Le corrompu et le clown.
Comme d’habitude, les commentaires de nos journaux des événements de l’union Européenne, sont en-dessous de tout et indignes d’une presse d’information. A croire qu’en-dehors de notre contentieux franco-flamand, rien ne nous intéresse.
Il est vrai que nos journaux n’ont plus les moyens d’entretenir des correspondants à l’étranger. L’information provient toute mâchée des agences de presse. Seul inconvénient, ces Agences distribuent « la bonne parole ». Si elle n’est pas d’évangile, elle n’en est pas moins à prendre ou à laisser. Jusqu’à présent, tout le monde prend !.
Nous sommes trop occupés de la soupe intérieure. Nous ne voyons pas que, ce qui bouge en-dehors de nos frontière, peut être expliqué d’une autre manière que celle des Agences, à qui nous délivrons quasiment un blanc-seing.
Empêtrés dans nos définitions sur le populisme, nous nous trouvons nous-mêmes empêtrés dans toutes les formes possibles de populisme et ce de la part de TOUS les partis politiques, pour esquisser – par exemple - un semblant d’analyse des élections italiennes de ce week-end.
Il est trop facile de renvoyer dos à dos Berlusconi, l’homme de la corruption et du pouvoir par l’intrigue et l’argent et Beppe Grillo, nouvelle figure de la gauche italienne. Leur seul point commun : ils se sont fait connaître tous les deux par la télévision.
Le corrompu et le clown sont, d’une manière ou d’une autre, les stars du système.
Belle configuration de la politique à l’italienne, projection d’avenir pour la nôtre, car, personne n’en doute, nous avons aussi nos clowns et nos corrompus. Surréalisme à la belge, en grattant un peu, nous pourrions même trouver une troisième catégorie : des clowns corrompus !
Nous aurions donc tort de critiquer l’électeur italien, d’autant que le système électoral y est plus compliqué que chez nous et donc encore plus sensible et perméable. Est-ce aussi la faute de l’électeur italien, s’il y a si peu de choix dans les partis, qu’on risque à chaque nouvelle élection de voter pour un clown ou un scélérat ?
Le Mouvement 5 Etoiles devient le premier parti politique d’Italie à la Chambre, avec 25% des voix, et la troisième force derrière les coalitions de gauche et de droite.
La versatilité du corps électoral montre bien le désarroi du citoyen italien !
Par son refus d’alliance avec les partis de la composante habituelle pour un gouvernement centre-gauche, Beppe Grillo amorce un constat qui accable la social-démocratie, comme de Sylvio Berlusconi à Mario Monti la comprennent. Le « clown » élu ne veut plus collaborer avec les tenants de la social-démocratie !
L’Italie ouvre le débat pour la première fois en Europe du fiasco de la politique qui dit oui à l’économie, comme elle se présente à nous, et à laquelle les citoyens disent non !
Ce serait une première en Belgique, si nos gazettes voulaient bien jouer le jeu de la critique et non pas rester scotchées sur la vision du paysage politique belge bloqué sur la social-démocratie, ses principes et ses codes. On pourrait enfin raisonnablement parler de ce qui nous préoccupe principalement, plutôt que des crises cycliques de Bart De Wever !
Evidemment, les médias belges seront les derniers à en convenir, mais avec l’élection italienne un mythe tombe, celui de la collaboration des forces du travail avec le capitalisme mondialisé, pour l’établissement d’une société mixte au pouvoir partagé.
Les élections, malgré les sommes folles dépensées en propagande populiste des partis traditionnels, et pas que dans la zone de l’euro, au Portugal, en Espagne, en Grèce, en Hongrie, en Pologne, en Grande-Bretagne, en Finlande, en Suède, au Chili, en Argentine, demain en Australie et même en Allemagne, les échecs font de la social-démocratie un cadavre en sursis, parce qu’elle ne correspond plus aux aspirations populaires.
La social-démocratie n'est plus le rempart contre le populisme, elle est le fourrier du populisme, elle Est le populisme !
Si les partis traditionnels ne sont plus capables de répondre aux aspirations du plus grand nombre à une vie meilleure dans le sens de la justice et du respect des travailleurs, alors ils sont fichus. Malgré leur propagande, ils trouveront de moins en moins de gens pour adhérer à leur système.