Ça décolle ou ça déconne ?
Pendant que Mittal nous amuse, la Banque Centrale Européenne poursuit sa politique qui ravit les banquiers, tout en marquant sa méfiance viscérale envers les gouvernements démocratiquement élus.
Ce sont les propriétaires, rudes en affaire, qui se croient toujours volés par ceux qu’ils emploient qui depuis leurs bastions : la Pologne, la Hollande, l’Angleterre, observent les obsédés des droits au travail et au salaire du Sud, qui sont malmenés par les fermetures et les déplacements d’activités.
Les pays compliqués comme la Belgique peuvent à tout moment donner la parole à un partageux issu d’un courant confiscatoire. Il ne s’agit pas de défendre Mittal, mais le principe de la propriété privée.
Jusqu’à présent, les velléitaires de Namur se sont arrangés pour maintenir dans le respect des lois, des travailleurs qu’on va bientôt dépouiller de leurs droits au travail. Nos ministres tiennent même des discours qui devraient les rassurer, sans faire peur à Mittal.
Le bastion avancé du capitalisme est aujourd’hui tenu par les socialistes !
C’est drôle, non ?
Déjà entravés en matière de politique monétaire comme en matière budgétaire, que craignent-ils encore ?
Une révolte contre les lois, contre le capital ? Ce serait en dépit du bon sens ricanerait Charles Michel, tandis qu’argumenterait Rudi Demotte, dans une même réprobation.
Quoique le FMI et l’Europe se soient trompés sur la rigueur qui n’est pas la potion magique qu’ils croyaient, l’équilibre budgétaire des pays de l’U.E. doit être atteint, excluant toute politique de relance augmentant la dette, pour laisser jouer à plein, la «stabilisation automatique».
Voilà où les élèves des grandes écoles aujourd’hui « casés » en politique nous ont conduit !
L’avenir immédiat sera sans politique conjoncturelle commune, aucun objectif de l’ensemble des pays ne sera défini en termes de croissance ou d’emploi, ensemble.
Ceux qui ont conduit l’économie au désastre actuel ne désarment pas.
Alain Minc, pas plus tard qu’hier, disait sentir une reprise s’amorcer. Selon notre ministre de l’économie, les banques anticipent sur les remboursements des prêts de l’Etat, sauf Dexia, évidemment qui boit la tasse pour tous les autres, réduisant à néant tout ce qu’on pouvait attendre de ces remboursements.
Les différences en matière d’économie entre les pays ne sont pas prises en compte. Les Commissaires de l’U.E. ne s’intéressent ni aux taux d’inflation, ni aux déficits extérieurs nationaux. Leurs objectifs ne tiennent pas compte des situations économiques nationales. Ce sont les douaniers de nos Etats qui ont ceci de particulier qu’ils sont payés pour faire entrer librement n’importe quoi et à n’importe quel prix, de préférence des produits douteux, mais pas chers qui ont le mérite d’être manufacturés ailleurs. Au pire, ils font des chômeurs, au mieux, ils font pression pour maintenir une politique des bas salaires.
C’est en ça que Minc sent un léger frémissement !
L’Europe des États conservant leur indépendance politique, mais ayant intégré une dépendance économique à la mondialisation, ça ne marche pas.
Quant à l’Europe sociale, n’en parlons pas. Par contre, l’Europe de la concurrence et de la finance s’est réellement affirmée.
La politique interne de l’Angleterre va peut-être nous débarrasser de l’Angleterre au niveau de l’Europe. Si cela se fait, ce sera avec un peu de nostalgie qu’on verra les Anglais faire ce que beaucoup souhaitent dorénavant voir venir en Belgique, sans l’oser espérer.
Le comble, c’est que le rôle néfaste de l’Angleterre qui a saboté l’élaboration d’une Europe plus sociale et plus intégrée, n’est même plus à l’ordre du jour en disant « bon débarras », c’est que les Etats ont pris le chemin voulu par les anglo-américains d’une politique du libre-échange et que – chose extraordinaire – ils vont finir par trouver la politique des Britanniques à leur goût et regretter leur départ.