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Sylvio et la justice

.Ça se passe en Italie. Est-on sûr que ce ne serait pas le même scénario en Belgique ?
L'ex-chef du gouvernement italien Silvio Berlusconi a été condamné vendredi 26 octobre en première instance à 4 ans de prison ferme pour fraude fiscale dans l'affaire Mediaset, une peine assortie d'une interdiction d'exercer toute fonction publique pendant trois ans, a annoncé le tribunal de Milan.
Que les âmes sensibles se rassurent, tout de suite le cavaliere a vu sa peine réduite à un an, car il a bénéficié d'une amnistie pour trois années, a annoncé aussitôt le tribunal de Milan. Le M’as-tu-vu du siècle a obtenu l'atténuation de sa peine en vertu d'une loi d'amnistie datant de 2006. Dans ce procès, où dix autres personnes outre Silvio Berlusconi étaient poursuivies, le tribunal a de plus condamnés les accusés à verser 10 millions d'euros à titre d'avance au fisc italien.
Quelques autres procès l’attendent. Dans la collection, le plus médiatisé est le Rubygate (prostitution de mineure et abus de pouvoir). Il est accusé d'avoir rémunéré Ruby, de son vrai nom Karima El Mahroug, mineure marocaine, en échange de prestations sexuelles entre janvier et mai 2010. Et d'avoir fait pression sur la police de Milan afin de la faire libérer après son interpellation pour un vol fin mai 2010.
Tous les autres chefs d’accusation porte sur des fraudes fiscales, des subordinations de témoin, des faux bilans, etc.
D’appel en cassation, les avocats du roublard maffieux finiront par sortir Berlusconi d’affaire par extinction des accusations au prétexte de hors délai.
On pourrait se demander où les Italiens avaient la tête en élisant un homme pareil !
Sans doute la classe politique italienne ne vaut pas cher et ce choix en dit long ; mais, c’est surtout du côté des lois, jamais appliquées contre certains délinquants, et des hommes qui sont chargés de faire fonctionner l’appareil judiciaire, qu’il faut aujourd’hui regarder.
Le mal est ancien. Dans son roman, La Maison Nucingen, Honoré de Balzac écrivait déjà « Les lois sont des toiles d’araignée à travers lesquelles passent les grosses mouches et où restent les petites. »
Les citoyens n’exercent pas un droit ou fort peu : celui d’entrer et de sortir de toute audience publique qui n’est pas frappée d’huis-clos : d’aller sur place voir fonctionner la justice.
Ils seraient tout de suite au fait rien que dans le ton des juges selon qu’ils s’adressent à des avocats et à leurs clients ayant un quelconque renom ou à des individus dont, du premier coup d’œil on voit l’état de pauvreté.
Les prisons sont pleines d’individus qui ont commis des forfaits beaucoup moins graves que ceux que l’on reproche à Berlusconi.
Si tous avaient les moyens dont le cavaliere dispose, il n’y aurait pratiquement plus personne à l’ombre. Les prétoires seraient engorgés et les juges débordés.
On voit par là combien les recours soi-disant mis à disposition des pénalistes n’ont été coulé sous forme de loi que pour une certaine catégorie de gens aisés et dans certaines longues procédures, à l’usage exclusif des richissimes.
De tous les droits qu’offre – en principe – la démocratie aux citoyens, celui d’être jugé impartialement et selon l’aboutissement de toutes les procédures suspensives, est le plus controversé et le plus faux ! Le plus injuste aussi qui place le justiciable sur un pied d’inégalité devant elle, selon son état de fortune.
Le comble, le pouvoir judiciaire déjà si peu compatible avec une réelle démocratie est en plus soutenu par un autre pouvoir qui dépend de lui, le pouvoir de la police.

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L’ambiguïté de la police est d’être en principe une autorité soumise au système judiciaire avec pour fin la règle du droit et, en même temps, une agence de contrôle social ayant pour fin l’ordre et la surveillance. Cette deuxième fonction tend à lui transférer la charge d’apprécier ce qui est conforme à l’ordre et ne l’est pas (Yves Michaud).
La police, auxiliaire de la justice, est aussi une institution qui procède à une justice sans procès.
Le citoyen lambda est bien mal parti dans une démocratie pareille pour y être éventuellement jugé avec « équité » !
D’autant qu’avec l’insécurité dénoncée tous les jours dans les journaux, la justice et la police en complet accord avec le gouvernement, ont comme objectif le contrôle complet de la vie sociale.
Sacré Berlusconi !... le voilà devenu, malgré lui, le révélateur – s’il en était encore besoin – d’un rouage du système qui concourt à sa mauvaise réputation.

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