Silence !... on vole.
Tout le monde sait que la corruption règne dans tous les partis politiques d’Europe, sauf qu’elle s’arrête à nos frontières. La Belgique, grâce à la conduite exemplaire du gouvernement, est un temple de vertu !
Ce n’est pas ici que Transparency International demanderait à Elio de faire de la lutte contre la corruption une "Grande cause nationale" en 2013.
Vous avez compris, la corruption est surtout française. L’UMP en train de se dissoudre rongé par la triche et le mensonge, ce n’est pas chez nous qu’une horreur pareille arriverait.
Les affaires divulguées suite à l’assassinat d’André Cools ont été le signal d’un déclenchement salutaire de la morale publique ! Les péripéties à la ville de Charleroi des mandataires du PS, quelques années plus tard, ont été les derniers sursauts de la bête ! Dorénavant, une scrupuleuse honnêteté règne dans les partis, y compris le parti socialiste.
Je n’en voudrais pour preuve que la volonté de Di Rupo de maintenir des salaires exorbitants à la classe politique de haut niveau, cela sert uniquement à la prémunir de l’intention de voler dans les caisses. C’est bien pensé et prudent à la fois. Tant pis, si cette nécessaire précaution coûte quelques dizaines d’euros d’impôts de plus à chaque citoyen. L’honnêteté est à ce prix.
Il y a bien, quelques actes de délinquances, mais vite réprimés et qui sont surtout le fait de quelques isolés insatiables. Les dols n’étant jamais accomplis en bande organisée, comme jadis, on peut conclure que le taux de délinquance dans les partis est pareil au taux de délinquance général des milieux favorisés. Un riche ne s’amuse pas à voler peu et à se faire remarquer. Quand il s’agit de millions d’euros, la justice est plus timide... et personne n'est au courant !
La définition de la corruption de Transparency International : "le détournement à des fins privées d’un pouvoir reçu en délégation" ne concernerait donc personne en Belgique. Quand, par exemple une ministre, au souvenir des nuits torrides passées avec un ex, lui offre en cadeau de rupture, une place à vie à côté d’un chauffage central d’un ministère, cela ne s’appelle pas de la corruption, mais du piston.
Quand, au soir d’une vie bien remplie au service de tous, le bilan financier personnel est nettement favorable, qu’à cela s’y ajoute les extras et les succulentes notes de frais, la maison de campagne, etc… cela ne s’appelle pas davantage de la corruption, mais une juste contribution d’un travail austère et régulier, à la grandeur de la Nation.
D’une façon plus générale, lorsque Transparency International pointe "le manque d'indépendance de la justice financière en France", ainsi qu'une législation "inadaptée" à la sanction de la corruption, Di Rupo l’affirme, en tout humilité, la poursuite inlassable de la justice financière a été le seul souci des ministres des finances, dont le fleuron, Didier Reynders, est toujours au gouvernement, accomplissant son rêve d’enfant de faire de beaux voyages au ministère des affaires étrangères.
Les exemples foisonnent de l’énorme différence de vertu, entre les politiciens français et belges. A croire que le PS belge n’a rien à voir avec le PS français.
Rayon politique, la France est notamment "l’un des rares pays européens à ne pas rendre publiques les déclarations de patrimoine des élus", note l'ONG. "Depuis 1988, les élus ont l’obligation de transmettre, dans les deux mois suivant leur élection, une déclaration de patrimoine auprès de la Commission pour la transparence financière de la vie politique (CTFVP)", rappelle-t-elle. Un contrôle que la CTFVP reconnaît elle-même ne pas pouvoir mener à bien.
Chez nous, il n’est nul besoin de méfiance ! Puisque nos ténors sont honnêtes, pourquoi dépenser de l’argent pour des contrôles qui ne révéleraient que les scrupules de nos tribuns ?
On se souvient, qu’en son temps, José Happart avait refusé de déclarer son patrimoine. Renseignement pris chez l’intéressé, c’était tout à son honneur. La modestie de ses revenus, le ridicule de son compte en banque ne pouvaient que gêner, une fois publiés, des amis politiques en-dessous de sa condition et, pourtant, déclarant beaucoup plus. On voit par là les trésors de scrupule de nos admirables anciens.
Quant aux nombreux abus que Transparency dénonce, leur seule énumération nous convaincra qu’il ne pouvait s’agir que de la France, pays honteusement corrompu.
En voici le florilège puisé dans le Huffington Post.
« Concernant l'urbanisme local (comme à Tignes en mars 2012 quand un ancien maire a été condamné pour prise illégale d'intérêts...); les avantages en nature contre des marchés publics (comme en Seine-et-Marne quand un ancien maire a été condamné en 2012 pour abus de biens sociaux et favoritisme après avoir profité de milliers d'euros de frais d'hôtel, restaurants, ou travaux...); trafic de faux diplômes (comme en 2009 à l'université du Sud-Toulon-Var); marché public truqué (comme quand un ancien maire de Fos-sur-Mer a été condamné pour avoir échangé des informations confidentielles contre 300.000 euros), des emplois fictifs (on se souviendra de ceux de la mairie de Paris); favoritisme (comme en 2011 quand le président de la chambre de commerce et d'industrie de Guyane a été condamné pour avoir attribué un contrat à la société de sa compagne), détournement des fonds d'une association; abus de pouvoir de la police (comme la tristement célèbre BAC marseillaise) ou gendarmes conciliants contre bakchich; logements sociaux contre avantages en nature; pots de vin contre contrats à l'international (comme le groupe Safran condamné en septembre 2012); corruption d'un agent du Trésor public condamné pour avoir divulgué des données sur des locataires d'HLM à une société de recouvrement et proposé des effacement de dette contre des invitations au restaurant; vente de visas (comme aux services consulaires de Bulgarie, Afrique Centrale ou Côte-d'Ivoire) ou cadeaux contre faux papiers d'identité; soupçons de matchs truqués sur des rencontres sportives (souvenez-vous de "l'affaire Karabatic"); attribution de marchés publics avec des devis gonflés et falsifiés; abus de biens sociaux (comme le maire de Liévin condamné en octobre 2012); vol de personnes placées sous curatelle... »
On se rend compte de la chance qu’on a d’être Liégeois. Liège, ville qui a refusé d’employer l’enveloppe comme moyen d’être choisie à la place d’Astana, laissant aux corrupteurs l’organisation de la foire internationale de 2017.
Comme dirait Tartufe :
Et le mal n'est jamais que dans l'éclat qu'on fait;
Le scandale du monde est ce qui fait l'offense,
Et ce n'est pas pécher que pécher en silence.
Oui, ce silence-là la presse belge et le glorieux panel des honnêtes gens en ont fait un mérite. Nos élites sont les plus silencieuses du monde !