Espionnage d'État ?
Que l’Europe des 28 soit un vaste nid d’espions, depuis les révélations de Wikileaks et d’Edward Snowden, on s’en doutait.
Qu’après quelques rodomontades et des effets de manche, nos dirigeants aient éteint leur indignation, comme on coupe le courant d’une lampe de chevet pour dormir, on ne s’attendait pas à tant de précipitation.
Une explication s’impose : et si la plupart des grands dirigeants, constitutionnalistes, gourous de partis, ministres, commissaires européens et jusqu’à certains chefs d’État, étaient à la solde des États-Unis d’Amérique ?
L’inquiétude au cas où Snowden posséderait un double des contrats suivant lesquels Monsieur Chose et Madame Machin, ministres et délégués des peuples, étaient, en louchébem de la volaille, l’Agent X 16 et l’Agent X 17 de la CIA, version Prism, s’expliquerait aisément.
On aurait enfin une suite logique à l’enterrement de première classe des écoutes universelles, des sous-marins suceurs de câbles téléphoniques en mer, des micros truffant les ambassades à Washington et des fils électrifiés qui sortent des murs des grands hôtels et qui ne vont nulle part.
Obama ferait un discours d’apaisement en clignant des yeux vers la brochette d’hommes d’État des 28, puis on passerait à l’hymne national américain montrant en gros plan les présidents, les rois et les reines, la main sur le portefeuille des hommes et la main des femmes sur le wonderbra.
Déjà Hollande vient de rassurer son ami Barak, Snowden ne mettra pas les pieds en France.
Que les Américains nous surveillent étroitement, c’est évident. Qu’ils aient délégué une partie de cette surveillance à nos instances politiques et gouvernementales, c’est une nouvelle dont les peuples n’ont pas pris conscience, mais qui est dans l’ordre du vraisemblable. Connaissant le goût des grands de ce monde pour le dollar et l’amour du New York Stock Exchange (NYSE), on les voit bien sortir d’un penthouse de Wall Street avec une mallette attachée au poignet, sauter successivement dans trois taxis jaunes et gagner Kennedy Air port, rassurés de n’avoir pas été suivis.
Cela expliquerait en partie les mesures préventives des attentats, plus rares que la dysphonie spasmodique (impossible de parler autrement qu’en vers), et c’est tant mieux. Est-ce que cette rareté des attentats est le résultat de l’espionnage américain à l’échelon de la planète ou est-ce un danger surévalué ?
Toujours est-il que notre impérieuse dame de l’intérieur, Miss Milquet, après avoir éradiqué la passion des armes à feu chez nous, n’aura plus qu’à s’attaquer aux couteaux de cuisine, pour en finir avec le terrorisme.
Reste que cette manière de préserver les populations de nos brutaux religieux fanatisés ne va pas sans l’abandon du goût de l’aventure et du danger que le Belge a perdu au profit des pantoufles du docteur Jéva.
Est-on plus heureux en vivant sans qu’aucun recoin de l’existence ne soit à l’abri des machines et des logiciels qui nous traquent, nous pistent et nous épient ?
Chaque fois que je vais aux toilettes, je me demande si en levant la lunette, je ne déclenche pas un signal au QG de l’OTAN à Bruxelles, à destination des États-Unis ?
La secte des « Jenairienàcacher » sera satisfaite, sans doute, que ses membres urinent dans le vase sans en éclabousser les bords et que ça se sait en Haut-Lieu, moi, je n’y peux rien, vivre ainsi surveillé me débecte !...
Les farfelus de mon espèce qui dénoncent l’espionite généralisée, qui induit des complicités à l’Europe, ne seraient que des fâcheux de connivence avec les hordes religieuses arabes dont Prism contient les déferlantes.
Où ça se complique, c’est de savoir qu’à l’avenir le cas Snowden ne sera pas le seul. Près d’1,4 million d’Américains disposent d’une accréditation leur permettant de consulter des documents classés. Plus le personnel habilité à consulter des documents secrets est nombreux, plus le risque des fuites s’accroit.
La pire des dénonciations serait d’offrir aux médias une liste d’hommes importants accusés de fraudes financières massives.
Aussi les espions auxiliaires que sont volontairement ou involontairement nos ministres, nos industriels et nos parlementaires attachent une grande importance à effacer toute trace de repérage de leur passage dans ce qui ne sent pas bon.
Mais, c’est sans compter sans l’Oncle Sam et son cousin Big Brother qui savent tout sur tout et l’armée des vérificateurs qui se penchent sur nos soupirs, avec la tendresse d’une mère qui compte les pets de son enfant constipé.
On pourrait même se demander si ce n’est pas le Bureau du Prism qui programme les événements en Europe, les déplacements de Barroso, les discours de François Hollande et jusqu’à l’abdication d’Albert II ?