Hollande converti au sarkozysme ?
A peine élu, voilà Hollande qui se met à ressembler à Sarkozy !
Le programme du président, son premier ministre Ayrault l’a développé en long et en large, certes, par 1 h 55 de bavardage et 5 minutes de vérités, à la tribune de l’assemblée. Ces cinq « dernières minutes » sans être Raymond Souplex, Ayrault les a glissées dans la potion qui doit doper les socialistes. Elles sont si explicites de l’embarras du pouvoir, que voilà le front de gauche qui se rebiffe !
Du point de vue de la dialectique, la gauche et la droite procèdent de la même technique pour noyer le poisson. A part la notion de « justice sociale », l’objectif est bien de faire les fonds de tiroir et les poches des Français. Tout est dans le niveau perçu proposé pour chaque catégorie de citoyens (On n’ose plus employer le terme de lutte des classes depuis que nous sommes en social-démocratie). Les socialistes ont la même peur des mots : - Surtout ne prononcez pas le mot « rigueur ».
On ne sait pas comment on va s’y prendre, mais la quête des milliards ne fait que commencer.
Justement Liliane Bettencourt a beaucoup donné à droite pour qu’on ne vienne pas l’importunité avec le calendrier des pompiers fin d’année, on sait qu’elle a perdu les pédales, mais tout de même, son petit-fils et tuteur va se cramponner pour elle, à son magot. Avec l’impôt sur les fortunes, le gouvernement a bien juré qu’on ne toucherait pas à la TVA, mais c’est tellement tentant !
Hollande ne croit plus à l’efficacité de faire payer les riches. Par le passé, ça s’est toujours vérifié : il n’y a que les pauvres pour être bons payeurs, et pour cause, ils n’ont pas les moyens de se défendre. Cependant ces mesures peuvent passer pour des gestes « forts » qui font plaisir aux masses ; malgré le rendement faible, pourquoi s’en priver ?
Sarko ne remplaçait plus qu’un fonctionnaire sur deux. Excepter l’enseignement, la justice et la police, ailleurs, ce sera bel et bien la diminution du nombre de fonctionnaires. Il est même question d’un gel des traitements !
Outre les arguments financiers, il y a la philosophie socialiste qui a séduit les électeurs et fait élire Hollande : la distinction entre le marchand et le non-marchand - tout ce qui ne peut pas être réduit à l'échange et à la valorisation. Le rôle de la gauche est de veiller à ce que le marchand soit efficace et compétitif, mais aussi de développer le non-marchand, d’aider les humains à se dépêtrer de la crise.
C’est encore trop tôt pour afficher un zéro de conduite à Ayrault sur ce point précis. Mais, il n’est pas trop tard pour dire à Copé et Fillon de la fermer une bonne fois pour toutes. Sur la manière d’aider les gens, ils n’ont pas de leçon à donner aux socialistes.
Pierre Moscovici est comme tout ministre des finances, il souhaite un niveau plus élevé de croissance, tandis que Montebourg court dans tous les sens pour éviter des fermetures, avec l’auto qui ne se vend plus et Mittal qui liquide ses points chauds. Comment veut-on que dans une France d’invendus, on la retrouve, cette fichue croissance ?
On a déjà oublié le choix d’une croissance sélective. On en reviendrait bien au vieux slogan capitaliste : pour créer, il faut détruire l’ancien. Quitte à inviter les talibans pour un peu casser de la vaisselle ancienne.
D’ici un an, les socialistes seront tous seuls pour expliquer pourquoi l’électeur sera baisé, comme du temps de l’UMP.
C’est déjà par gloutonnerie du pouvoir que les écolos ne font pas trop du bruit autour de la politique des centrales nucléaires, cependant on les sent nerveux. D’ici à ce qu’ils relâchent dans la nature Eva Joly, il y a encore de la marge, mais il ne faudrait pas que Hollande traîne trop.
Les traités européens signés pour les efforts d’assainissement, il ne reste plus à Hollande que des orientations de la France à l’intérieur même des traités. Par exemple, faut-il accroître la mondialisation ou bien amorcer une démondialisation, par des taxes dissuasives ? On voit bien le dérisoire de la marge de manœuvre, quand les autres pays de l’union pensent autrement ou, même pire, lorsqu’Angela Merkel à elle seule, entraîne la majorité européenne.
Même si Hollande a été prudent dans ses promesses, tout au long de la campagne présidentielle, il ne peut passer outre aux pratiques du marché : la concurrence est une chose naturelle qui lie les entrepreneurs à certaines pratiques. Le souci de la compétitivité amène les entreprises françaises à remplacer les travailleurs par des machines, et à les opprimer par des contraintes de production.
Une humanisation de l'économie a été promise. Comment concilier la morale et l’exploitation des travailleurs ?
A l'excès de délocalisations donnant lieu à la désertification industrielle, des mesures de protection sont à prendre.
Des débats se posent dans des conditions nouvelles, c’est Hollande qui l’a rappelé dans sa campagne : les techniques évoluent, le capitalisme lui-même connaît une mutation. Ce sont les mêmes interrogations et les mêmes défis que du temps du gouvernement Fillon, mais qui devront trouver des solutions originales acceptables pour le peuple.
La mondialisation n'est pas une loi de la physique ! C'est une construction politique. Ce que des partis ont décidé et construit, d'autres partis ont l’obligation de le changer, puisqu’il s’est établi un nouveau consensus sur une politique plus juste et plus sociale. Le politique doit intervenir pour lutter contre l'économie de casino et la spéculation financière et faire en sorte de refonder une concurrence sur d’autres critères.
Octobre sera le mois décisif. Celui où l’on verra plus clair. Les agences de notation l’ont bien compris. Elles attendent aussi.