Riddi pagliacco !
On touche aux limites de la méthode Di Rupo avec la rupture des négociations de la FGTB à la concertation sociale. Elle consiste à comprendre les difficultés d’existence des travailleurs, tout en restant sourd à leurs revendications les plus élémentaires, sur le temps que, de l’autre côté, il convient de favoriser les industries dans un contexte de crise.
On sait combien Anne Demelenne doit à ses amis socialistes qui l’ont aidée à occuper la place qui est la sienne au sein de la FGTB, comme tous ses prédécesseurs d’ailleurs, mais il y a des limites aux complaisances et à moins de se saborder elle-même, Anne Demelenne se devait de réagir.
Il faut être juste et rendre à César. Elle n’a pas décidé toute seule, elle a été obligée d’exprimer le ras-le-bol des délégués d’entreprise qui passent de fichus quarts d’heure avec les affiliés.
Les hautes sphères du syndicat ont beau être trustées par les socialistes, il n’en demeure pas moins que ce serait fâcheux pour le syndicat de se faire doubler dans la surenchère par la CSC.
Notre sémillant premier ministre aura donc lâché quelques mailles de dentellière du côté des syndicats, croyant pouvoir les rattraper, sur le temps qu’il crochetait des fils de soie pour sa droite et « son »patronat.
C’est ce qui s’appelle de la social-démocratie active.
Cela ne marche pas à tous les coups.
C’est difficile de négocier des choses qui ne sont plus négociables, comme le blocage des salaires décidé par le gouvernement… jusqu’en 2018 (3 accords interprofessionnels).
Les intentions du glamour montois sur la flexibilité du travail sont également bien connues, si bien que le gouvernement loin d’être neutre a pris franchement le parti des interlocuteurs patronaux. La FGTB se demande sur quoi ses négociateurs auraient pu discuter, la chose étant entendue à l’avance.
Quant aux revendications de la FGTB, elles ont la valeur d’un chiffon de papier, y compris celles mettant en garde contre les manipulations de l’index.
Enfin, à la FGTB on se rend compte que le modèle social est « kaput » et qu’on veut aligner les travailleurs sur le « phénomène » allemand, déjà retourné à la République de Weimar.
Les « intellectuels » de l’économie capitaliste se sont trompés sur les motivations de l’adhésion des peuples au « tout commercial ». Tant que cette économie tirait vers le haut et le progrès l’ensemble de la population, malgré ses défauts et ses criantes inégalités, il y avait un consensus pour la défendre. A partir du moment, où elle montre ce qu’elle est, il est illusoire de compter sur l’adhésion des foules aux sacrifices qu’elle demande.
Les peuples ne sont pas mariés avec un système qui détériore leurs conditions de vie, après avoir promis de les conduire à leur apogée.
Quand on voit les réactions de nos « élites » politiques, à la rupture des négociations de la FGTB, on voit bien qu’ils n’ont rien compris à ce qui se joue. Il se pourrait même que les socialistes aient choisi le mauvais cheval.
Didier Reynders, bien entendu, joue sur la responsabilité du gouvernement en la matière. C’est-à-dire prendre position pour la thèse patronale officiellement, ce qu’il faisait déjà officieusement, appuyé par le ministre des Pensions Alexander De Croo (Open Vld). "Le pays a besoin de réformes et de réformes supportées par tout le monde. On ne peut pas continuer à être pris en otage par les partenaires sociaux et singulièrement par la FGTB".
Voilà donc les plus malheureux des Belges, victimes d’une crise qui n’est pas de leur faute et dont les responsables courent encore, prenant en otage ces beaux messieurs des pouvoirs politiques et économiques !
De la prise d’otages, Laurette Onkelinx passe à la « crispation » des travailleurs. L’Elio Di Rupo bis n’aime pas la politique da la chaise vide, et pour cause, elle a été élue par ceux qui ne sont plus là ! Situation scabreuse pour la cheffe bruxelloise du PS.
Nous ne sommes pas encore à la fin d’une romance entre la FGTB et le PS, mais pour Elio Di Rupo cela ressemble quand même au Prologue de Paillasse de Leoncavallo.
L’intérêt dramatique du personnage tient dans le rôle de clown qu’il est obligé de jouer, tandis que, du fond de son âme, il sent monter le drame.
Défendre le principe d’une social-démocratie brutalement obsolète, c’est comme vendre des parapluies au Sahel.