans ce qu’elle a de plus artificiel, connaissance du droit, de l’administration, du marketing et de la statistique a pris le pas sur la création, sur l’inventivité et la recherche qui demandent de la réflexion et de la lenteur, pour une création de richesse parfois aléatoire, mais jamais décevante dans l’intérêt des tentatives.
Pourquoi tant d’avocats d’affaires, tant de députés diplômés des sciences économiques ? Parce que nous avons perdu notre curiosité intellectuelle au profit du fric à se faire facile. La rentabilité immédiate, voilà les maîtres mots !
Les paradis fiscaux trouvent dans les coulisses du pouvoir politique, les terrains propices aux voyages de confort pour la Suisse et les Îles Caïmans.
Vous ne croyez tout de même pas que Di Rupo, Reynders et compagnie sont des philanthropes ? Leur job, c’est de transformer leurs ratés en triomphes ! De nous en mettre plein la vue, puis de surgir, prioritaires au tiroir-caisse.
Chaque semaine apporte son lot de ratés dans le people politique, mais toujours suivi d’un rattrapage quand il y a prescription ou quand la procédure s’embrouille dans les filets d’un avocat spécialisé.
C’est le cas ces derniers jours de Karel De Gucht dont les journaux rapportent qu’il a fraudé le fisc à hauteur d’1,2 millions d’€. On se souvient qu’il avait déjà été question de lui à propos de sa belle-mère pour un délit d’initié qui ne fut pas prouvé, lors du naufrage des banques.
Le monde journalistique ne se trouve pas chez des inconnus parmi les universitaires qui ont réussi. Le compagnonnage les met en valeur. Comme jadis le baron médiéval s’honorait du cousinage d’un comte ou d’un marquis.
Les dialogues entre gens de « bonne compagnie » sont rarement interrompus sur les écrans de tété, par des ouvriers, des ingénieurs et des patrons de PME. Lorsqu’il y en a un, sorti tout droit de la « vraie vie », on a soin de le choisir comme représentatif type de ce qui n’existe pas, ou de façon extrême, de sorte que le spectateur trouve l’intrus inapproprié à côté des propos généralement convenus. Parfois, on n’hésite pas à exhiber un malheureux effaré de ce qui lui arrive, communiquant maladroit face à ces sommités de l’enculage des mouches, du moment que cela est « correct » et bien présenté.
Ce monde feutré dans lequel s’ébattent les professionnels du bien dire et les professionnels du bien rapporté, même si, ni plus ni moins que les catégories en-dessous, ces gens trébuchent aussi sur la faute d’orthographe, ce monde écrivais-je ignore les sujets dont ils parlent. Ils ne pourront jamais en connaître autant que ceux qui les vivent. La plupart des huiles n’y connaissent que dalle. Le travailleur attelé à des tâches ingrates et peu valorisantes ne les intéresse pas ! Pour un peu, ils justifieraient dans leur logique bourgeoise, le sort malheureux qui accable le gros des Belges !

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Le plus cruel est encore de s’apercevoir que les beaux discours, les comptes-rendus magnifiques, la somme incroyable d’intelligences cumulées au service de l’Etat, n’ont produit que des déficits, des abandons de production, des délocalisations regrettables, un chômage croissant et une haine sourde entre les Communautés.
Les beaux discours des hommes remarquables n’ont abouti qu’à ça… un échec, un fiasco innommable.
Notre déficit n’est tel que parce que nos glorieux creusent notre trou, puisque l’économie « incomparable » qu’ils nous imposent achète ce que d'autres fabriquent et vendent ! Sujet qui n'a pas été abordé par eux. Ce ne sont pas les économistes qui font la richesse même s'ils donnent des orientations, mais l'industrie, et c'est le point fort de l'Allemagne. Avec notre « avenir » tourné vers les services, nous n’avons pas encore tout vu
Ces merveilleux économistes libéraux ne manquent pourtant pas de compétence. Sans doute leur manque-t-il cette intelligence fine teintée d’humanisme qu’on ne leur a pas apprise à l’école et que toute la multitude dédaignée possède, sans avoir jamais mis les pieds dans leurs universités. Les cons ne sont pas ceux qu’on pense !...

12 juin 2012

Érosion en Doudoucratie ?

Le Soir s’interroge naïvement sur l’essoufflement des partis francophones.
Bien sûr, les observations des sondeurs seront recueillies et commentées par des « experts ». Une sorte de justificatif en sortira qui expliquera l’usure, par l’effet de la crise.
Une autre explication passera inaperçue, par l’aveuglement entre complices, Médias et VIP, qui ont envie d’entendre leur musique, celle de la droite : « il n’y a pas d’alternative à la dette » !
Afin de se rassurer, les médias n’envoient devant les auditeurs que des personnes « sûres » de l’establishment politique et financier. On est loin de proposer au public une émission comme « C dans l’air » sur France 5, dans laquelle, au lieu des bonzes des partis, et des experts enturbannés des grands Mamamouchis, s’expriment des gens cultivés, compétents et assez peu, si pas du tout, pendus aux basques des dirigeants de parti.
Chez Socrate et Sacrote, ce dimanche à la RTBF et chez Dominique Demoulin, sur RTL, nos artistes s’étaient attelés au même programme, comme d’habit. : le bilan des premiers mois du gouvernement Di Rupo !
Vraiment, c’était quelque chose !
Di Rupo, dans les gazettes, sur les radios, avait donné le « la ». Bon, très bon début ! C’était comme si on demandait à un chef de claques ce qu’il pense de la pièce.
Tous les partis francophones étant dans la coalition, si l’on en excepte les Verts (qui ont promis d’être sages) et le FDF, c’est un concert unanime sur le « Kolossal » de l’entreprise BHV. Il faut dire que voilà 50 ans qu’on nous les casse en haut-lieu. Les insurgés francophones d’hier sont devenus les chauds partisans de la scission. Or, les données n’ont pas changé. Mieux, les Flamands se demandent s’ils n’ont pas commis une erreur ?
On s’enfonce ainsi dans le grotesque de la Doudoucratie, sans s’être aperçu que Bart De Wever délaisse le communautaire, quitte à y revenir quand l’usine à gaz de BHV pètera un tuyau. La NV-A s’aligne sur les préoccupations d’emplois et de gros sous, afin d’attiser la rancœur viscérale des Flamands. La croix à porter est le système fédéral. « Nourrir » les Wallons paresseux des fruits de leur travail, Bart en suffoque d’indignation !
On dirait du Marine Le Pen !
C’est gros, c’est un remake électoral, c’est partiellement faux, mais ça marche ! On s’en apercevra aux Communales.
Autrement dit, De Wever s’est saisi de la crise économique pour nous en attribuer les méfaits, sur le temps que nos élites bivouaquent sur la réussite communautaire qui n’intéresse plus personne.

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Pourquoi est-on si réticent, en Wallonie, à chercher les raisons qui font l’électorat si maussade et si peu « reconnaissant » de la Doudoucratie ?
La coalition gouvernementale empêche toute initiative dans la mise à jour des rapports entre le capital et la politique. L’aile libérale du gouvernement jurent qu’il faut tout libéraliser pour que cela marche mieux, quitte à faire comme pour les banques, amortir les pertes de l’argent public.
Or, c’est le contraire qu’il faut faire, tant il est de plus en plus vrai que le libéralisme à la Thatcher finira par engloutir dans une mondialisation sauvage toutes les valeurs humaines et sociales qui justifient de vivre ensemble.
Comme la Doudoucratie de Di Rupo est à mi-chemin entre le libéralisme imbécile et le thatchérisme délirant, son parti est en train de vider de son sens le socialisme humaniste des petites sections fait d’ouvriers et d’employés modestes, laissant dans les mains des Grands responsables l’initiative débouchant sur l’impasse sociale actuelle.
On pouvait penser, au début de son mandat, que Di Rupo tiendrait un discours au diapason de celui de la FGTB. C’est le contraire qui se produit. Le maestro de Mons a même tancé vertement Thierry Bodson, hier encore, sur les « dérives » d’un syndicalisme trop revendicatif.
Les Médias francophones n’ont jamais joué un rôle critique. Sous l’autorité de leurs bailleurs de fonds, propriétaires de leur conscience avec le fonds de commerce, ils ne font plus correctement leur métier.
Ils ont tremblé de peur avec l’élite francophone à la possibilité de la fin de l’Etat belge. Ils ne s’en sont pas encore remis. Ils vont recommencer bientôt à l’avènement de Philippe, qui n’est pas bien perçu par les mégalomanes de la NV-A. Cela les empêche de voir qu’on va peut-être sauter sur une autre mine, celle de l’effondrement du système économique européen.
Ils croient que la Doudoucratie est dans le bon quand Elio fait des misères aux chômeurs, chipotent sur les salaires et oublie d’établir une fiscalité du capital, identique à celle du travail.
Moroses les gens ? Mettez-vous à leur place !

11 juin 2012

DSK, Moscovici et Aubry…

Quelle chose étrange de se croire « l’élu » pour « faire » président de la République !
Dès l’enfance, comme Clinton présenté à Kennedy, comme Hollande...
-Que veux-tu faire, petit ?
-Président de la République !
Comment se détache-t-on du gros de la troupe, pour embrasser pareil destin avec la conviction d’être « appelé » !
Dans les moments de grand scepticisme, entendre des voix, comme dans la forêt de Domrémy-la-Pucelle, et être secrétaire du parti socialiste français !
Passons sur le cas Hollande, quoique la question n’en demeure pas moins pertinente, pour revoir le destin présidentiable de DSK, un autre inspiré, mais qui le voulait moins… ceci à la faveur du livre de Bacqué et Chemin, d’actualité.

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Lui, au moins, n’entendait que les voix des sirènes de la rue Saint-Denis et du Bois de Boulogne, au point d’aller de Charybde en Silla, croyant toucher à la berge de la verte Carte du Tendre, en éjaculant sur le col de chemise d’une femme de chambre.
Au PS, personne n’ignorait la personnalité de DSK, son « faste » largement pourvu par la fortune d’Anne Sinclair, au point que cette dernière est une énigme dans l’énigme. Et surtout, son goût effréné du sexe, avec ce côté provocateur, qui tourne parfois à l’aventure forcée, à mi-chemin entre le dragage poussé et le viol.
Et malgré cela, quelques semaines avant le plongeon dans le fait-divers, voilà Martine Aubry à Marrakech, subjuguée, fascinée, établissant un pacte avec DSK !
-Tu te présentes. Et tu me fais première ministre !
Avant de se demander quel étrange pouvoir cet homme a sur les femmes, essayons de comprendre pourquoi il avait « ensorcelé » une partie importante de la direction du PS, de la rue de Solferino.
C’est facile, aujourd’hui que le scandale a tué politiquement DSK, de se démarquer de lui et de jurer qu’on n’en avait jamais été dupe. Pourtant, ces gens qui ont couru après lui, qui se sont essoufflés à porter sa serviette et à interpréter ses paroles sur l’avenir économique de la France, n’ignoraient rien de son addiction au sexe.
Après la chute, les plus mordus se sont même un instant enfermés dans l’hypothèse du complot !
A présent, les voilà pour certains entrés dans le gouvernement Ayrault.
Quelle genre de crédibilité peuvent-ils encore avoir, soupçonnés de complicité implicite, s’ils savaient tout ou par l’effet d’une naïveté aberrante, peu compatible avec le métier de ministre, s’ils n’étaient au courant de rien !
L’exemple type est celui de Moscovici, l’actuel ministre des finances, qui se mit si longtemps au service de DSK qu’il ne pouvait en être sa dupe.
A la campagne de la primaire socialiste de 2006 en vue de l'élection présidentielle de l'année suivante, il soutint activement Dominique Strauss-Kahn qui fut battu dès le premier tour par Ségolène Royal. Rebelote en 2012, activiste pour la candidature de DSK, le voilà groggy à la nouvelle du Sofitel, comme s’il n’était question que d’une aberration passagère et tout à fait inopportune, sur la même vision des choses que DSK, lorsque ce dernier fit un bref communiqué de presse.
Pas pour longtemps. Moscovici est un animal politique. Il est de la race de ceux qui s’aident des autres quand ils sont faibles, et les atomisent quand ils sont forts.
On connaît la suite, son ralliement à Hollande, le poste clé que celui-ci lui confie dans sa campagne et son emploi de ministre des finances.
Aussi compétent Moscovici soit-il, je me demande comment ce caméléon a fait pour revenir à flot après l’« erreur » majeure, car c’en était une politiquement, de soutenir DSK de ses débuts à sa chute.
Petit génie issu des grandes écoles, ENA et consort, grand destin tracé à l’avance de par ses origines et le renom des parents ? Il y a un peu de tout cela. Mais, ce qui importe, c’est le peu de cas que l’on fait de la morale dans les partis (Dans un ordre général c’est valable aussi pour la Belgique, nos avocats diraient l’éthique.), celle qui dicte des conduites rectilignes quand on se veut un élu de la Nation.
On peut le redire avec force, il n’y a pas deux morales, une de circonstance et une inviolable.
Il faut croire que certains personnages en vue peuvent se permettre des erreurs et des promiscuités regrettables, du moment qu’ils ne sont pas pris eux-mêmes en flagrant délit.
Pourquoi Hollande a-t-il passé outre aux interrogations concernant certains ralliés à sa cause lorsque DSK fut sur la touche ?
Ne serait-il pas tout à fait le président ordinaire dont la France a besoin ? Le PS ne devrait-il pas être plus pointilleux sur la morale, du fait de sa volonté de participer plus intimement à la souffrance des gens ?
Entendons-nous bien, ce n’est pas d’avoir été un grand baiseur que l’on reproche à DSK. C’est d’avoir cru que sa notoriété l’autorisait à prendre de force des femmes qui n’en avaient pas envie. Et ça, c’est dégueulasse !

10 juin 2012

Conflits au choix !

Le vote du premier tour, avec le second dimanche prochain, on croit les Français débarrassés des polémiques extérieures à l’hexagone et notamment le vent mauvais qui ramène au centre des débats le problème Syrien.
Le raffut n’est pas du fait des populations, plutôt tournées vers les problèmes d’emplois et de logements, mais mené casseroles battantes par les successeurs de Sartre et Simone de Beauvoir, sur les guéridons reconstitués du Flore dans des arrière-salles de Saint-Germain transformées en PC.
Faut-il s’en aller pourfendre Bachar El Assad et son Régime ? Pour eux la réponse est claire. Le 2me REP doit sauter sur Damas !
Trois cents kilomètres plus au Nord, Bruxelles s’en fout et s’apprête à faire la sieste dimanche midi, bercée par « Controverse » et la « colossale » aventure de la doudoucratie, dont Domino Demoulin s’est chargée d’honorer la performance en la personne du premier ministre Di Rupo.
Pendant que la guerre civile fait rage en Syrie, que l’on s’en fiche en Belgique et que les Français pensent à toute autre chose, Bernard-Henri Levy s’enflamme et enjoint à François Hollande de « dépasser le véto sino-russe au Conseil de sécurité », tandis que Jacques Attali, préconise une intervention de l’OTAN… au Sahel, « avant que l’équivalent du 11 septembre 2001 ne vienne l’imposer ».
Comme on voit, les deux porteurs de flambeaux éclairant le monde donnent de la voix dans deux directions différentes. A les écouter, Hollande n’aura pas de mal à reclasser les militaires retour d’Afghanistan !
BHL a la cote parmi les intellos, relayé par les médias qui ont l’air de poster des caméras là où il faut à chaque débordement de l’armée syrienne, dès que celle-ci fait un trou dans un mur et, malheureusement, tue des civils, parmi lesquels des enfants.
Seulement voilà, cette armée-là ne tire pas sa poudre aux moineaux comme les « troupes d’élite » de Kadhafi. C’est même la deuxième force de la Région juste derrière Tsahal. On crie beaucoup surtout parce que la Russie et la Chine soutiennent toujours le tyran de Damas et qu’à la moindre occasion, l’ancienne rancœur du monde communiste remonte des intestins du « monde libre » ; mais la suggestion de BHL d’y aller « seul » est une folie qu’aucun chef d’état-major sérieux n’aurait.
Pour y faire quoi ? Vanter la démocratie et assister au triomphe des islamistes aux élections organisées par les Occidentaux ? L’exemple du Maghreb est édifiant. Si un petit vent de liberté souffle sur les grandes villes arabes du pourtour méditerranéen, la majorité est toujours dans les campagnes et les bourgades farouchement islamistes, et même parfois intégristes.
BHL a-t-il seulement regardé une carte de la région ? Vu la position de l’Iran et celle d’Israël, une fois les Alaouites de Bachar défaits, quid des Sunnites et des Chrétiens, avec des Chiites en contact avec leurs bases arrières ?
Depuis Internet et la rapidité de circulation des informations, le public s’émeut plus vite qu’avant, même si les massacres d’aujourd’hui sont toujours aussi détestables et doivent être condamnés par les instances internationales. Ceux d’hier, et notamment ceux du père de l’actuel chef de l’Etat Syrien, furent tout autant détestables, sans que les démocraties se fussent émues.
Est-ce que, pour autant, il faut ignorer les crimes d’aujourd’hui ? Non. Et des sanctions économiques, avec des embargos s’il le faut, sont parfois plus efficaces qu’une intervention que des esprits malins convertiraient en résurrection de guerres coloniales.

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Attali veut embarquer la France dans un autre conflit, celui du Mali.
On se souvient vaguement qu’à la suite d’un conflit interminable le pays fut coupé en deux :
« Au Sud, un gouvernement provisoire terrorisé par des militaires qui parcourent les rues, envahissent les palais nationaux et menacent les passagers aux aéroports. Au Nord, un territoire très vaste et magnifique, disputé par les terroristes de l’AQMI et des indépendantistes laïcs targuis, qui viennent de s’unir à des islamistes maliens, proclamant l’indépendance d’un “Etat Islamique de l’Azawad” ».
Attali y voit la source d’« un problème qui pourrait devenir beaucoup plus important pour notre sécurité que ne l’est l’Afghanistan ». Ce serait un point de fixation de forces intégristes auprès desquelles les Talibans seraient des enfants de Marie. Comme en Colombie, Attali y voit une conjonction de narcotrafiquants, de militants politiques extrémistes et de fondamentalisme religieux.
Alors, Syrie ? Mali ? avec en plus une crise économique sur les bras et les banques espagnoles qui s’apprêtent à nous piquer 100 milliards !
Le malheur avec l’information immédiate, c’est qu’il n’y a plus aucun journaliste pour vous donner le mode d’emploi. Encore qu’il n’y ait jamais eu meilleure recette pour sortir de la récession, qu’une guerre coûteuse en hommes et en matériel. Ça fait des chômeurs en moins et des usines d’armement en plus.
Même Di Rupo en rêve !
Si c’est le but des médias de sauver un système économique à bout de souffle, les raisons du sauvetage des populations syriennes seraient tout aussi dégueulasses que celles de Bachar El Assad de massacrer sa population insurgée !

9 juin 2012

J’y suis, Giet !...

On fait semblant de découvrir une incompatibilité entre le fait que l’avocat Thierry Giet, depuis qu’il a rendu service à Di Rupo, entre Frères, en reprenant le business du PS en qualité de président, et son cabinet d’avocats, bien pourvu en plaidoiries et conseils rémunérés à la Région wallonne !
Avant, ce n’était pas le cas ?
Comme si l’éthique brusquement avait été « oubliée » pour ce coup là, alors que de Loge à Loge, de Section à Section, d’avocat à avocat, le mixage entre la politique et les affaires (surtout juteuses) n’a jamais cessé dans la Doudoucratie et même avant, dans la Coolsmania, la Spitaellose ou la Busquinerie !
Pour être juste, les autres partis ne valent pas mieux et, en cherchant un peu, on pourrait aussi aligner sur le même palier le MR, le CDH et même les Ecolos !
On a, en Belgique, une conception particulière de ce qu’est un vol. Un voleur, ce n’est pas seulement quelqu’un qui dérobe une pomme à l’étalage d’un primeur. Un voleur, c’est aussi quelqu’un qui prend de l’argent dans la poche du citoyen, tout à fait légalement, mais sans s’oublier au passage.
Réformer des mœurs aussi profondément enracinées dans la démocratie belge, c’est comme demander aux prostituées bruxelloises de s’inscrire au chômage, parce que Freddy Thielemans trouve indécent le commerce ambulant du cul.
La question serait plutôt celle de se demander comment un système aussi pourri a pu tenir aussi longtemps sous l’étiquette de la démocratie morale ?
Trois hypothèses.
a) électeurs et élus aussi corrompus les uns que les autres n’ont qu’une idée en tête, s’en mettre un jour dans les poches ;
b) l’électeur est lucide, mais résigné ;
c) l’électeur est tellement con que la tentation de le plumer est la plus forte.
C’est la dernière hypothèse – celle du corbeau et du renard - qui paraît la plus plausible. Voilà pourquoi, il ne faut pas trop en vouloir à nos voyous célèbres. C’est comme si une famille d’Outremeuse oubliait son pécule de vacances sur la « Playa de Levante » à Benidorm, une heure d’affluence, puis, dix minutes après, s’en courrait demander le portefeuille, au loueur de transats!

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On a demandé à Pierre Vercauteren, politologue et professeur de Sciences politiques à l'UCL-Mons, s’il y avait dans les plaidoiries du cabinet d’avocats Giet et consort, un enjeu manifestement éthique. Il n’allait pas répondre : « C’est comme ça depuis toujours, que pouvons-nous y faire ! ». Il fallait au contraire revenir à la morale classique et si possible, au passage, citer quelques solides références. De Platon à l’abbé Pierre, ce n’est pas l’exemple qui manque.
La suite est délectable : « cela pose la question d'une attention permanente que toute personnalité politique doit avoir entre les activités non politiques qu'elle a exercées sur le plan professionnel et les différentes questions politiques qu'elle est amenée à traiter... »
On ne va pas désespérer ceux qui croient encore à la moralité des hommes publics au service des citoyens.
La réponse d’Ermeline Gosselin, porte-parole du PS et coach personnel de Di Rupo, les rassure : « en ce qui concerne l'éthique, ce qui compte, c'est qu'il n'y ait aucun risque de conflit d'intérêt. Thierry Giet est élu fédéral. Le cabinet, où il est associé, intervient dans quelques dossiers région wallonne ».
Vous voilà pleinement satisfait. Il n’y a de près ou de loin, de Loge à Loge, d’élu fédéral à élu régional, de la section de Mons à celle de Liège, de l’occupant la chaise numéro 2 à la chaise numéro 3 du Bureau exécutif du PS, d’un avocat à un autre avocat, rien qui puisse tisser des liens « d’acoquinement » entre les mandataires, nos patriotes intègres, injustement discrédités par des vipères lubriques du genre de Richard III.
L’élection est le filtre efficace qui laisse les voyous sur le sable, c’est bien connu. Les fortunes personnelles ne se construisent que par le travail et l’honnêteté !
Certes Pierre Vercauteren n’est pas entièrement rassuré. Ne pas être « entièrement rassuré » est une technique qui sert le cas échéant, par exemple si le personnage suspecté, au lieu de finir dans l’éthique, finit en correctionnelle, ainsi Pierre Vercauteren pourra dire à la presse « je n’étais pas pleinement rassuré et j’avais raison. »
C’est surtout l’importance des dossiers à traiter qui chiffonne Vercauteren. Comme si Giet plaidait au tribunal de police pour un vélocipédiste contre un piéton. !
Mouiller le sénat dans les affaires d’éthique, c’est un peu demander à Al Capone ce qu’il pense de la prohibition.
Je voterai demain pour quelqu’un qui dirait franchement « oui, j’ai fait le boulot parce qu’on y gagne du fric facile. Puis, j’ai vu la misère grandir autour de moi. J’ai eu honte de vous avoir volés depuis que vous m’avez élu. J’ai décidé de changer. Votez pour moi, vous ne le regretterez pas ».
Un pareil discours ne serait pas au goût d’Ermeline Gosselin, coach de nos illustres, toute à l’art de paraître ce qu’on n’est pas. On voit bien qu’elle n’a jamais coaché un honnête homme !

8 juin 2012

La Doudoucratie.

Quelle idée Bernard Wesphael a eue de baptiser son nouveau parti du nom d’une voiture anglaise (MG), la belle sportive des années 60 !
Jusqu’à présent le Comité exécutif du Mouvement de Gauche compte plus de membres que d’adhérents ordinaires.
Si Di Rupo continue à prendre l’électeur de gauche pour l’imbécile qui n’a attendu que les derniers propos de l’Illustre pour retrouver le chemin de la joie intérieure, nul doute que Wesphael a une chance de rassembler à la gauche du PS ceux qui vomissent la vaseline dont le bureau du boulevard de l’Empereur entoure la « Doudoucratie ».
Car, les propos de Di Rupo à sa dernière apparition sur RTL sont odieux, insoutenables par n’importe quel impétrant de l’HEC-ULB, s’il veut être reçu. Le bonheur, franchement, il n’y a plus que Fadila Laanan et les bisounours pour faire mieux dans la cucuterie.
C’est insultant, à la fin, de jouer à la bête avec la fausse humilité de l’orgueilleux montois.
Certes, être heureux dans sa vie intime, c’est possible, mais sociale ?
Nous n’en sommes qu’au deuxième round, celui de l’effondrement de la zone euro et de la superbulle qui en est la cause, même si la Belgique se comporte plutôt bien à côté de l’Allemagne, ne signifie pas, pour autant, qu’elle ne prend pas eau !
Vous étiez déjà là en 1980, monsieur Di Rupo, dans l’ombre, attendant votre tour, quand Ronald Reagan et Margaret Thatcher fabriquaient un fondamentalisme du marché qui allait devenir le grand credo planétaire.
Impavides et impassibles, Spitaels, puis Busquin, vos mentors affichaient leur ralliement à l’aventure libérale et vantaient leur association avec les pieds-nickelés du MR.
Vous étiez et vous êtes toujours d’accord avec l’idée que les marchés financiers assureraient naturellement la meilleure répartition des richesses, à condition que les gouvernements cessent d’y intervenir. Vos pareils en étaient si convaincus que c’est à cette époque que fut décidé le bradage de Cockerill à Arcelor, lui-même finement empapouaté par l’Indien Mittal. Il faut dire que les élites socialo-libérales avaient autant le sens des affaires que les frères Happart à Francorchamps et à l’aéroport de Bierset.
Le Ps amorçait les raisonnements que vous tenez, fondés sur des présupposés, en-dehors du monde réel et de la mondialisation.
Le saviez-vous ou ne le saviez-vous pas, la mondialisation permet aux capitaux financiers d’échapper aux régulations et à l’imposition et qu’aucun Etat ne peut se passer de capital financier ? On pensait que le socialisme de participation, procéderait à une réflexion sur la manière de ne plus être dépendant du capitalisme financier. C’était bien le moins, non ?
Aujourd’hui, Wesphael, avec son MG, pourrait récupérer la partie de l’électorat socialiste qui ne croit plus en Di Rupo !

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Quand on se dit laïc et que l’on ne l’est pas, quand on croit à l’autorégulation des marchés financiers, et qu’on dit lutter pour assainir les marchés, on tient un faux discours. On se trompe, et en se trompant, on trompe le public.
Les socialistes n’ont pas réagi en 2009, quand les autorités sont intervenues pour sauver l’institution bancaire, sans contrepartie.
Quand le système est en danger, les règles usuelles tombent. Le cynisme n’étant jamais loin, dans les milieux de la finance on appelle ça « un aléa moral ».
Di Rupo est notre aléa moral. Quand il franchit les lignes, quand il trahit son parti et les bases du socialisme, il est en plein « aléa moral » et ses porte-serviettes l’en félicitent.
Quand le Fonds Monétaire International sous la direction de DSK et maintenant de Christine Lagarde protège les banques et soumet les pays endettés à une stricte discipline sur les conditions d’existence des plus pauvres, Di Rupo se tait, sa solidarité internationale ne va pas sur la place publique, devant les micros, puisqu’il est dans le « bon » camp !
L’Europe, la Belgique, les dirigeants de l’entité européenne, ont gravement failli dans la gestion de la crise.
L’effondrement de 2008 portait les germes de la crise financière actuelle.
Est-ce que Wesphael ferait mieux, ou pas, dans une coalition gauche droite ?
C’est une question qu’il est inutile de se poser. Toutes les alternatives à gauche de la gauche ont échoué depuis le ratage complet du communisme. En 45, le PC était quasiment majoritaires. En 1980, ils faisaient dans les 10 %. Les gens avaient cédé « au confort », ce qu’ils auraient pu gagner en justice.
Peut-être le MG aura-t-il plus de chance depuis que le « confort » n’est plus, alors que la justice est toujours aussi absente.

7 juin 2012

Bouillon à la corbeille.

J’avais oublié hier une religion, celle du fric. Elle aussi passe, évidemment, avant la laïcité.
L’économie, c’est du sérieux, disait Sarko. C’est comme la Bourse racontée par Jean-Pierre Gaillard, entre deux matches de foot, pour le franchouillard. Faut faire vite pour le distraire, le cher auditeur, avec, si possible, une histoire de fesses entre les coups boursiers.
Il n’est pas bon de dire aux gens que l’économie, ce n’est pas plus compliqué que ça. Ils perdent le respect pour ce qu’ils ne comprenaient pas, puisqu’on leur dit que c’est facile, c’est fait : ils ont compris !
Or, le plus souvent, il n’y a rien à comprendre, sauf à connaître les mœurs de ceux qui tiennent la palette du croupier, dans le grand casino du fric.
Le marché financier, c’est un voyou qui a un calibre en pogne et qui détrousse un passant qu’il croit plein aux as. Pour que le pigeon se rebiffe, il faut qu’il soit sûr que le calibre est vide et que le voyou fait ses poches à l’esbroufe. Comme il n’en est pas sûr, il raque.
Expliqué par Elie Cohen, ça donne à peu près « Quand l'Europe va mal, les bourses européennes et l'euro flanchent. Quand les Etats-Unis vont mal... les bourses européennes et l'euro flanchent. »
Autrement dit c’est l’Amérique qui tient le soufflant.
Elle gagne à tous les coups, puisque l’Europe n’a pas une monnaie de réserve et a peur de crever, même si elle sait que le flingue d’Obama est à blanc.
En conséquence, avoir un œil sur les States et l’autre sur les compteurs d’électricité en Chine (le seul moyen de connaître l’état de la croissance à Pékin) afin de savoir où en est la crise en Europe.
La Belgique est la sardine qui suit le banc. Di Rupo n’y pourra rien. Ce n’est pas le capitaine du rafiot qui va dévider son chalut traînant. Lui, c’est la sardine de tête qui va finir en boîte avec nous, s’il n’en avait tant ramassé qu’il est à présent trop gros pour le fer blanc et l’huile d’olive. Sa dernière sortie sur RTL « soyez optimistes, demain on sera heureux », prouve que s’il n’est pas avocat, il n’est pas économiste non plus !
Donc l’Amerloque comme marqueur nous apprend que le taux de chômage des Etats-Unis est remonté en mai pour s'établir à 8,2%. Les embauches progressaient à leur rythme le plus faible en douze mois, selon les chiffres officiels publiés à Washington.
Voilà pourquoi ça va chier dès la rentrée de septembre comme jamais. A un point qu’on se demande si le dorénavant svelte Bart De Wever pourra recracher avec le dégoût qu’on lui connaît, les bonus de la flamandisation de la Belgique que le roi et les socialistes lui ont promis, s’il est bien sage et battu par le CD&V et les libéraux aux élections.
Pour ne rien arranger, le ministère US a revu en baisse de 33% son estimation des créations de postes d'avril, à 77.000 seulement. Le gouvernement Obama indique que le rythme des créations d'emploi est passé de 226.000 par mois en moyenne au premier trimestre, à 73.000 sur avril et mai.

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Voilà le banc des sardines européennes affolées par l’orque américain.
Les réactions en Europe ne se sont pas fait attendre. Ce n’est pas Calataÿ qui contredira à RTL, ni Mathias Dewatripont, de la BNB, cette annonce a douché la confiance des investisseurs, déjà fort entamée ces dernières semaines par les risques en zone euro avec la Grèce et l’Espagne en duo calamiteux. En attendant l'ouverture des bourses américaines, les investisseurs ont donc massivement retiré leurs billes. Et ce, malgré le "oui" plutôt rassurants des Irlandais au référendum sur le pacte budgétaire européen.
Peu avant l'ouverture de Wall Street, les écrans plats des traders ont frémi. Toutes les places européennes sont à la baisse.
Même si vous vous en branlez, en départ aéré pour le week-end, on est dans le cauchemar.
L'euro a sévèrement chuté par rapport au dollar, car considéré comme plus fragile. Et c’est là qu’on voit bien comme ces gens sont branques, puisque le dollar ne repose plus que sur l’imprimerie qui en imprime même en équipe de nuit !
Mais-z-enfin comme dirait Isabelle en porte-jarretelles à la comptée chez DSK, qu’importe, l’emblème mondial de la valeur papier ne peut pas sauter comme ça. Et comme plus rien n’a de sens, l’euro crèvera bien avant le dollar.
C’est ainsi que la monnaie européenne s’est fait avoir en cours de journée, puisqu’elle a glissé sous 1.23 dollar pour la première fois depuis début juillet 2010.
Les chiffres du désastre sont américains, mais la crise est européenne, bijou.
Les chiffres confirment que la sortie de crise n'est pas pour demain.
Si en plus le vent mauvais plombe l'activité manufacturière en Chine, on aura compris que nos économistes sont des farceurs, la FEB un gang sur ses gardes et le gouvernement de besogneux que nous avons hélas ! élu, est en train de virer voyou.
Reste plus qu’à acheter du yen et à s’en foutre.
Et dire que Di Rupo compte sur ce qu’il va prélever aux chômeurs pour équilibrer les comptes !
Dans le fond, il a eu raison de se goberger d’une pénalité de 0,9 % de retenue sur le salaire des ministres, c’est minime, ça ne sert à rien et ça lui permettra de voir venir les pieds au sec et le cœur à l’aise. Qui sait ? Il aura peut-être encore le temps d’inaugurer la gare Calatrava de Mons, avant de ficher le camp.
C’est à la Bourse qu’on voit comme la démocratie est tombée bien bas !

6 juin 2012

Coupable ou non coupable ?

Il n’y a rien de plus dangereux – mais en même temps rien de plus jubilatoire – que de se faire une opinion qui n’a rien à voir avec celle prémâchée des partis et des journaux. Certes, il faut passer par eux et encore d’autres médias, pour « s’informer » de sorte que, le moment venu, on en restitue ce qui nous détermine.
C’est ainsi que jusqu’à la semaine dernière, je n’avais lu nulle part un article sur la prolifération du métier d’avocat dans les travées du parlement, du sénat et dans les instances des partis politiques. La mainmise de cette profession libérale partout où existe un mandat public n’était-elle qu’une illusion, une exagération de ma part ?
Le silence sur cette question pouvait très bien être fondé sur l’absence de conséquence dans l’organisation de l’Etat. J’aurais cédé à un rejet de cette profession par une méfiance excessive d’une corporation que je n’apprécie pas, un peu comme quelqu’un qui n’aime pas le merlan sans savoir pourquoi.
Comment se fait-il qu’il y ait temps d’avocats en politique ?
Est-ce bien raisonnable d’avoir une démocratie qui fonctionne aux professions du droit, telles les locomotives à vapeur, au charbon ?
Je n’ai pourtant pas rêvé cette prolifération. Elle existe bel et bien. Elle ne doit pas être sans conséquence pour les autres citoyens, comment se fait-il que personne n’en parle ?
Ce n’est pas en Belgique que j’ai trouvé la réponse qui tranche la question, mais en France, dans le numéro 788 de Marianne. Ce pays est si proche de la Wallonie, que l’on peut sans trop de peine transposer chez nous ce qui s’y passe, sans modifier grand chose.
Oui, c’est un réel problème de démocratie participative. Je n’avais pas rêvé.
L’article de Vincent Nouzille commence par un constat « Comptez sur les bancs de l’Assemblée nationale au Sénat et dans les ministères : les avocats tiennent la politique. Jusqu’à Nicolas Sarkozy qui, à peine chassé de l’Elysée, retourne à son cabinet. Si ceux qui nous gouvernent aiment tant porter la petite robe noire, cela n’a rien d’un hasard : c’est ainsi qu’ils financent leur (très confortable) train de vie. Vous avez dit mélange des genres ? ».
Alors qu’aujourd’hui le Soir se concentre sur les 50 kilos perdus du Flamand Bart De Wever, que Lukaku: "Des fois, je me demandais : Qu’est-ce que je fous ici ?" titre la Dernière Heure, et que La Libre propose en pleine page la sommation du CD&V à André Flahaut sur une pénultième explication de ses rapports avec la Flandre, rien, jamais rien sur le malaise en démocratie, non pas sur les problèmes des Régions entre elles, mais des individus entre eux.
En France, comme ici, la liste des premiers couteaux des partis qui tiennent quasiment tout le pouvoir dans leurs mains, sont principalement des avocats.
De Nicolas Sarkozy, à Dominique de Villepin, en passant par l’ancienne Garde des Sceaux, Copé, Baroin, Lefebvre, Mamère, Borloo, tous avocats !

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La plupart de ceux qui rejoignent les rangs de la basoche après avoir été ministres ou députés profitent naturellement de leur statut d’avocat pour « vendre » des conseils. Leurs carnets d’adresse qu’ils se sont constitués lorsqu’ils étaient élus sont des mines d’or. Villepin, par exemple, depuis qu’il s’est reconverti dans le métier, s’est fait sur très peu de temps de fabuleux bénéfices. C’est lui-même qui s’est vanté d’avoir les numéros personnels de Poutine, Clinton ou Obama. Belle aubaine pour les sociétés en difficulté.
Selon Marianne, les passerelles entre le monde politique et celui des avocats ne datent pas d’hier. François Mitterrand, ancien avocat, signa lorsqu’il était garde des Sceaux un arrêté permettant aux anciens ministres de revêtir la robe noire sans passer d’examen.
Et en Belgique, quel est le courageux qui va se lancer dans des recherches afin de savoir si les fameuses passerelles en France ne sont pas en Belgique, de petits passages à gué?
Je laisserais à Marianne le soin de conclure :
« La frontière entre les deux mondes, trop poreuse, mériterait d’être murée. La situation actuelle est malsaine. Il faut interdire aux élus de pouvoir, de devenir avocat conseil ou de conseiller pendant leur mandat. Cela contribuerait à moraliser la vie publique ».
Qu’en pense-t-on en Belgique, même si la législation n’est pas la même, n’y aurait-il pas lieu de faire une enquête, de pousser à une certaine réflexion ?
Evidemment comme les ministres se votent eux-mêmes leurs salaires et établissent les règles de leur pension, il serait difficile en Belgique de les voir se pencher aussi sur leur profession.
Pourtant, Di Rupo est un des rares à ne pas être issu du Barreau. Ce serait peut-être l’occasion d’ouvrir le dossier et de plaider – si je puis dire – sans haine ni parti pris, contre un corporatisme prépondérant et envahissant !

5 juin 2012

Jaugée par Carlo !

Si l’on veut bien observer le cas Milquet à travers les « lois fondamentales de la stupidité humaine » de Carlo M. Cipolla (1), la ministre tombe trois fois dans la catégorie « crétins à tendance intelligente » (zone B1) et deux fois dans la catégorie des « crétins à tendance stupide » (zone C).
Ceci à l’issue de ses déclarations d’intentions de renforcer la lutte contre le radicalisme et de revoir le cadre légal.
Le public se doit d’être rassuré et Joëlle Milquet aussi par les observations de Cipolla. La stupidité est la chose au monde la mieux partagée. Elle est uniformément répartie et ne tient pas compte des diplômes et des conditions sociales. Quel que soit le cursus, l’hérédité ou la fortune, on naît stupide et on le reste. « La probabilité que tel individu soit stupide est indépendante de toutes les autres caractéristiques de cet individu » (Deuxième loi fondamentale).
Cette valeur constante dans la stupidité est mathématique et agit en pourcentage « ớ » est le symbole choisi invariable dans tous les cas. On ne saurait dire à quel pourcentage « ờ » se réfère. Certains sont d’avis qu’il doit être très élevé.
Madame Milquet n’est donc pas la seule dans sa catégorie à exercer une fonction de ministre dans un état de stupidité. La nature est bien faite surenchérit l’auteur. Il prend l’exemple d’un équilibre inexplicable des sexes à la naissance. La légère supériorité du nombre de filles compense une mortalité plus grande des mâles en bas âge, ce qui fait que ce correctif n’est pas tout à fait réduit dans le décompte final. De même les gens destinés à la stupidité ne varient guère en nombre.
Madame Milquet est donc stupide depuis toujours.
De loin en loin, des éléments apparaissent qui expliquent sa stupidité. Le dernier en date montre une contradiction de comportement (elle n’est pas la première) qui est apparue dans deux de ses déclarations simultanées, la première est une déclaration de foi en la démocratie et à l’espace de liberté qu’elle procure en droit, à chaque citoyen. Et la seconde tient dans l’élaboration d’une loi cadre ayant pour objet d’interdire les associations radicales et de bloquer des sites internet faisant l’apologie de la violence et de la haine.
Le hic, est dans les critères et dans ceux qui seront chargés de déceler ce qui dans un texte fait l’apologie de la violence et pousse le lecteur à la haine ?
Peut-être pas elle, mais d’autres après elles pourraient avoir comme critères leur seul point de vue. On voit où ça mène !
Autrement dit, voilà cette démocrate sur le chemin de la censure, comme d’autres avant elles qui s’y sont rendus odieux et ridicules.
Est-elle stupide !

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Le comble, le premier critère déterminant l’apologie de la violence sera dans les mains de la police. Puisque « Les polices locale et fédérale recevront une formation à partir de fin juin sur le phénomène de radicalisation ». Je veux bien qu’il y ait dans la police, quelques orfèvres en la matière ; mais n’est-ce pas aussi donner un pouvoir discrétionnaire à la catégorie des flics stupides qui doivent s’y trouver dans les mêmes proportions que dans les Universités et parmi nos chômeurs ?
Enfin, l’impétrante à la stupidité tendance C1 veut sensibiliser « les centres culturels, les mosquées, les prisons et les chaînes de télévision ou radio. » Comment ? Sous forme de circulaires ? Dans le cadre d’un nouveau service du bien dire et du penser juste ?
Elle ne s’arrête pas là, et veut pouvoir bloquer des sites internet sur ses critères !
Diable ! Bachar el-Assad a vu son personnel se diluer et certains militaires passer dans l’opposition, elle pourrait être recrutée par le gouvernement syrien, sur les seules données ci-dessus, d’autant que le Régime a besoin d’un personnel stupide.
A moins que tout cela ne parte depuis une gesticulation chaque fois qu’un mini événement est repris et grossi par la presse, et que tout ceci ne soit qu’un effet d’annonce.
L’avocate ministre est pour lors, sous le coup de la macroanalyse de la 5me Loi « Les gens stupides causent des pertes aux autres, sans gain personnel en contrepartie »
La conclusion : La société dans son ensemble en est donc appauvrie !
Cela ne peut arrêter les électeurs stupides d’applaudir à cette nouvelle poussée d’adrénaline d’une ministre stupide.
Dans le fond, pourquoi n’interdit-elle pas le port de la barbe en public ? Cela résoudrait tout le ressenti antimusulman de la partie stupide de la population belge.
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1. Edit. Presses Universitaires de France (PUF), 2012.

4 juin 2012

Monsieur Bretonneau à Molenbeek

Les principaux invités passèrent d’un plateau à l'autre. Comme ils avaient répété chez les metteurs-en-scène Maroy et Gadisseux de la RTBF, pour le coup Dominique Demoulin eut la cote sur RTL. Tout de suite, la troupe se révéla meilleure, avec la Liégeoise !
Sur la chaîne privée, les répliques étaient mieux construites. Les acteurs avaient approfondi leurs personnages dans le taxi qui les menait à RTL.
Les affiches n’étaient pas tout à fait les mêmes pour les deux théâtres. « L’intégration est-elle un échec ? », pour Domino qui avait choisi la phrase correcte avec point d’interrogation. Les deux ineffables jouaient l’ellipse, figure microstructurale de construction « L’intégration, un échec », dite de « brièveté » en rhétorique ; mais, en plus, conduisant à l’équivoque, car sans ponctuation finale. En effet « L’intégration, un échec ! », n’a pas le même sens que « L’intégration, un échec ? ».
L’essentiel était d’avoir droit aux deux cabots, Reynders et Moureaux, sur les deux chaînes. Le public était là pour ça.
Vous savez comme ça va dans les grandes troupes, on retient deux ou trois grands noms, Rochefort et Marielle ou Reynders et Moureaux. Les autres auront beau s’évertuer et jouer des coudes, à peine a-t-on aperçu quelque part entre deux scènes Evelyne Huytebroeck, excellente comme d’habitude, mais à qui on ne confie pas le grand rôle qu’elle mérite. Il est vrai aussi un peu vieillie, moins sexy depuis un certain temps, avec un soutien-gorge qui ne mettait pas en valeur ses seins, ses meilleurs atouts ; une inconnue, dont nous n’avons retenu que son nom de scène, Audrey Lalou, très convaincante dans la reprise du rôle de Rosetta des Frères Dardenne, mais qui ne nous a pas fait oublier Emilie Dequenne ; un jeune espoir Mousta Largo, en chanteur larmoyant, très juste dans sa tirade-hymne sur l’immigration ; une jeune beauté, Sarah Turine, qu’on souhaiterait voir dans « le soulier de catin » de Paule Chaudelle ; Céline Frémault, en surprenante Mademoiselle Beulemans jouant juste, à la Christiane Lenain ; enfin, Eric De Jonge, un élément d’avenir dans le rôle de l’intellectuel égaré dans une partie de jeu de scrabble du home « Les Myosotis » ; ainsi que quelques autres dont on reparlera, sans doute, à la reprise de septembre.
Les deux vedettes du plateau égales à elles-mêmes ont fait comme d’habitude le spectacle en tirant la couverture, grâce aussi à la mis-en-scène de Domino Demoulin qui leur a laissé les beaux morceaux, dans les longs dialogues.
L’auteur – qui n’était pas présent - est passé à côté du sujet de la pièce qui était, non pas l’intégration, prétexte aux scènes les plus enlevées, mais touchait à la laïcité. Cette manière de faire de la démocratie serait-elle à ce point décriée par les spectateurs, que le dramaturge s’est permis de faire un théâtre qui l’ignorait complètement ? Est-ce que, oui ou non, la laïcité est la seule voie possible et passe bien avant les religions, leurs rites, leurs fidèles, leurs simagrées ?

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Et c’est là qu’on voit que cette pièce qui aurait pu être shakespearienne, s’est tout à fait inscrite dans les pièces de Boulevard, chères à de Flers et Cavaillet. Philippe Moureaux, dans le rôle de Bretonneau à Etampes, n’a pas résisté au plaisir de transposer l’action à Molenbeek.
On comprend pourquoi la laïcité n’est plus inscrite au haut de l’affiche, les spectateurs-électeurs sont plus souvent croyants que laïcs et ne comprendraient pas que l’on fît passer Françoise Champion (1) devant Jéhovah ou Allah.
Juste encore une critique, Didier Reynders a trop tendance à regarder le public – en l’occurrence la caméra lorsque celle-ci passe sur son visage - quand un autre comédien donne sa réplique. Il exprime alors tout ce qu’il croit faire passer à la postérité, sourire goguenard, hochement de tête, approbation, soupir et négation résignée. C’est du mauvais copinage de nature à décrédibiliser les autres comédiens.
Quant à Philippe Moureaux, est-ce l’âge venant ?... Il s’est pris la langue dans une tirade en répétant plusieurs fois « cultures ensembles, mixité sociale ». On était peiné pour lui, il avait perdu en route le texte de l’auteur !
On se mettait à la place de la pauvre Latifa Benaicha, sa jeune épouse, à l’écoute de RTL, le voyant perdre pied, dans ce duel entre artistes, et risquer dans son désarroi de femme aimante, de lâcher la tajine et de briser, par la même occasion, la mixité sociale de leur ménage avec la terre cuite !
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1. Françoise Champion, « La laïcité n’est plus ce qu’elle était », texte intégral sur la Toile.

3 juin 2012

Hollande et la misère.

L’élection présidentielle en France précède le scrutin de renouvellement des Chambres, de manière à souligner l’importance du rôle du président sous la 5me République.
Ainsi en tenant compte de la dynamique autour de la couleur du président, on évite au maximum une cohabitation, toujours possible, puisqu’elle a déjà eu lieu. Mais, c’est une source d’immobilisme et elle est à éviter.
Bref, d’ici les élections législatives, la période entre les deux scrutins est neutre. C’est-à-dire que l’on n’y fait pratiquement rien qui puisse renverser la tendance.
Les problèmes, eux, n’attendent pas. C’est probablement une des faiblesses de ces deux scrutins rapprochés : celle de créer un no man's land, synonyme de perte de temps.
Le citoyen risque ainsi d’être déçu par ce délai d’attente, il n’est pas le seul, les journalistes politiques ont le commentaire mou, alors que nous sommes loin du temps creux des grandes vacances !
Les marchés broient du noir. Le temps n’est plus à la légèreté. Les marionnettes de l’Info ne suffisent plus à masquer l’angoisse qui monte.
Cette idée de François Hollande de relancer l’économie par des moyens artificiels est inquiétante. Il est faux de croire que des grands travaux pourraient être des sources de prospérité à long terme, même si c’est le cas à court terme. L’aéroport créé en plein désert en Espagne et qui ne sert à rien est l’exemple de ce qu’il ne faut pas faire, la nouvelle gare de Mons, un autre !
En son temps, Sörgel Herman (1885-1952) avait conçu le projet d’assécher la méditerranée pour y cultiver des légumes afin de nourrir les populations ! Les historiens se souviennent des Arsenaux et des Manufactures créées de toutes pièces en France et qui n’eurent que pour effet d’alimenter en matériel de guerre les armées napoléoniennes.
Deux projets seraient cependant sources de relance et d’avenir, créer de nouvelles possibilité de logements et refonder l’Ecole tant en personnel qu’en locaux adaptés.

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Si Hollande a promis aux Français un gouvernement proche des citoyens, on songe à Jospin qui avait promis la même chose – il est vrai dans une période moins difficile – et qui finit par décevoir tout le monde, y compris les socialistes.
Le gouvernement mixte gauche/droite en Belgique est la preuve que la gauche collaboratrice est victime de deux écueils : la droite et l’économie capitaliste. Inévitables avatars pour une social-démocratie qui accepte par avance de se soumettre aux lois du marché, sans essayer de les contourner en innovant. A cette fatalité, il faut ajouter la pression de l’Europe, une Europe orientée à droite et empêtrée dans les méandres de sa politique monétaire.
Où en sont les louanges que l’on adressait, il y a seulement dix ans à l’Europe et à sa monnaie ? C’est pourtant sur ces « cadavres exquis » que Hollande doit, après les élections, déballer sa marchandise et faire l’article, même si c’est Ayrault, le camelot, qui fera le baratin.
Le fort courant que Mélenchon a suscité lors de l’élection présidentielle ne se contentera pas de baisser les bras devant la fatalité accablante d’un endettement massif et d’une insolente richesse, qu’étalent partout les gagnants très minoritaires.
La symphonie « euroïque » se clôture sur le fiasco grec.
Qu’il soit libellé en francs ou en euros, le chèque de licenciement reste un désastre.
Pas tant que l’UMP, mais le PS traîne aussi quelques casseroles. Les chefs dans le Nord et à Marseille sont des poids morts qu’il faut traîner ou remettre dans les placards avec d’autres affaires qui restent dans les mémoires, comme l’affaire Elf et le couple Dumas-Devier-Joncourt, la cassette Méry où, pour la première fois DSK joue un rôle public. L’opinion n’a pas oublié les multiples connexions entre ce socialisme là et le pouvoir tenu par la droite.
Certes, Hollande ne prend l’avion présidentiel, que lorsqu’il ne peut faire autrement. Est-ce pour autant que tout le passé des affairistes du PS soit révolu ?
Hollande va devoir se décider et vite sur sa politique de rupture.
S’il prend exemple sur Di Rupo, ce sera un faux modeste à la présidence, prisonnier des stratèges mondialisés de l’économie. Comme Roublardo, il n’aura de cesse à faire croire qu’il bouge, alors qu’il gère sans plus ce qu’il a trouvé sur la table en entrant à l’Elysée.
On a déjà un avant-goût de ce qu’il ne pourra tenir dans les promesses qu’il a faites. Par exemple le retrait « total » des troupes françaises fin 2012 d’Afghanistan. Aux dernières nouvelles resteront des troupes pour convoyer et ramener le matériel. Ce ne sont pas des troupes combattantes. D’accord. Mais si on leur tire dessus et qu’ils ripostent ?

2 juin 2012

Molenbeek aux sept voiles !

Socialistement vôtre, Philippe Moureaux, héros auto proclamé de la paix communale, s’en va partout répandre la bonne nouvelle : dans sa commune, les problèmes n’existent pas ! Après la mini émeute d’hier, il ne changera pas la parole œcuménique rewritée de Laurette Onkelinx et consort. Venu d’ailleurs, un groupuscule extrémiste Sharia4Belgium est responsable de tout. Ouf ! le voilà dédouané.
C’est embêtant pour lui, ce serait trop simple que quelques fâcheux dérangeassent le calme d’une commune, sans qu’une partie de ses habitants y fussent pour quelque chose. Plus sérieusement, est en cause la façon désinvolte avec laquelle le PS traite de la laïcité. Pour ce parti, la liberté dans l’espace public passe par la prépondérance de la religion sur la laïcité. C’est à peu près ce que pensent tous les socialistes en responsabilité dans les communes et à l’Etat.
Si Reynders enfonce le clou, il faut bien dire que Moureaux lui a passé le marteau !
Je passe sur le fait divers d’hier soir « une femme en niqab qui refuse de donner son identité pour être verbalisée par deux policières. » L’émeute qui a suivi, rassemblement devant le commissariat, menaces et jets de pierre, est ce qui découle du fait précédent.
Si pour l’application de la Loi, on en arrive à ces extrémités, c’est que, quelque part, l’Administration communale a donné le mauvais exemple du laissé-faire dans la permissivité spéciale accordée aux seuls musulmans. Le piment dans la soupe de Reynders, c’est la participation du MR de « monsieur Charles » dans le Conseil communal (12 MR pour 13 PS).
Voilà longtemps qu’une certaine population se promène en rue en conservant ses vêtements d’origine ou traditionnels. Cela ne doit gêner en rien l’esprit de la laïcité. L’abaya (une robe longue que portent les musulmans) est plus répandu rue Sainte-Marguerite à Liège, que le complet veston. Je pense que dans certaines rues de Molenbeek, cela doit être le cas aussi.
Dans la mesure où, si j’en ai envie, je puis, en égalité de droit, m’habiller façon Henri IV, avec fraise et justaucorps, sans être arrêté pour une tenue extravagante, je laisse aux autres la fantaisie de s’habiller comme ils le veulent. Même si certains vêtements soulignent la religion de celui qui les revêt. Sans appeler pour autant à faire du prosélytisme, je ne vois pas ce qui choque. Et si me déguiser en Henri IV fait carnaval et relève du grotesque, cela équivaut bien à certaines modes importées des pays chauds et qui soulignent le ridicule de la personne qui les porte, par exemple, en plein hiver, à moins qu’elle n’ait pas de vêtements plus chauds. Ce qui est tout autre chose.
Bourdieu a écrit dans « La distinction » des choses intéressantes sur la question.

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Ce qui ne va pas, c’est porter un masque qui n’est autorisé que pendant les périodes des carnavals. Or, le niqab en est un. Donc, il doit être interdit.
Mais voilà, les attroupements qui suivent l’interpellation à Molenbeek d’une femme récidiviste en infraction changent, du tout au tout, l’idée que j’ai de la liberté de se vêtir comme bon nous semble.
Ce vêtement est bien le signe ostensible d’une religion dans son principe de se dire au-dessus des lois, de rassembler ses fidèles sous cette défroque, qui, du coup, se désolidarisent de la communauté urbaine pour entrer dans la logique du fanatisme religieux.
Même si c’est un faux, du moment que la foule croit que « c’est dieu qui l’ordonne », on peut s’attendre à tout.
Ce n’est pas anodin que le fait-divers se soit passé dans la commune de Molenbeek, célèbre par le laxisme de son bourgmestre. Cela signifie surtout que la religion musulmane est la seule des trois religions monothéistes à n’intégrer une communauté laïque, qu’en contestant la priorité en droit de la laïcité.
Voilà pourquoi, il devrait y avoir unanimité des laïcs à dénoncer ce fait.
Personnellement toutes les religions m’emmerdent. Elles sont des obstacles à l’entendement humain. Leur étude, sauf celle qui relève de la critique et de l’étude des mœurs, conduit le croyant à devenir imbécile, à perdre le sens du cartésianisme nécessaire à la réflexion.
Cependant, lorsqu’il m’arrive de visiter une église, j’enlève mon chapeau et je garde le silence en respectant les gens et les lieux. J’y admire le travail des hommes et je suis un peu jaloux que la laïcité n’ait jamais trouvé des artisans aussi enthousiastes et habiles de leurs mains… que dans des livres, peu lus et parfois décriés.
Le bourgmestre de Molenbeek m’a fait comprendre que sa laïcité se bornait à n’être qu’une lâcheté politique au service de sa réélection.

1 juin 2012

Mons, victime d’un mégalomane.

Le temps est aux économies. C’est entendu.
Quand la Région wallonne veut démolir un bâtiment en parfait état pour en construire un nouveau, où sont les économies ?
C’est ainsi qu’à Mons, une gare qui répond parfaitement aux besoins de la population va être démolie. Le prestige d’un homme « du pays » serait une raison suffisante !
La nouvelle gare dessinée par Calatrava ressemble comme deux gouttes d’eau à celle de Liège. A croire que les économies tiendront dans les seuls plans de l’architecte.
Dans quoi la jalousie va se fourrer quand même ! Car ce bâtiment de « prestige » a été voulu par Elio Di Rupo, qui a été soufflé par la réalisation du même Calatrava à Liège.
Si après ça le PS de Mons n’érige pas une statue équestre au milieu d’une place qui portera le nom de l’illustrissime enfant du pays, on veut bien être pendu.
Reste les factures que Sa Grandeur va mettre au passif de la SNCB (nous qui payons) et le surplus sur le compte déjà fortement plombé de la Région (encore nous qui payons).
L’effort de rénovation et l’ébauche d’une relance par les grands travaux commencent par des travaux inutiles, ça promet !
N’y aurait-il pas mieux à faire en améliorant les réseaux de tramways et d’autobus, voire construire un métro à Mons et partout dans les villes wallonnes où c’est possible ?
C’est d’autant plus scandaleux que la gare de Charleroi a été « rénovée » avec de l’ancien, et n’est pas mal du tout. C’est même une belle réussite dont l'inauguration approche. Ce sera le weekend des 25 et 26 juin.
Au vu de l’expérience liégeoise et la crise, la saison n’est plus au grandiose et au gigantisme. Les approches de la gare à Liège, faute de moyens, sont destinées à nous faire souvenir que lorsqu’on n’a pas les fonds pour un projet global, mieux vaut améliorer ce qui existe, sans chercher à jeter de la poudre aux yeux à l’étranger.
Voilà vingt ans que Liège devrait avoir un métro digne de ce nom. Je reviens de Prague. Le métro qui y a été construit est remarquable. Il plonge sous la Vltava, rivière bien plus large et profonde que la Meuse. Ce qui est impossible ici, l’a été là-bas.
A Mons, c’est la même situation, comme à Charleroi. Un métro est plus utile !
Les communications entre les deux rives, surtout à Liège, n’ont jamais été franchement résolues.

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Les centaines de millions d’euros que l’on disperse pouvaient trouver un usage plus intelligent et qui auraient occupé pendant dix dans, cent fois plus d’ouvriers que pour les gares.
Mais enfin, Di Rupo la voulait celle-là… alors.
Quand on pense que dans la ville du Doudou, la gare, construite entre 1949 et 1952 et en parfait état d’entretien avec une toiture en cuivre remplacée il y a tout juste 5 ans, perdra la salle « des pas perdus » qui n’est pas prévue dans la gare de Calatrava ? En plus, cette gare avalera 30 % de la Place Léopold pour y construire le fameux auvent comme à Liège et qui ne servira qu’à jouer le rôle de « m’as-tu-vu ? ».
Pour qui connaît la place de la gare à Mons, c’est un lieu construit et équilibré, cette penne monstrueuse du chef de gare rompra l’harmonie des lieux, détruira le caractère urbain et multifonctionnel, supprimant les animations : marché aux fleurs et foire d’automne.
Au lieu d’un métro les Montois feront des trajets plus longs à pied et en voiture, puisque les modifications de la place chambarderont les arrêts et les lignes et diminueront les places de parkings, même si un parking sous la place est prévu.
Les gares de Liège et bientôt de Mons sont les contrexemples d’une société en crise et qui veut se relancer par des travaux pouvant contribuer au redressement du pays par l’emploi. Elles montrent le rôle néfaste de l’organisation de la Région par des élus incompétents qui ne savent pas gérer la collectivité wallonne au mieux de ses intérêts.
La situation est assez dramatique comme ça pour avoir encore à nous farcir des administrateurs calamiteux dans un contexte européen qui n’est pas pour arranger les choses.