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La Marche de Radetzky

Les humoristes vont aiguiser leurs pointes et Pirette remettre ses bigoudis. L’humour de fin d’année est en stock depuis janvier, les livraisons sont attendues dès le 31 décembre. Histoire de passer le pont d’une année à l’autre, au-dessus des vannes ouvertes des préposés au rire.
On ne peut apprécier la qualité des produits de cette année qu’en vertu des livraisons des années précédentes, à vrai dire fort médiocres. Il n’y a aucune raison qu’une amélioration soit possible. Ce serait même dangereux d’innover en la matière. On rit par habitude, enlevez l’habitude, on ne rit plus !
Donc, on ne sera pas surpris. C’est ce que le gros du public demande.
On peut juste apercevoir en un léger frémissement, une sorte de mécontentement du rire, comme on est mécontent du chômage et de son bas salaire.
Le public ne rit plus de ses malheurs ou moins. Il a répondu à l’interrogation des censeurs « Peut-on rire de tout ? ». Pour lui, la réponse est non.
Les humoristes l’ont bien compris. Ils contournent la misère, slaloment pour éviter l’obstacle de se défausser sur les syndicats, le travail, etc. Ce n’est pas qu’on ne puisse pas en rire, mais il y a des rires qui font mal voir, ceux qui les déclenchent.
L’objectif final à atteindre de l’humoriste, n’est-ce pas son cachet ?
Un humoriste, comme n’importe quel bateleur, qu’il soit politicien ou chanteur de charme, a besoin du public pour vivre.
Se ficher de la tête des gens qui sont dans le malheur est un rire à risque. Rassembler une salle de trois cents masos devient difficile, par les temps qui courent.
A part ça, les gens qui font l’andouille pour vivre sont aussi nombreux sur scène que dans les entreprises.
Par exemple Bigard qui s’est spécialisé dans les blagues de cul, n’est-ce pas le type de la blague d’entreprise, encouragée même par la direction ? C’est difficile d’enchaîner sur le salaire du patron quand on vient de parler des fesses de Jade Forêt. Voyez comme elle a pu faire mal à Mittal, cette blague selon laquelle, même en enfer, ce type éteindrait des fours.
Plus on monte vers le Nord, plus le rire descend en qualité. Un Guillon ne peut pas rivaliser avec les Taloche, dès Charleroi.

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Ne parlons pas du rire quand on passe la frontière linguistique.
On croirait bien que la langue y est pour quelque chose.
Quoique nous ayons des humoristes de langue française en Belgique, ils pensent en flamand. Il faut dire que le public francophone, c’est pareil. Il a son traducteur : Marc Herman.
Les Flamands n’ont rien à craindre de l’influence française. Ce serait plutôt le contraire. Question humour, nous nous flamandisons.
Nos deux télévisions s’apprêtent à nous fournir le programme que nous méritons pour le deuxième Réveillon. Les ouvreuses de RTL sortent leurs robes du soir pour les repasser et changer un ruban défraîchi, celle de la RTB les portent depuis l’automne, personne ne l’avait remarqué.
On va donc se ruquiériser, se sébastianiser et se druckériser allègrement au son des tambours qui remplacent les humoristes. La parole donnant à réfléchir est de trop. Le rire qui ne se déclenche qu’après un temps de réflexion n’est plus de mise. Par contre le bruit fait tout. Impossible de dire qu’un tambour manque d’humour !
Et pour cause, dans certains cas, le rire demande de la culture, une bonne connaissance de l’actualité et des antécédents dans l’esprit de l’escalier.
Toutes choses qui se sont perdues. Savoir qu’on doit cette perte au système qui fabrique des imbéciles pour son usage du « tout à l’automatique », ne fait pas rire du tout.
C’est un peu le gagne pain des « bons » humoristes qui se brade. Heureusement pour la profession, un « bon » de perdu, c’est « dix » mauvais qui arrivent.

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