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Le mur des cons dépassé.

Sur France 2, on a pu regarder le débat, hier soir, avec l’invité Jean-Luc Mélenchon.
On a assez vanté ses qualités de tribun, sa parfaite maîtrise, malgré des emportements calculés, sa logique qui détruit implacablement l’adversaire, si ce dernier ne trouve pas une parade lapidaire et drôle.
Ce n’est pas sur ce qui a été dit cent fois que je veux revenir, ni même sur le bien-fondé des idées de Mélenchon. Sa rhétorique semble lui venir trop aisément pour ne pas avoir le sentiment que ce qui se dit comme un étendard qui claque au vent, peut se révéler parfois faux; mais sur le rôle des journalistes et des intervenants, spécialistes hautement sollicités des médias et du pouvoir, gourous dans ce qui se fait de mieux dans les domaines de l’économie et de la politique.
Le métier de journaliste est-il de déstabiliser l’invité, pour se vanter ensuite de « se l’être fait », dans certains cas bien particuliers, pour Mélenchon, sans doute, mais encore pour d’autres, Marine Le Pen, par exemple ? Alors, que les mêmes mettent des gants lorsqu’ils s’adressent à des habitués du pouvoir, qui y ont été ou qui en seront ?
Evidemment, quand on s’appelle Mélenchon, c’est un beau scalp à s’accrocher à la ceinture.
Mais, que je sache, c’est quand même sur des idées et des faits que le téléspectateur juge l’émission « des paroles et des actes ». Ce n’est pas sur des questions biaisées ou sans cesse répétées qu’il peut se faire une opinion, non pas de l’invité, mais de ce qu’il croit juste, alors que le distraient les manières de faire des vedettes l’interrogeant.

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Ne sommes-nous pas à un moment gravissime qu’il convient d’utiliser de la meilleure façon possible ? Je sais bien que les réponses ne se trouveront pas à la télé, mais au moins que les journalistes fassent leur métier en posant des questions sérieuses et non pas des questions pour que l’invité reste coi et qui n’ont souvent qu’un rapport secondaire avec les sujets débattus !
Ce qui est effarant dans l’interview d’hier soir, c’est l’incapacité des spécialistes, comme François Lenglet, d’estimer que la situation est catastrophique sur tous les tableaux du système, qu’on l’appelle capitaliste ou économique. Seul en lice, ce système est quand même dans ses dérives actuelles le pire scénario qu’on pût imaginer. L’attitude la meilleure est de faire l’inventaire de ce qu’on pourrait faire pour retourner une situation mauvaise et non pas sans cesse prétendre que c’est le seul scénario, alors que Mélenchon, et pas que lui, notamment Attali, en propose un autre. Est-ce qu’il arrive à François Lenglet de mettre en doute ses certitudes ? Mélenchon était bien le seul sur le plateau à être pleinement conscient qu’un mauvais scénario doit pouvoir être changé.
Je ne sais pas si c’est tout à fait le rôle d’un Lenglet, économiste écouté dans les milieux télévisuels, de chercher sans cesse les poux dans la tonsure de ceux qui veulent le changement, au point qu’à chaque constat d’une économie défaillante, d’un endettement croissant, d’une angoisse réelle de la montée du chômage et du nombre grandissant de pensionnés, on le voit témoigner de bonne foi, sans doute, son attachement au système et la croyance qu’il n’y a pas d’autres alternatives au capitalisme planétaire.
S’il tenait ce raisonnement dans les quartiers dans lesquels la misère monte, je crois qu’il se ferait lyncher.
Car, on n’apprécie pas à son importance une situation qui plonge des millions de personnes dans un gouffre, en parlant des réformes à faire, comme s’il n’y avait que des machines à remplacer, alors qu’il s’agit de vies humaines touchant des milliers de familles.
N’est-ce pas le rôle des économistes, de réfléchir avec Mélenchon, plutôt que contre Mélenchon ? L’inventaire des divergences de vues serait plus nourrissant. Ne vaut-il pas mieux réfléchir comment sortir du trou, plutôt que réfléchir à son aménagement ?
Parce que, dans le fond, si le peuple désespère, s’il y a une cassure entre les différentes composantes du corps social, si les politiciens se font déconsidérer, c’est en grande partie parce que les décideurs et toutes les intelligences mises au service de la collectivité ne s’entendent pas sur un autre destin, une autre approche de vivre ensemble. A la limite, on les verrait aider le système à nous nuire !
Mélenchon le sait bien. Et c’est en cela que ça démarche est honorable et c’est du même élan que l’on s’aperçoit que les démarches des journalistes ne le sont pas.
On n’est pas en représentation quand des vies sont en danger. On doit chercher sous peine de mort, à dégager de l’espoir !

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