Tourner casaque ?
C’est le 22 novembre prochain qu’on saura de Liège ou Astana, la capitale kazakhe, qui fera l’exposition internationale en 2017.
Il semble que depuis l’idée émise par le bourgmestre d’une candidature de Liège, les enthousiasmés professionnels soient victimes des troubles bipolaires d’exaltation et d’abattement, suivant l’état d’avancement du dossier « Liège Expo 17 ».
La phase actuelle est ascendante. C’est parce qu’ils n’ont pas encore vu des images de la magnifique ville kazakhe !
Di Rupo qui doit se faire pardonner la deuxième gare Calatrava, copiée sur Liège qui ravagera bientôt les environs de la gare de Mons, n’a pas de mots assez forts pour qualifier l’entreprise.
"Tout le pays est derrière cette candidature. Cette dimension nationale va bien au-delà des sphères politiques et diplomatiques". La rage des illustres à parler au nom de tout le monde, n’a d’égale que la fermeté de ceux qui prétendent ne pas partager leur point de vue et qui souhaiteraient que nos élites ne les confondissent pas.
En effet, comment ose-t-on proposer une ville comme Liège à faire une exposition, alors qu’elle n’a aucun moyen de transport, cohérent et moderne, comme le métro ou le tramway ?
Que depuis Destenay et la clique libérale de bétonneur, Liège n’a aucune unité d’ensemble et a perdu tout caractère. Au centre ville on a massacré de magnifiques demeures pour élever des clapiers verticaux qui coûtent la peau des fesses aux imprudents qui se résignent à y habiter. Place Saint-Paul, on a osé construire un ascenseur en béton brut sur le cloître, que des imbéciles trouvent réussi ! La poignée des derniers commerçants qui survit à l’hécatombe, déménage de galerie en galerie, si bien que celles qu’elle abandonne deviennent des dépotoirs.
Bref cette ville a perdu tout son charme de la faute de ses « personnalités » et du business des entrepreneurs marrons.
On n’ose imaginer la manière dont les visiteurs rejoindront Coronmeuse depuis des hôtels qu’il faudra bien appeler à la rescousse des hauteurs de la Ville ? (1)
Le thème de la candidature, "Connecter le monde, relier les gens et mieux vivre ensemble", est particulièrement mal choisi, alors que l’on est revenu de la mondialisation et de l’enfantillage de croire que les cultures mélangées se confortent les unes, les autres, dans un mélange harmonieux. Non seulement la mondialisation est une catastrophe, mais encore le mélange des cultures n’apporte qu’un abaissement général des niveaux, comme l’enseignement en Région liégeoise, en témoignent.
On a même vu des publicités racoleuses pour nos examinateurs, sur lesquelles des patrons de night shop, sorti du diable Vauvert et bien incapables de faire l’historique de la ville, nous vantent l’internationalisme accueillant de celle-ci !
Les nouvelles technologies joueront, selon Di Rupo, un rôle déterminant pour l'avenir de la planète. On peut être d’accord sur le progrès scientifique à la dimension de la planète. Pour Liège et sa région, c’est une autre musique. Quand on a une politique comme Di Rupo en développe une en Belgique, il ferait mieux d’y regarder à deux fois, puisque les nouvelles technologies sont rarement « made in Belgium ». On a laissé partir tout un réseau industriel vers des pays à bas coûts salariaux, si bien que nous sommes le bec dans l’eau avec notre politique des services. L’exposition permettra juste de se faire une idée de ce que les autres font qui nous sera nécessaire dans les années 2020, quand nous en serons à essuyer le cul des émirs faisant à Liège le tour du propriétaire !
Ce qui est déplaisant dans le style « garçon de café obséquieux » que nos enthousiasmés ont tenté de communiquer à leurs examinateurs, c’est l’entretien de la légende du Liégeois grande gueule, mais convivial, dans une ville « où on fait la fête ». Bref, tous des Tchantchès qui n’attendent que l’arrivée en masse des étrangers, pour se réjouir de la façon conviviale avec laquelle nos visiteurs enfileront les Nanesses, sur les bords des comptoirs à péket.
Willy Demeyer, bourgmestre de Liège, et chef des enthousiasmés, n’était pas né à l’Expo 39 de Liège sur le thème de l’eau. Il existe toute une littérature locale sur le sujet. Ce fut un fiasco complet, avec la guerre de 40 en prime, alors que le site, à peu près le même que celui qui sera celui de l’Expo de 17, était encore vierge de toutes les abominations qui ont été construites, à commencer par Droixhe et ses buildings de zonards, les bâtiments du genre hangars délabrés construits derrière l’ancienne centrale de Bressoux sur la rive droite de la Meuse, tandis qu’en face, tout est à démolir et à refaire à partir du Pont Atlas, sans oublier de raser les halles d’exposition.
Sûrs de la victoire, nos enthousiasmés ont nommé Jean-Christophe Peterkenne, directeur général de Liège Expo 2017. C’est le fils de Jean-Marie, connu pour le festival de jazz de Comblain-la-Tour, festival qu’on avait laissé tomber comme une vieille merde, alors qu’il ne coûtait presque rien. Si on fait la même chose du projet actuel, voilà un fils de… qui pourrait être déçu.
Notez que ce serait la meilleure solution. Ah ! pourvu que ce soit Astana qui gagne et qu’avec l’argent économisé nous puissions panser toutes nos plaies, à commencer par remplir l’espace Tivoli d’une place Saint-Lambert, qu’il a fallu tantôt un demi siècle pour sortir des tas de ferrailles et des trous, et reconstruire à la Sauvenière, le théâtre dialectal qui manque au centre ville !
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1. La ville de Prague a un métro qui plonge sous la Vltava, rivière comparable à la Meuse. Il paraît qu'à Liège cette solution est impossible !