Pollueurs diurnes.
C’est plus fort que lui, Didier Reynders se croit toujours ministre des finances.
Le patron des ambassadeurs ne se contente pas de voyager de façon illimitée lui, et son épouse, aux frais du royaume, dans des excursions lointaines de travail, il faut qu’il la ramène sur les Finances de l’Etat !
Il interfère, se pose, cultive et propage l’attention. C’est l’homme du premier rang, chaise centrale, point de mire. Alors, ministre des affaires étrangères, pourquoi pas de l’agriculture, tant qu’on y est ?
Qu’en pense Koen Geens, CD&V, le vrai ministre des finances jusqu’à nouvel ordre ?
A sa place, je convoque la presse pour parler de l’état de nos chancelleries et des réformes de structures nécessaires au niveau des ambassadeurs. Je renvoie la pièce…
Quel serait donc l’attrait de Reynders pour les finances qui le rendrait indissociable de nos livres de compte ? C’est un avocat qui, avant de faire « bonne » impression aux Finances n’avait jamais ouvert un traité d’économie. Et voilà que soudain, il se sent une vocation de comptable ! Du coup les gazettes et les thuriféraires lui supposent des dons de stratège mondialiste. On prend son avis sur tout ce qui relève de la finance et des financiers !
Et ça marche, puisqu’on n’entend plus que lui sur RTL. Il est devenu notre Attali de droite, l’augure qu’on ne peut négliger ! Béatrice Delvaux en rêve à chaque éditorial, même quand elle écrit sur le football !
C’est lui glosant à propos d’une Belgique qui devrait faire plus d’efforts pour répondre aux exigences d’une Europe aux ordres des Commissaires européens, ajoutant son petit grain de sel : "Je regarderai aussi les détails, car j'ai l'impression que les mesures structurelles sont principalement prises au niveau fédéral, mais de manière très limitées par les entités".
Le voilà bien en train de convoquer Rudi Demotte et chambrant Koen Geens, intimé au premier d’être moins laxiste et au second de surveiller davantage les Régions que le chef des ambassadeurs trouvent trop dépensières.
Evidemment, les journalistes se ruent sur le phénomène, malicieusement sans doute, attendant qu’Elio Di Rupo prenne la mouche et vole au secours du vrai ministre des finances.
Le Montois a certainement autres choses à faire, puisqu’il laisse filer et ne relève rien du passe-droit permanent, habitué des écarts de Reynders.
Reste que sur un point, Reynders a raison. L'économie en 2013 accusera un déficit nominal de 2,9% du PIB, avec une croissance nulle, ou pire, en récession comme la France nous en montre le chemin. .
Un contrôle budgétaire supplémentaire devra être organisé en juin ou juillet, a précisé Didier Reynders, avant le début d'une réunion du comité ministériel restreint, entouré des caméras et des reporters, tandis que le ministre des Finances glissait, délaissé et inaperçu, derrière le groupe compact autour de Reynders, pour se faufiler par la porte-cochère entrouverte, vers la salle de réunion des ministres.
De cela, il découle que la situation est loin d’être maîtrisée comme l’affirme Elio Di Rupo. Reynders a installé son opposition au sein du gouvernement, ce que nous raconte le duo Di Rupo-Onkelinx, c’est du pipo à destination des gogos. Tout le monde est ravi. Enfin, il se passe quelque chose !
Le déficit structurel du pays, s’il faut le maîtriser, va faire mal. On dirait que Reynders a trouvé en Alexander De Croo de l’Open VLD un alter ego sorte de « bon ami qui vous veut du bien » flamand.
On croirait à les voir prendre du plaisir à nous décliner ce qu’il faudrait faire pour réformer structurellement le bidule : raboter chômage, pension, administration, sauf les dépenses ministérielles, qu’ils en mouillent leur caleçon d’une joie sauvage, les femmes d’ouvrage étant seules à pouvoir juger des dégâts.
Il existait les pollutions nocturnes pour adolescents attardés. Messieurs Reynders et De Croo viennent d’inventer la pollution diurne, pour ministres d’opposition, un emploi nouveau et fort bien vu par la presse.
C’est naturel qu’il y ait une opposition qui s’exprime au sein du gouvernement, puisque tous les partis, à l’exception d’un seul y sont tous présents !