Mister cash !
On l’a bien lu dans les gazettes :
Le béton de Tihange 2 dégradé en profondeur « Le réacteur de la centrale nucléaire Tihange 2 a des problèmes de béton. Le réacteur étant éteint, aucun problème de sécurité n’est à signaler. »
Voilà ce qu’on pouvait lire début septembre.
Fin de cette semaine Het Belang van Limburg et la Gazet van Antwerpen affirment que l’Agence fédérale de contrôle nucléaire (AFCN) va donner en octobre le feu vert au redémarrage des centrales nucléaires de Doel 3 et Tihange 2 !
Pourtant, l’enceinte de confinement en béton armé présente des signes d’effritement avancés.
« Le phénomène, constaté il y a plus d’un an, est clairement plus grave que prévu. D’une dégradation sur moins de 10 centimètres, on est désormais passé à un effritement qui pourrait atteindre 30 cm de profondeur. »
On voit bien que l’enjeu n’est pas la sécurité des villes et villages entourant des réacteurs, mais celle de faire du courant à tout prix avec l’accroissement chaque année des demandes à la période d’hiver.
Depuis les années soixante à partir desquelles on a mis au point des centrales à énergie nucléaire, on a minimisé deux problèmes. Le premier celui de la sécurité et le second celui du démantèlement après usage.
Deux événements ont marqué les esprits qui restent frappés depuis, c’est l’implosion de Tchernobyl et le tsunami de Fukushima. Le premier répond au risque interne et le second au risque externe.
On a beau rassurer les riverains, Tchernobyl était une centrale du premier type avec des techniciens ivres la plupart du temps. Cela fait froid dans le dos quand même d’habiter à 10 voire 30 km d’une monstrueuse énergie que nul ne pourrait maîtriser en cas de catastrophe intérieure.
Les plans d’évacuation sont ridicules. On ne peut pas déplacer deux cent mille personnes comme ça, d’une heure à l’autre, ni même en un mois. Les plans sont d’autant inapplicables qu’ils omettent de prendre en compte l’effet de panique.
Mais, il y a pire. Aujourd’hui encore personne n’a de solution pour démolir une centrale nucléaire et rendre l’environnement immédiat du réacteur à une vie normale. C’est toujours la solution Tchernobyl qui prévaut. C’est-à-dire qu’on construirait un sarcophage autour du réacteur avec défense d’y pénétrer pendant plusieurs centaines d’années.
L’expérience de Brennilis en France d’un démantèlement est loin d’être concluante. On a bel et bien construit un sarcophage comme à Tchernobyl pour les parties vives.
C’est, ce qui s’appelle donner à nos descendants lointains le soin de débarrasser le sol de nos merdes.
Les pères de l’ère nucléaire détenaient dans leur certitude un bel optimisme, celui de construire un machin qu’on ne saurait déconstruire sans faire plus de progrès dans l’art de la démolition que l’on en avait mis dans celui de la construction. On comptait sur des as de la physique pour nous en donner les moyens.
On voit le résultat un demi-siècle plus tard.
Les progrès ont été considérables dans l’aventure nucléaire. Le fin du fin s’arrête à Cadarache. La France y a investi des sommes considérables, le site est toujours top secret et expérimental. Il est même question d’arrêter les frais.
La Belgique n’échappe pas à la folie des Américains de faire du cash à n’importe quel prix. Tout ce qui est bon pour l’industrie et le commerce est bon pour l’Amérique.
On détruit la planète, mais c’est bon pour l’Amérique. On joue avec le feu nucléaire, mais c’est bon pour l’Amérique, etc.
Nos entrepreneurs libéraux sont sur la même longueur d’onde.
Sauf que faire du cash a quand même une limite. Par exemple, est-ce que Didier Reynders serait d’accord de construire une centrale nucléaire à Uccle, juste à côté de son garage ?
Dans une agglomération bruxelloise qui compte un million d’habitants, une centrale s’impose pour faire du cash ! Le maître du rentâââble ne serait pas contre tout de même !