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Oh ! putain… quoi !

Les faux jetons la jouent à l’épate, mais c’est quand même la vente aux marchés d’esclaves, dans ce que nos modernes appellent aujourd’hui un entretien d’embauche !
A la différence que ce ne sont pas les barbaresques qui présentent l’objet, mais l’esclave lui-même qui loue son corps. Quand la pute a dix employeurs dans la journée, l’autre devra s’en farcir un seul ! L’avantage de la pute, c’est qu’elle peut dire à son employeur d’un moment, qu’il l’emmerde. Un autre le remplacera à l’heure suivante. Ce qui rend toute la noblesse au métier qu’elle exerce. Le postulant à l’embauche ne peut pas en dire autant.
C’est que le plus souvent, il n’y a pas d’autre alternative que de se faire embaucher par le sale con qui est de l’autre côté du bureau, qui est la dernière planche de salut, avant de sombrer dans les statistiques du chômage.
Le sale con s’en fout. C’est souvent une femme « chasseuse de tête », psychologue façon « Marie-Claire », Jivaros brevetée FEB, qui doit en voir quarante-cinq avant la pause, pour l’emploi de magasinier-chef. La direction exige du postulant une licence de droit commercial.
Avant les tests suprêmes dont l’entrevue est le clou, comme existe le permis de conduire avant de conduire, existe l’école pour le bien dire et le bien présenter sa gueule.
Les enfoirés qui cornaquent les apprentis à l’embauche, sont là pour distiller la parole qui fait vendre, le look qui fait bander, le langage épuré des belgicismes et des « maroquinismes » glanés dans les écoles faubouriennes et les discothèques. Faut oublier les « nique-ta-mère ».
C’est à peu près ce que la Pompadour, sa cour du Ps et les rustauds des autres partis ont appris dans des écoles plus huppées d’avocats libres penseurs et d’économistes hauts de gamme. Mais eux, c’était pour faire ministre et pas magasinier-chef.
Pour convaincre la mignonne qui vous écoute de ce que vous êtes le meilleur et que ce n’est pas la peine de voir les autres, il est nécessaire - disent tous les prospectus - de bien vous préparer.

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Du caleçon, toujours du jour, à l’haleine fraîche, voilà pour le corps. On a la gueule qu’on a. Courir chez l’esthéticienne le jour avant, c’est trop tard. Rasé du matin, c’est tout ce que le récipiendaire peut faire. Les fringues sombres et de bon goût – enfin le bon goût bourgeois – mais pas trop genre « levée du corps » pompe funèbre, et voilà notre homme prêt pour le marché aux esclaves. Bien sûr, dans la salle d’attente, tous les cageots parfumés au patchouli s’emmerdent avec distinction (il y a des caméras). On en veut à ses ancêtres de ne pas avoir mis un peu de côté, pour faire du yachting entre Monaco et La Napoule.
Les écoles vous préparent à jouer la scène du gars dont le seul intérêt dans la vie est le travail de magasinier-chef. Sans aucun accessoire, vous devez démontrer à la bêcheuse qui s’emmerde depuis une heure à voir les belles têtes de cons qui défilent, que vous n’êtes pas paresseux !
Si vous aviez un marteau dans les mains, un tournevis, mais rien, vous n’avez rien ! Même Jean Dujardin, qui pourtant sait tout jouer, refuserait le script !
Les charlots du cours vous recommandent de miser sur l’enthousiasme ! Comment faire ? Un mec qui ramasse un pain, vous voyez tout de suite, il passe de l’étonnement à la fureur. Mais « faire » enthousiaste ? L’œil qui brille, peut-être, mais pas trop, des fois que la jaugeuse se mettrait à croire que vous iriez jusqu’à la sauter pour l’emploi !
Si vous êtes beau gosse, vous pouvez prévoir, mais avec la tronche du Belge moyen ? Surtout que dans votre curriculum il y a la situation de famille « marié, trois enfants ». Vous voyez le raisonnement de la réductrice de têtes ?
Pour le reste, les naufrages ne se ressemblent pas. La canonnière qui vous bombarde de questions, est rodée à l’exercice. Elle en a une centaine qu’elle aussi a apprise, peut-être dans la même école que vous, si vous ânonnez les réponses, comme elle ânonne les questions, ce n’est pas la peine d’ouvrir la farde aux références. Vous êtes virés avant de débuter !
Et comme c’est pour un métier de merde avec un salaire adapté, qu’avec ça la Demelenne ne saurait pas vivre trois jours, faites le zigoto en faisant rire la daronne. Faire rire, ce n’est pas un truc qui s’apprend dans les écoles. Lisez Richard III et foutez moi la paix, de toute façon, je n’embauche pas.
Ah ! oui, encore une chose, si vous avez à la boutonnière la faucille et le marteau que vous avez achetés à la fête de l’Huma de 2012, enlevez-les ! Rappelez-vous que même le PC n’en veut plus.

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