L'auteur pas à la hauteur !
L'édition belge est rachetée par les éditeurs français, quand elle n'est pas en faillite ou transformée en "Monparfaitéditeur.com", assemblage de brasseurs de vent, d’apprentis Gaston Gallimard et d’imprimeurs en sursis de clientèle.
Les écrivains, vrais ou faux, du dimanche ou de la semaine, n’ont pas à se faire de bile, leurs fleurs des pois, billevesées poétiques, branlettes intellectuelles, resucées d’outre-tombe, choses vues et choses saisies parmi les croque mots des maisons de la poésie d’Amay ou de Mords-Moi-le-Chose sur Yvette, n’ont absolument aucune chance, ne serait-ce que d’être lus par un boutonneux en prépa de l’ENA et qui se fait 50 € à la lecture de chaque ouvrage, et qui emploie en sous-mains une employée des postes qui elle-même donne de la joie à un illettré qui passe son bac pour la troisième fois. Chiures de mouche, sauf quand l’arrière arrière petit cousin de Gaston lui recommande un fils d’acteur qui aurait trouvé sa voie entre deux joints et qui raconte sa défonce, avec un décapsuleur brésilien de l’Allée du Bois.
C’est dire si l’aventure éditoriale est bouchée dès l’ouverture,.
Restent les concours. Les découvreurs des vieilles bites qu’on a connues jeunes au parti, ont l’imagination plus fertile que les fantômes de l’esprit. Il y a les ténors et les divas qui complètent leur carte de visite « membres de l’Académie de Belgique » par toutes sortes de rabs. Les échevins de la culture ont des rouleaux à tapisserie pleins de noms glorieux.
Il s’agit de faire gaffe et d’établir un roulement, des fois qu’un échevin oublierait Victoire des Ombreuses, prix de la ville en 1957 et à qui c’est le tour. Avant de crever, Victoire veut s’en farcir un ultime. Faut pas rigoler avec les dernières volontés de la polyptote, restée célèbre par l’hexasyllabe « La peau de mérou pète », de son poème « Pour faire un abat-jour// j’aime un poisson d’amour ».
Alors le petit Verlaine, le jeune Rimbaud ou l’Eluard de quartier qui se pointerait au grand concours des bouts rimés des affaires culturelles, patronné par la déesse du phonème des consonantiques, la déesse Fadila Laanan en personne, aurait autant de chance de ramasser un prix, qu’un troupeau de tricératops à devenir végétarien.
Le milieu s’est fort appauvri avec l’arrivée en force des joysticks et de la bande dessinée. Le prof perd la tête pour demander à un gniard de seconde de lire « Les liaisons dangereuses » !
Le reste des fientes, guano du progrès, est flouté en PDF pour les archives de la ministre, qui du coup voit la note des rouleaux de WC du ministère prendre des allures à se faire remonter le slip par Elio lui-même.
Il n’y a plus de livres, donc on ne publie plus que les nanars qui rapportent. Un nanar qui rapporte, c’est l’histoire d’un mec qu’on a remarqué parce qu’il a fait quelque chose qui étonne la Toile et donne de la notoriété.
Quelque chose d’énorme bien entendu. Pisser dans un avion ne suffit pas quand on ne s’appelle pas Depardieu. Dutroux, par exemple, si ce con avait la moindre étincelle de bon sens, il se ferait du blé en engageant un nègre qui mettrait des enluminures autour de sa psychopathologie. Voilà qui séduirait les arrières de Gaston !
On voit d’ici les dialogues : « J’y ai dit à Michelle, remets ta culotte au moins quand y a du monde. Tu nous fais une mauvaise réputation. » Garanti, tirage trente mille tout de suite !... Goncourt possible !... En ce moment De Gelder, c’est une mine d’or ! Il ne lui faut qu’un bon coach !...
Pourquoi je râle ? Mais, chers lecteurs assidus, j’ai écrit un ours, comme tous les ratés du coin de la rue. Le malheur, c’est que mon ours fait 350 pages ! Vous me connaissez, prolixe polisson de la Toile ! Eh bien, vous ne le croiriez pas, les gougnafiers qui se disent éditeurs ne veulent même pas le lire !
Sulfureuse réputation de Richard III ? Mycoses au cul qui les empêche de s’asseoir à leur bureau ? Non ! Surcharge des belles lettres vranzaizes, minimum deux ans à l’avance de grands chefs-d’œuvre empilés sur les bureaux qui n’attendent que la petite fumée blanche du 5, de la rue à Gaston ! Les petits-fils justement en croisière lointaine. Le fils Sardou et le fils Bedos en antichambre, pour les émaux et camées du XXIme siècle !...
Ailleurs ? Impossible d’entrer aux Editions de la Prostate, miction difficile !... Les Editions « Les moments de la Pucelle de Belleville », le personnel est sous-presse. J’ai essayé "natures’s tufted treasure", mais ils voulaient ma photo à poil !...
Si vous avez un tuyau ?
Commentaires
bonjour Richard,
http://www.thebookedition.com (ils étaient présents à la foire du livre de Bruxelles)
Le principe: votre livre est disponible dans leur catalogue et ils impriment à la demande, lors d'une commande.
Il ne sera pas matériellement présent dans les librairies mais cela peut être un début, en tout cas mieux que rien (vous gardez vos droits d’auteur et le droit de publier ou de supprimer votre oeuvre de leur distribution)
Bonne chance et merci pour vos billets quotidiens.
Postée le: Pascal | mars 13, 2013 01:02 PM
Fais publier à compte d'auteur, Richard! Si tu me le dédicaces, je l'achète à 75 euros. Tu vois, j'ai confiance en la pérennité de ton oeuvre...:)
Postée le: michel | mars 13, 2013 06:17 PM
C'est sympa. La question est éthique : que je ne sois pas rémunéré pour mon ours, ça m'est égal; mais, que je sois obligé de payer pour exposer mon travail, là, je râle. C'est comme si un maçon après avoir monté un mur disait à l'entrepreneur "Combien je te dois ?"
Postée le: Ric hard | mars 13, 2013 08:50 PM