Ticket à 100 euros !
Deux mots sur le foot, c’est une première.
La Dernière Heure vient d’aborder la question du tiroir-caisse des miraculés du chômage qui se font des ronds, grâce à un bon coup de pied.
La fiche de paie, sur le green, c’est tabou et compagnie. On ne peut pas savoir ce que l’extérieur droit se fait le mois, par rapport au défenseur gauche. C’est comme chez « Finance-Group », secret défense. Si Chose savait ce que Machin se met dans la fouille, ce serait la lutte à mort dans les vestiaires.
Pour le reste, c’est pareil que chez Mittal.
Les qualités sont diversement appréciées selon les clubs, non pas que la vedette d’un petit club soit moins bon que la vedette d’un grand club, mais, au contraire de chez Dexia, quand il y a beaucoup de fric, la trésorerie est plus généreuse avec les joueurs.
Autrement dit, c’est la foire d’empoigne et il n’y a pas de barèmes fixes.
Des clubs ont la réputation d’être radins. Le Standard, par exemple, racheté par un financier à l’héritière du milliardaire Dreyfus, le nouveau propriétaire a raclé les fonds de tiroir et compte bien récupérer vite fait sa mise, d’où des chipoteries sur les salaires.
Les clubs sont des objets de spéculation. Les propriétaires ne sont plus les communautés urbaines qui y allaient de leur poche – enfin pour les grands clubs – mais des financiers qui placent leur argent dans l’espoir de gagner gros.
A noter que les jeunes gens des pelouses ne sont pas à plaindre. La science du coup de pied n’a apparemment rien à voir avec le cerveau et, sauf exception, l’adresse physique n’a jamais rendu personne plus intelligent. Donc, le rapport qualité-prix joue, pour une fois, en faveur de l’effort physique.
Que feraient-ils d’autre, ces malheureux ? Aussi, en ramassent-ils le plus possible, en prévision des mauvais jours. La carrière est en moyenne de dix ans. Après, les plus connus font coachs, les autres vivent de leurs rentes, quand ils n’ont pas fait de conneries, sinon, c’est la déchéance. La chronique judiciaire a même relevé un joueur de foot qui s’était reconverti gangster.
La question principale, enfin, celle qu’un béotien comme moi peut se poser : et le sport dans tout cela ?
Le sport est remplacé par le show et certains clubs tirent plus de bénéfices dans la vente des maillots, que dans la vente des places.
L’esprit d’équipe, avec des jeunes gens qui viennent de partout et parlent des langues différentes, est remplacé par l’esprit de compétition. Ils doivent passer plus de temps à se comparer les uns aux autres et à évaluer leurs mérites, plutôt que parler d’une équipe et d’un environnement. On ne vous dit pas l’ambiance quand un match est perdu sur la bévue et le ratage complet d’un joueur, et que la grosse prime promise, en cas de victoire, leur passe sous le nez.
L’internationalisation du produit a condamné l’esprit de clocher, ce qui serait une bonne chose, mais ce qui, à y regarder de près, dénonce le sport-marchandise, si on compare ce que l’on voit aujourd’hui avec les équipes du temps passé, formées de jeunes gens du coin, avec le même esprit sportif et la même motivation.
Avant 40, le Football Club Liégeois avait des joueurs issus du plateau d’Ans et de Rocourt, le FC Tilleur des corons sérésiens aux corons de Tilleur-Saint-Nicolas, le Standard de la ville de Liège jusqu’à Sclessin-Ougrée.
Cela donnait des parties animées, certes avec un esprit partisan, mais les enjeux n’étaient pas ceux de l’argent. Ils procédaient du renom de l’endroit où l’on était né.
Le prix des places permettait à chacun de passer un bon après-midi sans trop dépenser et le sport signifiait encore quelque chose.
Est-ce la nostalgie qui fait préférer les temps où le sport était presque gratuit et pour ceux qui le pratiquaient et ceux qui le regardaient ?
C’est difficile à dire.
Le foot aujourd’hui est à l’image de cette société : il manque d’humanité !
A cent euros la place, est-ce encore du sport ?