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Leur part d’humanité !

Les motivations sont diverses pour se lancer dans la politique. Ces motivations induisent plusieurs manières d’entreprendre une carrière de représentation des autres. J’imagine que la plus courante est l’agrément d’une situation bien payée dans un contexte de crise. Mais, on peut penser que « devenir quelqu’un » dans la société, sans vendre des choses ou faire travailler les autres pour se constituer un patrimoine, ce n’est pas rien.
Les enjeux entre les bourgmestres des petites communes, donc à petits revenus et ceux des grosses, à gros budget et à gros revenus, sont très différents, les convoitises aussi.
Il y a autant de calcul que d’idéalisme, sinon comment gravir les échelons de la hiérarchie d’un parti, quand on n’est porteur que d’un idéal ? Quand on voit ce que l’idéal socialiste est devenu, on reste rêveur !
Prenons le cas de Di Rupo dont les débuts dans le socialisme ne sont, selon lui, que des rencontres dues au hasard dans une direction qu’il n’avait pas prévue, dit-il. Si quelques-unes le sont en effet, la sélection des relations par la suite, relève bien évidemment d’une stratégie… un opportunisme carriériste qu’il est difficile d’appeler autrement. L’engagement dans une Loge franc-maçonne est caractéristique de la volonté – par les relations et les appuis – de pénétrer un parti, de s’y maintenir et d’y prospérer. Parallèlement à l’idéologie socialiste, presque tous les membres des bureaux, des sous bureaux et des fédérations sont membres d’une Loge. C’est pratiquement le parti qui a le plus de dirigeants dans cette confrérie plus ou moins secrète. Loin de moi l’idée d’ostraciser cette vieille association d’individus sous prétexte d’un faux idéal et d’un débat interne uniquement fait d’entraides entre frères, dans l’unique but d’appropriation du pouvoir et des intérêts financiers qu’il suppose. Les Loges existent comme les Religions et d’autres Associations. C’est une liberté reconnue et qu’il faut défendre. Mais, qu’au parti socialiste tous les importants en soient membres, est un fait qui mériterait d’être approfondi. Logiquement, on les verrait plutôt prendre une carte de membre symbolique à la FGTB !
C’est que le monde secret a une spécialité qui est l’ombre, l’inconnu et l’inavouable.
De là à se prendre au jeu et imaginer qu’on peut apporter au néo-libéralisme une touche social-démocrate en œuvrant secrètement, dans des conciliabules avec des personnages qu’on ne saluerait pas dans la rue, il n’y a qu’un pas.
Du lever au coucher du jour, une grande partie du microcosme des parlementaires et des ministres ne pensent qu’au pouvoir ! On croit encore que c’est pour le bien des autres, alors qu’il est déjà personnel !
L’intrigue dans le parti et l’intrigue interpartis prennent le plus clair du temps. La plupart des élus sortent peu à peu de la vraie vie et deviennent des têtes de gondole dans un marché de la vedette où il est capital de ne penser qu’à soi, tout en faisant semblant de ne penser qu’aux autres. Les permanences, loin de resourcer, sont des officines dans lesquelles on se rend populaire, en faisant semblant de rendre des services à la population.
Le parcours des grands noms de la politique en Belgique, en leurs débuts, est symptomatique à cet égard.
Très vite, on quitte le tremplin et on tourne le dos à ce dont on n’a plus l’usage. On n’a plus besoin d’être reconnu. On passe de la catégorie d’adoubés à celle qui adoube.
On le voit bien quand une pointure quitte un point d’ancrage, pour un autre, comme on lui restitue immédiatement le même statut que celui qu’elle vient d’abandonner.
Tous les emplois laissés à d’autres par Di Rupo lors de son ascension au poste suprême lui sont gardés au chaud. Et qu’il réussisse ou échoue à son dernier niveau, il peut être certain de récupérer le statut des anciens sans redevoir faire ses preuves.
C’est que l’homme n’a pensé qu’à lui, dès le matin en se rasant, jusqu’au moment de s’abandonner aux rêves de la nuit. Il a tout prévu et a des appuis. Le parti a sa clientèle et les caïds, de la clientèle dans les partis.

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Bien sûr, il y a des hommes et des femmes politiques qui n’ont pas eu la chance qu’il a. Il y en a même qui à la première erreur se sont fait descendre en flamme et on ne les revoit plus, sinon dans des rôles subalternes. Mais, c’est parce que ces personnes n’étaient pas excessivement égoïstes, qu’elles avaient un côté humain, que leurs natures avaient une faille, une faiblesse. Ils n’avaient pas cette cuirasse que certains endossent et qui les rend invulnérables et insensibles.
Bien sûr, il y a une formation acquise de l’école de communication, parfois elle est innée pour ce personnel assidûment sous les projecteurs des médias. Il y faut une bonne maîtrise de soi, une parfaite connaissance – non pas des dossiers – mais des moyens de faire semblant d’en connaître l’essentiel. Pouvoir passer comme Laurette Onkelinx de la Justice à la Santé et, pourquoi pas demain, à l’Intérieur, avec l’illusion projetée d’être parfaitement et dans tout, la personne idéale, c’est un métier : faire semblant et de ne jamais laisser les autres croire que l’on ne sait pas.
Le trop lisse, le parfait est en décalage avec les gens et les événements qu’ils vivent.
Certains faits graves et rares détachent parfois les masques.
On voit alors les vrais visages, ceux de gens avides et misérables, désemparés et impuissants. Dans le fond, ce sont bien les seuls moments qui les rendent humains.

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