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Et la liberté d’expression ?

La Presse a beau faire des mamours à Google et paraître en journaux électroniques, en même temps qu’elle se fait payer ses opérateurs par de la publicité et qu’elle draine quand même des lecteurs potentiels vers le papier, voilà que ce n’est pas suffisant et qu’elle suggère une taxe de l’utilisateur de la Toile pour consolider ses comptes !
Google, moyen de communication unique au monde, universel et bon marché, est-il en trop pour l’industrie libérale ?
Déjà l’année dernière, les cinéphiles ont été empêché de capter des films pour des raisons liées aux producteurs de cinéma. Cela n’a pas traîné et sauf manipulations électroniques que j’ignore, les sites donnant accès à des cinémathèques en ligne ont été supprimés.
Or, le problème est culturel.
On aurait pu trouver une solution tendant à mettre gratuitement à la disposition des internautes, des films sortis il y a plus de dix ou douze ans. Ainsi, les salles de projection, sauf celles d’art et d’essai, ces dernières largement subsidiées, n’auraient pas souffert de cette interdiction.
Comment se procurer aujourd’hui des films en noir et blanc et des films des débuts du technicolor, c’est-à-dire couvrant une large période allant de 1920 à 1980 ? A part certains films de grandes diffusions que l’on trouve dans les bacs et d’autres, cultes, qui passent encore dans les salles, c’est toute une connaissance des premiers films parlant, avec des acteurs disparus, des premiers essais de coloration et de dessins animés, comme « Blanche Neige » et les premiers Mickey, qui passent sous le nez des amateurs.
Même Fadila Laanan y aurait retrouvé les premiers nounours qui font l’essentiel de sa culture.
Après l’atteinte à la curiosité du cinéphile, voilà qu’on veut priver l’internaute d’une information politique qui est à la base de toute citoyenneté consciente, en faisant payer la lecture des journaux en ligne !.
Bien sûr, il y a des journaux déjà payants, comme MEDIAPART. Ce qu’on reproche à la diffusion de l’information sur la Toile, c’est qu’elle n’est pas partout payante, même si des journaux usent en partie de la formule MEDIAPART qui consiste à tronquer les articles afin que le lecteur passe du côté du journal payant, en ligne ou papier.

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Si la presse va mal, c’est parce qu’elle souffre d’un phénomène inquiétant : le lectorat s'affaiblit. Les gens ne jugent plus opportun de lire et de s’éduquer par la lecture. Pourtant les publics et les utilisateurs de la Toile sentent toujours le besoin de s’informer. Ce qui ne leur donne plus envie de le faire, c’est la platitude de l’information et son caractère uniforme et généralisé. La presse d’opinion s’est rétrécie comme une peau de chagrin.
Quand on pense que la seule province de Liège comptait avant-guerre une bonne douzaine de journaux régionaux qui n’avaient pas peur de prendre parti, même si déjà la presse tenue en laisse par des industriels de droite, faisait la vie dure à des journaux d’opinion généralement à gauche.
Autre signe de l’intégration des socialistes dans le système capitaliste bourgeois, François Hollande serait favorable à taxer Google.
Je n’ai évidemment aucune raison de me montrer « indulgent » par rapport au fric que Google parvient à se faire sur la Toile ; mais, nul n’ignore que celui qui détient le pouvoir industriel de la chose peut très facilement répercuter cette taxe sur le dos des consommateurs.
Et qui est le dindon de la farce en fin de parcours ?
Chercher à lutter contre l’espèce de monopole de Google est une chose, prendre les utilisateurs en otage en est une autre.
« Nathalie Collin, coprésidente du groupe Perdriel (Le Nouvel Obs notamment), envisage de réformer le droit d’auteur pour créer un droit voisin sur l’indexation des contenus en étendant le Code de la propriété intellectuelle aux articles de presse publiés en ligne. Concrètement, le moteur de recherche devrait rémunérer les éditeurs de presse pour chaque mise en avant de leur contenu sur son service Google Actualités, voire sur Google tout court. »
C’est ainsi que si une telle loi était votée, ce que je viens de mettre entre parenthèse et qui est une citation tirée d’un journal en ligne, me coûterait des royalties en, tant que Droit d’auteur à payer au diffuseur du texte.
Mais l’inverse, à savoir un texte d’un particulier piqué par un journaliste sur la Toile et « arrangé » par lui, afin d’être vendu sous son nom dans un journal ne serait pas payé à l’auteur.
Il m’est arrivé bien souvent en lisant des articles de presse traitant d’économie et d’économie politique de retrouver des phrases entières piquées de « Richard III », comme il m’arrive aussi de m’inspirer de tels arguments qui me paraissent justes et fondés d’un économiste dont j’ignore le nom.
On sait l’imposture qu’il y a derrière « le droit d’auteur » et l’enrichissement des sociétés de droits d’auteurs, justement au détriment des auteurs, pour se méfier des initiatives en la matière.
Nous avons une ministre de la culture à côté de ses pompes (c’est pourquoi elle convient très bien aux officiels de la culture) et aussi un Di Rupo à la recherche de taxes supplémentaires, pour craindre qu’un jour des blogues actifs sur l’actualité doivent fermer boutique acculés par de nouvelles dispositions fiscales.
Ce serait un comble pour ceux qui font l’effort de dire ce qu’ils pensent et parfois de façon pertinente dans l’impertinence et qui y vont de leur poche pour ce faire, de renflouer les caisses de l’Etat avant celle des journaux, au lieu d’en percevoir pour le travail qu’ils accomplissent.

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