Basic Instinct
Maroy et M’ame Demoulin retombent dans le copier/coller !
Le dimanche précédent, ils avaient fait des efforts. Le téléspectateur avait le choix entre deux sujets différents. J’avais résolu de leur lâcher la grappe en faisant l’impasse sur leurs élucubrations, amicalement neutre.
J’ai ouvert le truc juste pour vérifier sur « On refait le monde » si dans la reprise du rôle de Sharon Stone « Basic Instinct », Emmanuelle Praet irait jusqu’à croiser et décroiser les jambes. Elle n’a pas osé tant sa jupe fendue sur le côté en offrait déjà beaucoup plus que d’habitude, pour la grande distraction de la clientèle de RTL-TVI.
J’avoue y avoir perdu dix minutes sans rien comprendre des débats, avant de m’étonner sur l’autre chaîne de l’écharpe gonflante de Kroll d’un orangé à faire mentir un sol irlandais.
Je rechute avec eux. Nos présentateurs vedettes ont le même programme et les mêmes « grands hommes » alignés sagement autour de la table !
Sujet commun : la piétaille assoiffée de petits mandats aux élections du 14.
Qu’est-ce qui les fait courir après l’emploi de conseiller payé à peine cinquante euros la présence dans les grandes villes ?
En réalité, tous ou presque sont les fœtus de grands personnages, donc petits momentanément par l’ombre projetée, en attendant que les vieux dégagent !
« Sang neuf ou attrape voix » et en second rideau « les provinciales », l’affiche du récital pouvait faire le match : qui des deux présentateur-trice phares incarnerait le mieux Blaise Pascal écrivant ses Provinciales à Antoine Arnauld !
Les Demaroylin auraient pu inviter des philosophes suivi d’un thé dansant avec Emmanuelle Praet.
Ils nous auraient parlé de l’impossibilité d’élire le meilleur, puisque ce choix est impossible, attendu que c’est le plus « en vue » qui gagne à tous les coups et que le plus « en vue » n’est pas nécessairement le meilleur.
On aurait bien rigolé et maté les jolies gambettes.
Mais non. Nos animateurs en avaient secrètement décidé autrement. Si au moins on savait où ils se voient pour se concerter, on saurait comment ça se passe : qui donne le coup de fil à l’autre, si Domino bois du sec et si Maroy met une cravate quand il est en ville.
Le système qui se voudrait le plus démocratique possible, l’est de moins en moins, puisqu’il est directement en prise avec le showbiz, que c’est la fusée éclairante qui dit tout et qu’ailleurs, c’est inutile d’aller voir à la bougie.
A part la grande satisfaction des imbéciles, à quoi ça sert de dépenser tant d’argent pour en arriver à n’élire qu’un personnel convenu dans une certaine fourchette politique ?
Est-ce parce qu’on a été procureur près des tribunaux, licencié de la Sabena, grand brûlé ou fifille d’un libéral qui fit jadis florès, qu’on a plus de qualités que quiconque ?
Il en faut bien qui se présente, dira Marcel Cheron, écologiste de profession. Certes. Mais les vocations se suscitent. Et ce n’est pas parce qu’on n’a pas envie ou que la route est barrée par des dents longues, qu’on n’est pas capable d’assumer ce « devoir ».
Allez rôder dans des comités locaux de parti avec des idées nouvelles, pour voir comment vous serez reçu !
Tous les récipiendaires adoubés vous le diront, les partis adorent les stars, les gens du people, les héros d’un jour, toutes qualités ou défauts (l’ivrognerie de feu Papa) transmissibles sur plusieurs générations (les Melchior Wathelet), pour la seule raison qu’ils drainent des voix par ouï-dire.
Et pourquoi les drainent-ils ? Parce que beaucoup d’électeurs sont éblouis pour un rien et incapables de fixer leur attention plus de deux minutes sur des sujets importants et graves, alors qu’ils pourraient parler pendant deux heures du 2-1 de Standard-Anderlecht.
L’électeur réagit au patronyme, à la manie, à la gloire sportive, à une petite érection, la numéro 12 d’un club de hockey, Gaëlle Valcke, CDH doit en savoir quelque chose.
Mais bon sang, quand on est aussi belle, qu’est-ce qu’on en a à foutre de perdre son temps sur les bancs de conseillers ? Rien qu’à voir la gueule de Willy Demeyer à Liège, en sachant qu’il va être réélu, il ferait ficher le camp à un hareng-saur par les égouts de la place du Marché !
Un match « basic instinct » entre Emmanuelle Praet et elle, voilà qui aurait fait élire mademoiselle Valcke à coup sûr, même si Emmanuelle a le plus beau galbe (ce que je crois), si tant elle veut absolument gâcher sa jeunesse !
Reste à trouver une qualité people à Cheron. L’homme qui rend les plateaux qu’il fréquente aussi ennuyeux que possible.
Il fallait voir Cheron sourire dédaigneusement à l’intervention de son voisin du PTB, le candidat Hellebouw, pour comprendre ce qu’est la notoriété du penseur par la profondeur du regard malicieux.
Marcel Cheron fait « intelligent », c’est son « basic instinct » à lui. Il suffisait donc à Ecolo de l’exposer le plus longtemps possible à la caméra pour que le public s’en aperçoive, puisque « faire intelligent » supplée largement à être intelligent.
Comme quoi, Demoulin-Maroy ont encore beaucoup à apprendre de Marcel Cheron, l’homme qui fait intelligent sans qu’on sache s’il l’est.