Avec tous mes vœux…
On ne peut pas commencer 2013 par les idioties lénifiantes que les chroniqueurs devenus tous des spécialistes en gastronomie nous assènent dans la semaine d’entre les deux Réveillons.
Il faudra bien reprendre conscience les 2,3, 4 jours de janvier qui succèdent au premier. La première question qui vient à l’esprit est claire : Où va-t-on ? Et si l’humour n’est pas tout à fait mort à la suite du déferlement de vannes de nos humoristes professionnels du premier jour de l’an, on peut se rappeler leur ancêtre Pierre Dac : « Dans quel état j’erre ? ».
Et là, on se heurte aux bavardages des économistes qui paraissent savoir tout, sauf ce qui va se passer, avec la grande question toujours pendante : La crise étant toujours là, se terminera-t-elle en 2013 et de quelle façon ?
Ce qu’on oublie de dire, c’est qu’elle a déjà fait tellement de dégâts depuis 2008, qu’une sortie de crise n’est réussie que si l’on répare ce qui a été cassé et qu’on se prémunit d’une réplique en supprimant les causes.
Comme on en est loin, que ce qui a été détruit est toujours en ruine et que par peur d’attirer trop l’attention sur les graves défauts du système actuel dérivant du capitalisme, on n’en supprimera pas les causes, un conseil, si vous entendez nos forts en gueule revenir en force des Réveillons pour vous dire que la crise touche à sa fin, ne les croyez surtout pas. Parce qu’ils ne sont pas en capacité de vous le dire. Ils se sont contentés de passer entre les gouttes et de se retrouver devant 2013, en meilleure position que nous.
Les Etats se trouvent comme englués dans une organisation qu’ils ne maîtrisent plus et dont ils sont incapables d’en sortir. Le pire, c’est que pour faire autre chose, disposer un échafaudage contre l’édifice branlant, il faut que tous les pays le fassent en même temps pour qu’il soit efficace.
Or, cela est impossible.
L’intérêt général est loin de passer pour une priorité, caché qu’il est sous une multitude d’intérêts particuliers contradictoires et dans un état conflictuel permanent.
Il n’est donc pas possible sous les auspices d’un quelconque sommet international ou une Institution du même tonneau, de modifier quoi que ce soit dans l’ordre mondial de l’économie.
Dérivé du système capitaliste dont Marx énumérait déjà les défauts dans une critique restée célèbre, le système actuel travaille dans l’immédiateté du profit. Le long terme ne vaut pas un clou et n’est qu’une utopie partagée par les politiciens libéraux à l’usage des foules.
Le plus bel exemple tient dans la rapidité de changements des tablettes et des systèmes électroniques qui touchent essentiellement un public qui s’imaginerait déchu de la modernité en n’achetant pas la nouveauté du jour. Les promoteurs et les inventeurs font le plus de battages possibles autour du produit, des petites mains mal payées d’Asie l’assemble, et les premiers empochent la différence entre le prix de revient et le prix d’achat des particuliers.
L’opération est reproduite chaque année. Bientôt elle le sera tous les six mois.
C’est le même produit que le précédent, seule la jaquette de présentation change.
Il n’a pas été pensé en fonction de l’avenir, de l’énorme gâchis de matière première pour un progrès minuscule, voire inexistant. Sa fonction essentielle a été de produire du cash !
Le devenir de l’humanité dans un avenir proche, moins d’un demi-siècle, s’obscurcit davantage à chaque opération de ce type.
Autre exemple. Les Chantiers de Saint-Nazaire se félicitent de l’importante commande d’un paquebot géant, capable de faire des croisières de luxe avec 5.000 vacanciers. La performance est acclamée à l’avance. C’est un bienfait pour les milliers de chômeurs de la côte atlantique. Et l’on s’éblouit des performances de ce géant des mers.
Personne ne s’est imaginé que cette merveille nautique préfigure le monde de demain. Une société qui poursuivra tranquillement son appétit des jouissances et une autre, dont les fils auront construit le palace, regardera du quai les performances du monstre.
Les uns feront des petits tours dans ce qui restera des mers « montrables », les derniers coraux et les îles enchanteresses, les autres poursuivront leur travail de fourmi pour affréter le suivant, encore plus grand, encore plus performant.
Or, tout cela est parfaitement inutile. Mieux, cela ne sert à rien qu’à obturer la réalité du futur.
Cela n’est conçu que dans l’immédiateté du cash, sans valoir autre chose qu’un tas de ferrailles, bientôt obsolètes, que des riverains indiens des mers découperont à la main, dans des dépotoirs immondes.
Le système tourne en rond et à vide.
Il est destructeur d’avenir. Il ne nous permet pas de vivre en respectant la terre nourricière que nous foulons tous les jours.
Cette dérive générale, nous la payerons plus vite et beaucoup plus cher qu’on le pense.
J’ai volontairement sauté le pire du système dérivé du capitaliste, celui du cash, prélevé sur du cash, les fameux casinos qui jouent sur des chimères de potentialités inexistantes et des fluctuations des monnaies, des arnaques de banquiers sur des hypothèques sans perspectives de remboursement, des salles entières de traders agissant comme des gangs dans l’ivresse crapuleuse d’un vol sanctifier par le mythe de la croissance.
On aura compris que si je n’en parle pas, c’est qu’un avenir assaini devra passer ce ramassis de voyous par la trappe des disparitions soudaines, sous peine de faire périr le reste des habitants de la planète.