« Gloire à Odiel Defraye ! | Accueil | Le vieil Elbeuf bis. »

Accordailles

L’accord de jeudi soir entre syndicats et patronat sur l’aménagement du temps de travail entre dans l’optique économique actuelle. Les employeurs veulent des contrats plus souples et plus malléables du temps de travail à la mesure de leur besoin. S’adapter aux circonstances, c’est le signe des temps, mais jusqu’à quel point ?
C’est le dilemme des syndicats, mais pas du gouvernement qui pousse les parties à signer un document qui consacre une nouvelle emprise du patronat sur les salariés.
La FGTB se débat encore un peu, histoire de faire voir à ses affiliés qu’elle ne les a pas trop oubliés, d’autant qu’Arcelor-Mittal est la poire d’angoisse pour le PS, la FGTB, Rudy Demotte et Elio Di Rupo.
La flexibilité ce n’est pas du donnant-donnant, c’est le salarié qui pourrait travailler douze heures un jour et six le lendemain, qui se verrait trois jours chez lui et le reste de la semaine dimanche compris à l’usine à travailler pour « rattraper le temps perdu ».
L’histoire de la jeune maman qui pointe une heure après les autres, pour prester l’heure perdue quand elle le souhaite, ceci afin de conduire son enfant à la crèche, c’est une vaste fumisterie. Les quelques rares cas d’espèce n’ont pas attendu l’accord pour trouver une solution humaine et, dans le cas contraire, la dénonciation du manque d’humanité de certains entrepreneurs, ceux-là même qui, n’en doutons pas, tireront tout bénéfice de l’accord, fait réfléchir sur l’état dégradé du social dans notre société.
Comme si les managers avaient en tête en réclamant ces aménagements horaires le souci d’éviter les embouteillages et coller aux horaires de l'école, de leurs salariés !
Le principe de l’horaire flottant est simple, il consiste à raccourcir les délais de production afin de concurrencer le modèle chinois d’adaptation et d’assouplir les règles du travail quand la période est creuse, par exemple entre deux commandes.
Le tout sans aucun bénéfice salarial pour le travailleur en échange de sa plus grande disponibilité.
C’est donc bien un vrai recul des avantages acquis au fil du temps et une nette indication de l’orientation des activités humaines.

1938pigalle.jpg

Pour maquiller cet accord en gestes de compréhension des parties, le PS, le gouvernement et les journaux peaufinent quelques éléments indispensables à la présentation de celui-ci comme un progrès d’une collaboration efficace entre les signataires.
C’est une véritable escroquerie, une de plus, de ceux qui jouent une partie exclusive en faveur du patronat.
On peut s’attendre aux grandes envolées lyriques de tout qui « compte » dans le système pour saluer la compréhension des parties dans ce contexte économique difficile.
Le relèvement du plafond des heures supplémentaires et l’annualisation du temps de travail est bien la marque d’une volonté de nos marionnettistes de faire danser le peuple à leur cadence.
L’étape suivante est simple et elle se voit déjà dans certaines juridictions du travail, c’est de permettre aux employeurs de sanctionner un refus de prester des heures supplémentaires et d’éventuellement de licencier pour ce motif, le travailleur qui les refuse.
Voilà où un siècle de lutte syndicale a abouti !
On n’entend jamais les historiens du droit social dans les débats.
C’est dommage.
Nous venons d’un temps où les grands-parents de nos flèches du FEB poussaient des enfants de moins de 12 ans dans la mine. Quoique n’ayant plus de mine, on y retourne. Il faudra, du reste, moins de temps pour y retourner, que nous n’en avons mis pour en sortir !

Poster un commentaire