Europe, ce cher souci !
Nos ténors s’applaudissent à l’accomplissement de la première réforme de l’Etat, avec la scission de BHV. Indifférente à nos « succès », la dette s’enfle et l’Europe continue à s’enfoncer dans la dérive de son parlement ultra conservateur.
La population espérait une Union Européenne démocratique et fédérale, alors qu’elle s’acoquine avec un mondialisme économique ravageur !
Résultat, l’Europe pousse les industriels à produire là où la main-d’œuvre est la moins chère et les coûts de production les moins élevés, quitte à aller jusqu’à encourager les délocalisations en-dehors de la zone européenne, en refusant d’établir une taxe contre les départs.
Sous prétexte de faire bénéficier les pays émergents des technologies de pointe, l’Europe laisse filer les industries, comme l’aéronautique qui vend des Airbus en Chine et en Amérique du Sud avec promesse de livrer clé sur porte, les ateliers de maintenance, ce que l’on peut comprendre, mais aussi la construction de nouveaux avions, ce que l’on ne comprend pas.
L’industrie automobile n’est pas en reste. La fin des activités d’Aulnay-Sous-Bois pour 2014 avec la perte de 8.000 emplois sur le site, sans compter les sous-traitants, est une tragédie qui aurait pu être évitée si on avait étudié le phénomène de la dispersion à travers le monde des fabrications et prévu des reconversions, comme par exemple, la voiture électrique, dès 2010, en tirant les premières conséquences de la crise de 2009 et des dégâts industriels prévisibles, puisqu’on avait l’exemple des banques en perdition.
La perte de substance de l’Europe tient aussi au placement des capitaux issus directement des entreprises dans les paradis fiscaux. C’est par milliards d’euros que l’on peut chiffrer cette disparition financière qui se réinvestit en Chine et en Inde. Le cas Mittal, que la Région wallonne est incapable à maîtriser, est en train d’assécher le bassin liégeois. Les investissements promis n’ont jamais eu lieu.
Les députés de droite sont formels : c’est l’Etat fédéral, trop compliqué, trop inquisiteur, qui plomberait le « dynamisme » des entreprises. Et c’est au cri de l’adversaire à abattre que ceux qui s’en nourrissent le mieux exercent leurs mandats, fauchant au passage un système social déjà fort mal en point et touché par les socialistes eux-mêmes, tandis que l’Europe réclame des coupes sombres dans les budgets et aggrave les difficultés des plus vulnérables.
Comment imaginer une Europe forte dans les conditions actuelles d’abandon des populations, au nom de l’efficacité productiviste ?
Si bien que les européens s’en détournent et espèrent être mieux compris, par d’autres voies.
Les propos des députés européens conservateurs portent sur les nerfs.
La vue de l’esprit, selon laquelle il n’y aurait pas d’alternative à la chute des pouvoirs d’achat et à l’accroissement de la misère, est même partagée par les sociaux-démocrates.
L’indignation et la colère des peuples sont traitées avec le plus grand mépris.
Si bien qu’on pense actuellement que l’Europe explosera peut-être, tant elle aura fait preuve d’une extrême légèreté envers ceux qui l’ont faite et qui le regrettent aujourd’hui.
Dans la dérive actuelle, si les structures technocratiques de droite dictent encore leur loi au pouvoir politique d’ici 2014, nul doute que cela se fera.
Ce ratage magistral sonnera peut-être la fin d’un système, d’une classe sociale élitiste et d’une certaine manière, entraînera la fin d’une démocratie qui n’a déjà plus que le nom.
Nous manquons d’hommes de talent au parler vrai.
Nous avons besoin des Protagoras et des Aristide et non pas des Van Rompuy et des Barroso. Notre siècle périclite au lieu d’être celui d’un nouveau Périclès !