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Ahchounimek

Issue d’un parti socialiste tourneboulé par son impuissance à changer la société, Fadila Laanan, ministre exotique de la culture, représente la fausseté de l’idée qu’un mélange des cultures améliorerait la nôtre.
J’ai du respect pour les cultures étrangères, l’arabe, l’anglaise, la russe, l’allemande, et celles que je ne cite pas, faute de place. Elles nous ont apporté beaucoup.
Le tort des prospectivistes du PS est de faire un pot-bouille des cultures et de croire ainsi renforcer la française.
Comme si dans ces temps de confusion, la babélisation provoquerait chez nos concitoyens un regain d’intérêt pour ce qui permit, jusqu’à hier, de progresser dans les domaines de l’intelligence.
Ce qui se passe est gravissime.
Ce qui pique les associations artistiques subventionnées tient dans le rétrécissement de l’aide accordée par l’Etat. Où Fadila Laanan entre pour quelque chose dans le délitement, c’est dans la décision de subventionner telle troupe de théâtre plutôt que telle autre.
L’activité artistique subventionnée l’est sur décision de l’autorité en fonction, et est, par conséquent, privée de la liberté d’expression.
La discrimination est telle, qu’il vaudrait mieux que toute subvention disparaisse ou alors que la dotation échappe au contrôle de l’Etat, sans tomber dans des mains partisanes.
Les orchestres philarmoniques et les théâtres lyriques pompent à eux seuls le plus gros du budget. Ces institutions qui expriment une forme d’art spécifique sont loin de représenter l’ensemble des artistes, y compris même dans leur spécialité.
La différence entre l’interprète et le créateur est énorme. L’interprète est archi subventionné. Le créateur ne l’est pratiquement jamais. Et quand il l’est, c’est qu’il a prouvé qu’il était en harmonie profonde avec le pouvoir en place.
Une société comme la nôtre toute orientée vers l’argent est une société matérialiste nuisible à toute création libre.
La situation est dramatique. Les acteurs politiques décident quel est l’artiste, quelle est la troupe, quel est l’orchestre qui peut survivre par les subsides.
Les subventions vont à une forme d’art appréciée par les bourgeois, sur des thèmes consacrant la réussite par l’argent !

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Les gens ne savent plus rien de leur passé culturel et les fils du Maghreb, venus en masse chercher fortune, n’ont trouvé qu’un pain amer chez nous.
Une lente maturation, comme un compost malsain, ruine l’ensemble des cultures.
L’absence d’intérêt pour nos philosophes, nos littérateurs, nos poètes, n’est que le produit d’une tragique attitude des ministres concernés, ceux de l’enseignement surtout, en priorité à cette caricature de la culture actuelle que nous trainons comme un boulet.
Or, ce qui était déterminant jadis pour une évolution sociale progressiste, l’est plus que jamais aujourd’hui, sauf que nous n’avons plus les repères qui, des contes légers aux textes à l’esprit fort, ont du siècle de Louis XIV à celui des Lumières, préparé les Révolutions des XVIIIme et XIXme siècles, dont nous sommes les enfants abêtis.
Le progrès dans les techniques, s’il a profité aux sciences, s’est mal adapté aux grands textes et à l’Histoire.
Evidemment, les fonds de bibliothèque sont restés dans les mémoires électroniques et sont consultables ; mais, qui les consulte ? A-t-on jamais fait le moindre effort chez Fadila Laanan et Simonet pour exploiter les trésors ?
Quand on n’a pas la clé d’une porte, très peu la force par curiosité. La plupart se contente de savoir qu’elle cache quelque chose, sans plus.
Le tweet de la ministre (les artistes pauvres) est imbécile et maladroit, ce n’est sans doute pas ce qu’elle a voulu dire. Il est douloureux de penser qu’une ministre de la culture n’ait pas été capable d’exprimer correctement sa pensée.
Les milieux intellectuels – enfin officialisé comme tel d’abord par eux-mêmes – ont fait des mathématiques l’essentiel de ce qu’il faut apprendre, non par amour pour cette discipline, mais parce qu’elle est – dans leur esprit – le moyen de gagner de l’argent. On doit à cette aberration de l’esprit 50 % des échecs scolaires dans le secondaire.
On prive ainsi notre société des littéraires qui lui sont nécessaires, autant, sinon plus que des mathématiciens.
La pauvreté intellectuelle des universitaires, dès qu’ils quittent leur discipline, est consternante.
Cela revient à dire que l’échec ressenti actuel n’est pas celui des classes les plus pauvres de la société, mais l’échec de tous.
Fadila Laanan n’est que le triste fleuron de cette médiocrité.
Une langue ne s’enrichit pas des mots d’une autre langue. Elle s’en appauvrit, puisqu’elle est incapable de produire l’équivalant et de le répandre. La plupart des mots venus d’ailleurs sont déjà les fruits d’une insuffisance originelle de ceux qui les profèrent. On voit poindre le rachitisme intellectuel fin de race qui en résulte.
On assiste même parfois à un curieux va et vient. On emploie un mot d’une autre langue, sans savoir que cette autre langue nous l’avait emprunté jadis.
Tout se tient, à culture générale élevée correspond une société tournée vers les arts, et l’innovation artistique sous toutes ses formes ; mais aussi, une société qui ne s’en laisse pas conter par nos faiseurs de pluie ou de beau temps que nous prenons, à tort, pour des amis.

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