Aprè les rois… la galette
En Belgique, que ce soit dans la presse, les journaux télévisés, les partis de gouvernement et les débats publics, on attend toujours quelque chose de sérieux, de circonstancié, d’argumenté et de productif d’une réflexion sur la crise qui a révélé la faillite de la théorie économique néolibérale.
C’est tout de même fort de mettre ainsi notre avenir à la merci d’un système à bout de souffle sans essayer de s’en prémunir ! Cependant, tout le monde voit bien que la société n’est plus la même, que – si l’on excepte des margoulins et les profiteurs – la misère guette, les classes moyennes s’effondrent. Ce n’est plus un écart passager et une lente reprise « perceptible » dans les milieux de la banque et de l’économie ; mais un séisme modifiant profondément un système – déjà critiquable avant 2008 – qui est aujourd’hui bon pour la casse.
Or, les discours des têtes de gondole qui se veulent rassurant font le contraire. Ils sont inquiétants parce qu’ils ne donnent pas l’impression que ceux qui s’adressent à nous ont conscience qu’on vient d’entrer dans le cycle final du système capitaliste. Et je ne parle pas des guignols du type Milquet, Delpérée ou Michel, j’entends bien des économistes et des spécialistes des questions de société des universités.
Juste avant la trêve du nouvel an, une émission du dimanche de Dominique Demoulin sur RTL pouvait laisser croire à une prise de conscience et de responsabilité des médias. Hélas ! elle n’a pas été confirmée à la reprise, cependant les sujets abordés par la journaliste en trois quarts d’heure auraient pu faire l’objet de plusieurs émissions du dimanche.
Refonder l’économie, dépasse un simple replâtrage, repenser la théorie économique dépassée ne se ferait pas à partir d’un mouchoir de poche comme la Belgique, mais pourrait être lancée par des Belges intelligents et perçue par l’Europe. Car si l’Europe est un désastre d’organisation, c’est quand même notre seule chance que le monde nous entende et réfléchisse à notre position par rapport à l’économie en train de sombrer. Faisant office de détonateur, nous pourrions aider l’Europe jusqu’à présent incapable de prévenir et de comprendre la crise.
Ceux qui prétendent que le sujet dépasse le citoyen ne connaissent rien à la démocratie, lors même que ce sont eux qui traitent les voix qui s’élèvent dans la population, de populistes !
Ce n’est pourtant pas difficile à comprendre que c’est la crise financière qui a rendu visibles les dérives de l’économie. Les économistes – enfin ceux qui se déterminent ainsi et qui ont le monopole de l’analyse en Belgique – ont des analyses totalement erronées. Ils ont cautionné la financiarisation et ont tenté de nous persuader (ils s’y obstinent encore !) que la dérégulation conduirait à un système financier stable !
On a encore en mémoire des textes toujours consultables, des déclarations mondialistes dont l’archétype est détenu par Alain Minc. Ce concept tragique est né, entre autres, d’un rapport du Conseil d’analyse économique de 2006 qui affirmait que le modèle restait les Etats-Unis et concluait à un "sous-développement financier de la zone euro" ! Alors que, justement, la crise qui a éclaté en 2008-2009 était au départ, essentiellement américaine !
Les piliers du temple de l’orthodoxie mondialiste capitaliste vacillent. Et qui fait pression sur les colonnes afin qu’elles tiennent encore un bout de temps ? Nos dirigeants politiques devenant le meilleur soutien des banques visant à la pérennité des choses, retardant les échéances et par conséquent, ruinant un peu plus les espérances d’un renouveau citoyen ! D’où un fort immobilisme, une peur d’aller contre des intérêts – énormes certes – mais de particuliers, spéculant à l’échelle des continents, poursuivant le rêve insensé d’être propriétaires du monde ! Le consensus mou des autorités politiques existe afin de conserver des positions parallèles à ce pouvoir économique mondial de particuliers. Ils restent à l’intérieur du système, dans le même cadre intellectuel d’avant la crise. Les économistes utilisent les mêmes outils et concepts – l’équilibre, la rationalité – croyant faire œuvre utile, alors qu’ils ne font que prolonger en l’état, ce qui ne sera plus bientôt qu’une ruine.