Qu’irions nous faire en cette galère ?
Depuis qu’on érige en événement le moindre fait-divers, que l’on parle de tout, sauf de l’essentiel au point que certains se demandent s’il y a encore une dette et une crise, on perd de vue que ce pays est entouré d’autres pays.
Nos partenaires ont envoyé à l’Europe une majorité parlementaire de droite. Et l’on s’étonne que l’Europe soit gérée comme une banque et que le social soit la moindre des préoccupations.
Priorité est donc au lobbying, à la précarité et aux intérêts particuliers.
Van Rompuy ne s’y est pas trompé, d’après ce qu’on sait de son projet d’accord pour les chefs d’Etat de l’Union, il n’y a dedans rien qui puisse déplaire au libéralisme tendance Merkel. On souhaite bien du plaisir à François Hollande ce week-end.
La frange du commerce et des bonnes affaires de ce parlement européen, la droite de la droite, en quelque sorte (sans être extrême), a une étrange façon de scinder en deux formes de politiques opposées, sa position selon qu’elle soit interne ou externe.
A l’usage interne, elle est évidemment contre l’immigration et pour une vigilance accrue aux frontières de l’Europe. Ceci est utile à la visibilité de ses élus et à leur réputation d’intransigeance, afin d’assurer la pérennité de leur mandat.
A l’usage externe, elle est pour l’accélération des procédures afin que la Turquie devienne membre de l’Europe !
Certes, on ne parlera pas samedi de la Turquie, on a autre chose à faire. L’OTAN se chargera d’assurer la Turquie de toute la solidarité du monde occidental à la suite de l’avion de chasse turc descendu par erreur par les Syriens.
Malgré tous les arguments, contre vents et marées, le lobbying forcené pour l’adhésion de la Turquie, même au plus fort de la crise, ne s’est jamais démenti.
Il y a là-dessous quelque chose de louche qui passe sous le nez de tout le monde. Quel est le profit secret, inavouable, des partisans à ce que l’aventure de l’Europe s’étende à la Turquie dont 3 % seulement du territoire est en Europe et le reste en Asie mineure ?
Quelle est la situation actuelle de la Turquie par rapport à l’Europe et à ses voisins ?
Certaines sources font état de ce que la Turquie serait sur le point de créer une zone tampon, par des moyens militaires sur le sol syrien. Comme tout peuple venu d’ailleurs et occupant en conquérant les territoires de la Turquie actuelle, ce pays est très remonté quand il est question de « ses droits » territoriaux. Les Grecs et les Arméniens en savent quelque chose.
Cette occupation serait-elle proposée par l’Etat-major pour se protéger des incursions de l’armée syrienne sur son territoire ou pour mettre aux profits et pertes de l’Europe, le problème des réfugiés syriens ? Les illégaux qui franchissent la frontière gréco-turque pour entrer dans l’Union Européenne sont en nette augmentation depuis les événements de Syrie. La Turquie est devenue sur une certaine partie de sa frontière avec la Syrie, une sorte de terre de transit vers l’Europe.
Le gouvernement turc islamiste d’Ankara cherche au Proche-Orient à se tailler une sphère d’influence qui engloberait les pays qui constituaient l’ancien Empire ottoman, par nostalgie, certes, mais aussi par l’atavisme héréditaire de ce peuple à considérer que ce qui a été conquis et perdu, est toujours à lui et à reprendre. L’ancien Empire ottoman était beaucoup plus vaste que la Turquie dans ses frontières actuelles, il y a de quoi méditer !
Mesure-t-on bien en Europe que ce pays a des frontières communes avec la Syrie, l’Iran et l’Irak ? On voit d’ici l’Europe entraînée dans le tourbillon des innombrables conflits de cette région en crise, si la Turquie en faisait partie.
Notre problème est dans la candidature de la Turquie à l’UE recommandée par les droites européennes, auxquelles s’additionnent les fractions socialistes de divers pays, comme la Belgique conduite à cette politique par Laurette Onkelinx, qui plaide inlassablement pour l’inclusion rapide de ce pays dans les instances de l’UE.
On voit le poids de Tayyip Erdoğan en Europe avec une population de 75 millions d’habitants qui en ferait le deuxième pays d’Europe derrière l’Allemagne, 81 millions d’habitants.
Encore une précision qui nourrit le scepticisme à l’égard des partisans de l’entrée de la Turquie à l’UE : d’importants oléoducs stratégiques traversent ce pays et comme on dit que la guerre du pétrole, ce sera pour bientôt…
Evidemment, au sommet, on sera loin de ces « mesquineries », on a bien trop à s’inquiéter de l’euro, bien avant de savoir comment la population européenne va s’en sortir !