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Plan et rataplan chez Rossel.

Les Editeurs de journaux devraient le savoir, on ne peut plus vendre un journal qui distille de la nouvelle orientée – mais qui ne veut pas dire son nom - et pire, qui ne tient pas compte de l’opinion des lecteurs.
D’autant que le groupe a fait l’expérience du plongeon du journal La Meuse à Liège à peu près pour les mêmes raisons, mais sans avoir, comme aujourd’hui, Internet et les internautes aux fesses.
Des origines à nos jours, la presse a beaucoup évolué et changé surtout dans les motivations des propriétaires. Pendant longtemps la passion d’informer était à égalité avec celle de donner le point de vue du journal. Au moins, le lecteur n’était pas trompé par l’emballage. Les propriétaires étaient souvent des journalistes qui avaient réussi ou des pamphlétaires qui se ruinaient afin de pouvoir écrire des articles de conviction.
En 2012, les détenteurs des capitaux font de l’information comme on tient une épicerie. Ils nous vendent « une marchandise » qui sent son origine. Les buts qu’ils poursuivent, s’ils sont mal définis, tournent autour des positions acquises et des profits à en tirer. Rossel ne va pas nous vendre une autre information qui redynamiserait peut-être les ventes, mais qui serait contre ses intérêts de classe.
Cette vision de l’information en rétrécit singulièrement la pensée. Elle commence par la sélection des journalistes. Des idées bien bourgeoises, le sentiment d’appartenir à un pays global, une dynastie, appréciant l’Europe, ayant sur la crise des idées libérales, un journaliste privilégiant le dialogue respectueux des élites, voilà les critères d’un engagement de base.
Je ne dis pas que tous sont pétris des « qualités » maisons, mais tout au moins ils doivent en montrer l’apparence et s’efforcer d’en donner la preuve tous les jours dans leur travail. Certes, les tâches du plus grand nombre ne sont pas éditoriales. Dans le fait-divers, le commentaire personnel n’est qu’insidieux et superfétatoire, mais ne serait-ce que par un mot, une virgule, trois points de suspension, la façon de montrer les choses est assez importante pour que le ton général du journal soit perçu par le public.
Aussi, peut-on plaindre les gens qui ont quelque chose à dire, de gagner leur vie dans un journal comme Le Soir, La Dernière Heure ou La Libre.
C’est tout le drame de la presse belge !
Alors que le pays foisonne d’esprits libres, d’économistes originaux, de philosophes en marge, de fins politiques non engagés, ces commis d’Etat déguisés que sont nos journalistes n’ont en réalité qu’à suivre servilement « les élites » jusqu’au plus profond de leurs dérives petites bourgeoises. Seuls sont tolérés quelques bouffons dont le rôle n’est pas tant de faire rire, que de dédouaner les bourges du poids de leur censure.
Quant aux éditorialistes, les pires raccrochés à l’idée du patron, ils ne se sont pas aperçus que le monde bouge et est en train de changer.
Leurs idées datent de Napoléon III !
La presse belge est complètement déconnectée des gens. Le tragique malentendu a été de confondre événement people avec la tragédie d’une vie au quotidien.
Et ça, les gens le perçoivent très bien. Les ventes qui tombent en sont la conséquence directe.
Ceci dit, Rossel depuis 2009 en est à sa troisième purge. En diminuant le nombre de plumes, c’est une partie de la substance du journal qui file vers la sortie, un pas de plus vers la mort et la fermeture.
Sacré boulot et sacré métier en voie de disparition par raidissement du conservatisme de l’actionnariat et les pressions des annonceurs !
Malgré tout, on ne peut que se montrer solidaire avec le personnel malmené par Rossel et qui a décidé de ne pas faire paraître Le Soir, ce samedi.

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Ce troisième plan d’amaigrissement prévoit la suppression de 35 équivalents temps-plein, 31 employés et quatre ouvriers. Un tiers des départs pourraient s’opérer au sein de la rédaction du quotidien Le Soir. La rédaction de Bruxelles perdrait dix journalistes sur la petite centaine actuelle.
Effet immédiat de cette purge, Parmi les mesures de réduction de coûts figure la réduction de la pagination - le quotidien devrait passer de quatre à deux cahiers.
Autre effet, à plus long terme : la perte de lecteurs, évidemment, qui pour le même prix verraient le produit réduit de moitié.
Quand on sait que Rossel est sur les rangs pour racheter une partie de la presse méridionale française, on se demande si l’argent économisé en Belgique ne servira pas à réduire la dette que Rossel va contracter en France ?
A la direction, on trouve que les mesures d'économies "devront de toute façon être prises" et que cet arrêt de travail allait "aggraver la situation".
Didier Hamann, rédacteur en chef du Soir, après l’éviction de ce poste maquillé en démission volontaire de Béatrice Delvaux, a tout de suite trouvé le ton Mittal. Qu’en pense Bernard Padoan, président de la Société des journalistes professionnels du Soir ?

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