Bouillon à la corbeille.
J’avais oublié hier une religion, celle du fric. Elle aussi passe, évidemment, avant la laïcité.
L’économie, c’est du sérieux, disait Sarko. C’est comme la Bourse racontée par Jean-Pierre Gaillard, entre deux matches de foot, pour le franchouillard. Faut faire vite pour le distraire, le cher auditeur, avec, si possible, une histoire de fesses entre les coups boursiers.
Il n’est pas bon de dire aux gens que l’économie, ce n’est pas plus compliqué que ça. Ils perdent le respect pour ce qu’ils ne comprenaient pas, puisqu’on leur dit que c’est facile, c’est fait : ils ont compris !
Or, le plus souvent, il n’y a rien à comprendre, sauf à connaître les mœurs de ceux qui tiennent la palette du croupier, dans le grand casino du fric.
Le marché financier, c’est un voyou qui a un calibre en pogne et qui détrousse un passant qu’il croit plein aux as. Pour que le pigeon se rebiffe, il faut qu’il soit sûr que le calibre est vide et que le voyou fait ses poches à l’esbroufe. Comme il n’en est pas sûr, il raque.
Expliqué par Elie Cohen, ça donne à peu près « Quand l'Europe va mal, les bourses européennes et l'euro flanchent. Quand les Etats-Unis vont mal... les bourses européennes et l'euro flanchent. »
Autrement dit c’est l’Amérique qui tient le soufflant.
Elle gagne à tous les coups, puisque l’Europe n’a pas une monnaie de réserve et a peur de crever, même si elle sait que le flingue d’Obama est à blanc.
En conséquence, avoir un œil sur les States et l’autre sur les compteurs d’électricité en Chine (le seul moyen de connaître l’état de la croissance à Pékin) afin de savoir où en est la crise en Europe.
La Belgique est la sardine qui suit le banc. Di Rupo n’y pourra rien. Ce n’est pas le capitaine du rafiot qui va dévider son chalut traînant. Lui, c’est la sardine de tête qui va finir en boîte avec nous, s’il n’en avait tant ramassé qu’il est à présent trop gros pour le fer blanc et l’huile d’olive. Sa dernière sortie sur RTL « soyez optimistes, demain on sera heureux », prouve que s’il n’est pas avocat, il n’est pas économiste non plus !
Donc l’Amerloque comme marqueur nous apprend que le taux de chômage des Etats-Unis est remonté en mai pour s'établir à 8,2%. Les embauches progressaient à leur rythme le plus faible en douze mois, selon les chiffres officiels publiés à Washington.
Voilà pourquoi ça va chier dès la rentrée de septembre comme jamais. A un point qu’on se demande si le dorénavant svelte Bart De Wever pourra recracher avec le dégoût qu’on lui connaît, les bonus de la flamandisation de la Belgique que le roi et les socialistes lui ont promis, s’il est bien sage et battu par le CD&V et les libéraux aux élections.
Pour ne rien arranger, le ministère US a revu en baisse de 33% son estimation des créations de postes d'avril, à 77.000 seulement. Le gouvernement Obama indique que le rythme des créations d'emploi est passé de 226.000 par mois en moyenne au premier trimestre, à 73.000 sur avril et mai.
Voilà le banc des sardines européennes affolées par l’orque américain.
Les réactions en Europe ne se sont pas fait attendre. Ce n’est pas Calataÿ qui contredira à RTL, ni Mathias Dewatripont, de la BNB, cette annonce a douché la confiance des investisseurs, déjà fort entamée ces dernières semaines par les risques en zone euro avec la Grèce et l’Espagne en duo calamiteux. En attendant l'ouverture des bourses américaines, les investisseurs ont donc massivement retiré leurs billes. Et ce, malgré le "oui" plutôt rassurants des Irlandais au référendum sur le pacte budgétaire européen.
Peu avant l'ouverture de Wall Street, les écrans plats des traders ont frémi. Toutes les places européennes sont à la baisse.
Même si vous vous en branlez, en départ aéré pour le week-end, on est dans le cauchemar.
L'euro a sévèrement chuté par rapport au dollar, car considéré comme plus fragile. Et c’est là qu’on voit bien comme ces gens sont branques, puisque le dollar ne repose plus que sur l’imprimerie qui en imprime même en équipe de nuit !
Mais-z-enfin comme dirait Isabelle en porte-jarretelles à la comptée chez DSK, qu’importe, l’emblème mondial de la valeur papier ne peut pas sauter comme ça. Et comme plus rien n’a de sens, l’euro crèvera bien avant le dollar.
C’est ainsi que la monnaie européenne s’est fait avoir en cours de journée, puisqu’elle a glissé sous 1.23 dollar pour la première fois depuis début juillet 2010.
Les chiffres du désastre sont américains, mais la crise est européenne, bijou.
Les chiffres confirment que la sortie de crise n'est pas pour demain.
Si en plus le vent mauvais plombe l'activité manufacturière en Chine, on aura compris que nos économistes sont des farceurs, la FEB un gang sur ses gardes et le gouvernement de besogneux que nous avons hélas ! élu, est en train de virer voyou.
Reste plus qu’à acheter du yen et à s’en foutre.
Et dire que Di Rupo compte sur ce qu’il va prélever aux chômeurs pour équilibrer les comptes !
Dans le fond, il a eu raison de se goberger d’une pénalité de 0,9 % de retenue sur le salaire des ministres, c’est minime, ça ne sert à rien et ça lui permettra de voir venir les pieds au sec et le cœur à l’aise. Qui sait ? Il aura peut-être encore le temps d’inaugurer la gare Calatrava de Mons, avant de ficher le camp.
C’est à la Bourse qu’on voit comme la démocratie est tombée bien bas !