Comme un vol de gerfauts...
Revenir sur certains détails du budget bouclé, les accents triomphalistes de Di Rupo et les jérémiades des artisans commerçants, les fausses colères des syndicats pour faire plaisir au peuple, à quoi cela sert-il, à quelle valeur du socialisme se réfère-t-on pour applaudir ou pour siffler ?
Aucune !
La crise économique, le retour sur certains droits sociaux, bref, le constat d’une réalité, celle d’un monde capitaliste que les socialistes suivent comme un petit caniche son maître, font que les socialistes sont devenus les champions de la croissance et des budgets tirés à quatre épingles sur notre peau.
On ne les savait pas économistes orthodoxes ! Les habitués des Maison du Peuple, enfin ce qu’il en reste, pourraient très bien tenir leurs assises dans les salles de réunion des banques !
On le croirait volontiers dans la poursuite d’une politique que les libéraux adorent et à laquelle les socialistes applaudissent à deux mains : celle d’un écart de plus en plus grand entre les revenus et avantages. Avec ceci de particulier que les socialistes sont aux premières loges pour que cet écart s’accroisse jusqu’à prendre des allures inquiétantes.
L’écart entre le salaire minimum et le salaire d’un parlementaire dans sa globalité, c’est-à-dire augmenté des indemnités de fonctionnement de secrétariat, primes diverses et défraiements du genre « notes de frais » qui était de six fois le salaire minimum en 1960, est actuellement en moyenne de douze fois !
Tout cela pour m’étonner que dans le budget 2013, aucune économie n’ait été réalisée dans le fonctionnement du système politique dit démocratique.
Si l’on se réfère aux déclarations des libéraux et du CDH, c’est bien ainsi que le budget devait être construit pour leur accord : sans toucher à un seul des avantages d’un parlementarisme de confort et d’aisance bourgeoise. Et sans l’avoir précisé à leur tour, on avait compris que le PS se ralliait entièrement à ce point de vue.
Le comble, c’est qu’on n’entend aucun murmure dans les rangs de madame Demelenne et monsieur Bodson de la FGTB sur des économies de fonctionnement du régime parlementaire dans ses plus hautes sphères qui vont de soi, quand les travailleurs de ce pays font ceinture.
Le récent scandale dénoncé dans la presse de l'ancien parlementaire flamand Francis Vermeiren (Open Vld) qui va recevoir une indemnité de départ de 522.500 euros, nous fait souvenir du petit paquet d’euros que José Happart avait empoché à son départ de la Région wallonne, déjà pourtant à la dèche. Francis Vermeiren ne sera pas le seul à toucher une prime aussi élevée lors de cette législature. Selon les journaux, Jaak Gabriëls (Open Vld), Gilbert Bossuyt (sp.a) et Louis Bril (Open Vld) toucheront ainsi chacun 417.000 euro.
Cette indécence persiste en ces temps de misère, et avec un premier ministre socialiste à la manœuvre, sans parler des Régions où les ministres et les notables ne valent pas mieux.
On se fiche vraiment des gens.
Par de simples mesures, sans toucher aux fonctionnaires des catégories où les rémunérations ne s’envolent pas, en mettant un peu d’ordre aussi dans les pensions supérieures en les ramenant à un plafond raisonnable, en cessant de jeter l’argent par les fenêtres en dépenses de prestiges, par exemple cette ridicule course à l’échalote entre Liège et Astana qui nous vaut une facture de plusieurs centaines de milliers d’euros au niveau de la gestion d’une ville qui ne se gêne pas d’aligner des centimes additionnels aux déclarations d’impôt de ses citoyens, la gare prétentieuse de Mons qui n’est pas encore en chantier, les missions à l’étranger, la famille royale, sans toucher à rien pour le reste, on bouclait facilement le budget 2013.
Alors, qu’on ne me parle plus d’économie, du souci d’épargner les travailleurs modestes, les petits pensionnés et ceux qui sont malades ou chômeurs.
Les gens qui nous gouvernent sont des monstres de duplicité et d’égoïsme. Le malheur, c’est qu’ils sont aux commandes, dans un système qu’ils ont imaginé tel qu’il paraît difficile de leur demander des comptes, ou de les siffler, quand ils exercent leurs talents d’escrocs en public. Même la FGTB est de mèche !
C’est dire qu’on est mal parti…