Quand les PS touchent à l’infâme !
J’avais en tête un sujet d’un soir parmi tous les autres soirs, propice, peut-être, d’actualité, comme la plupart du temps : un incendie qui ensanglante un pays pauvre.
Puis, j’ai trouvé dans les pages « idées/économies » du n° 814 de Marianne, un article d’Hervé Nathan consacré au livre de Bernard Maris « Plaidoyer (impossible) pour les socialistes », Albin Michel, 28 euros.
Je n’ai pas lu le livre ; mais, ce qu’en dit le critique me donne tout à fait envie de passer chez Pax, dès demain.
Il y a la gauche, enfin celle qui se dit ainsi, qui collabore « pour un changement de société » avec le capitalisme, et l’autre, celle qui n’est jamais au pouvoir et qu’on dit utopique.
Entre ces deux là, c’est aussi irréconciliable que Copé et Fillon à droite, sauf que la gauche qui dit « oui » et celle qui dit « non » n’ont jamais fricoté ensemble, sauf peut-être Mélanchon, obligé pour se faire pardonner ce moment d’égarement, de se rattraper par la suite.
Parmi les économistes, il y a aussi ce fameux clivage. Ceux qui sortent des bonnes écoles et qui finissent dans les banques ; ils sont invités à nos télévisions et radios nationales ; les autres, ceux qui sortes des mêmes écoles pour prendre un autre chemin, on ne les invite jamais. Ces derniers prêchent dans un désert. Ils prédisent que le foutoir capitaliste va se casser la gueule ; mais, tout le monde s’en fout.
Ici, nous avons un vrai socialiste qui a essayé d’être juste pour dire ce qu’il pense, sans faire de la lèche pour une gauche ou pour une autre.
Résultat, Bernard Maris écrit exactement un complément à ce à quoi je réfléchis depuis plusieurs années, comme en attestent tous les blogues qui de jour en jour et des milliers de fois, n’ont jamais varié.
« A l’heure où le PS est de retour aux affaires – écrit Hervé Nathan – après dix années d’éviction, remercions Maris de nous remettre les idées en place. Oui, décidément le socialisme est tout aussi mort que le prolétariat. La preuve ? Il ne fait plus qu’accompagner le capitalisme, au point qu’on ne distingue plus les programmes du PS avec ceux d’une droite bien tempérée. »
Voilà qui est également vrai pour la bande de Di Rupo aux affaires, comme la suite l’est tout autant : « Le socialisme est malade d’une affection mortelle appelée « économisme ». Car le mouvement, qui voulait libérer l’humanité, s’est bel et bien noyé dans le taux de croissance et les taux de chômage, alors qu’à l’origine il n’avait pas vocation à la gestion, mais à l’émancipation. »
Bernard Maris pense que le dernier vrai socialiste français est Léon Blum. Depuis plus personne, plus rien, que la recherche effrénée de l’équilibre budgétaire.
Si on devait chercher le dernier vrai socialiste en Belgique, peut-être faudrait-il remonter encore plus loin ?
La question qui reste posée est bien celle que pose le journaliste et qu’on peut traduire ainsi : - si l’on ne peut définitivement rien faire avec le capitalisme, il faudra bien un jour qu’un autre parti de gauche nous donne à lire le plan crédible d’un autre programme.
Evidemment, Bernard Maris n’a pas répondu à cette question dans son livre.
Mais, en y regardant à deux fois, le PS est un parti de pouvoir se disant de gauche, qui n’a pas d’autres plans que ceux de la droite, qu’il prend et reprend sans cesse, s’en accommodant et s’en délectant au point de s’approprier des mesures qui touchent à la pérennité du système capitaliste.
Avant de jeter hâtivement ces lignes sur la Toile, j’avais songé faire quelque chose à propos de l’incendie d’un atelier de couture et confection au Bangladesh (1) dans lequel périrent des dizaines d’ouvrières. Deux détails sont particulièrement révoltants, en-dehors des salaires de misère de toutes ces femmes qui le sont tout autant, on a retrouvé le carnet de commande rempli des noms prestigieux de la mode française (2) et dernier détail, il y eut beaucoup d’ouvrières qui périrent dans l’incendie, parce que les contremaîtres avaient fermé les portes quoique l’heure de la fin de la journée de travail avait sonné, au motif qu’une commande urgente devait absolument être terminée ce jour là !
J’aurai donc ce soir écrit deux blogues en un.
C’est encore le fait-divers du sous-continent indien qui illustre mieux l’infamie dans laquelle sont tombés les socialistes d’Europe.
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1. Il ne s'agit pas de l'incendie de Karachi, mais d'un incendie similaire, raconté sur France Inter par Daniel Mermet.
2. Dans cet atelier, toutes les pièces de vêtement, pantalons, vestes, manteaux vendus parfois des centaines d’euros dans les magasins parisiens sont comptés invariablement à 5 euros l’unité de fabrication !