Crise et reprise
Ils sont partis en vacances dépenser nos sous gagnés à la sueur de nos fronts. Nos champions politiques laissent Pieter De Crem se débrouiller seul dans la boutique. Celle-ci est dans une situation de dépôt de bilan, avec un taux de chômage élevé (plus de 20 % à Bruxelles).
Tant pis. C’est les vacances !... personne ne saurait les retenir. Et puis Pieter De Crem est le type de gardien parfait. C’est comme s’il tenait la barre d’un bateau-attraction à Disneyland. Di Rupo lui a laissé le numéro de téléphone de la mairie de San Valentino, au cas où le chat de la concierge de la rue de la Loi casserait un vase repris dans l’inventaire du mobilier.
Elio est en pension chez une tante, au haut de la rue Pier Paolo Pasolini. Tous les hommes connaissent.
Soleil aidant, nimbé de ses succès, Koen Geens décèle un frémissement de reprise. En vacances, à deux mille kilomètres de chez nous, il affirme que la crise s’est éloignée.
Canicule ou pas, la réalité est un peu moins réconfortante. La Belgique reste plombée par la dette. Le citoyen est sur le billard, on l’opère pour le délester de tout ce que le gouvernement peut ramasser pour alimenter sa caisse. Les dirigeants font comme si le problème était résolu. Et ceux qui partent parmi les citoyens qui le peuvent, ont à cœur de faire des bouchons sur les autoroutes pour faire croire à Hakima Darhmouch que chaque Belge a sa voiture et roule à se payer du bon temps.
Il sera temps à la rentrée de sortir la tête des sables. Heureusement qu’il y a Philippe et Mathilde pour faire diversion. Le roi descend déjà de La Fayette, s’il le faut, on le fera descendre de Charles Quint, et même de l’autobus de l’exil.
Certes il est difficile de préparer l’avenir si l’on ne croit pas que le pays en ait un.
Et pour ça, malgré les joyeux drilles commis à nos divertissements, y aurait-il un François Pirette à chaque coin de rue, les Belges font la gueule.
Les politiques budgétaires sont restrictives et la politique monétaire ne donne pas de grands résultats: les banques ne sont pas en mesure de faire bénéficier l’économie des taux directeurs très bas de la Banque centrale européenne.
2013 sera bien une année de récession.
Ce qui compte d’abord, ce sera une sacrée bonne saison d’été. Marbella est pour rien et les îles grecques sont à portées des retraités moyens.
Après, on aura le temps de parler des perspectives peu enthousiasmantes, quand il faudra mettre un pull. Les économistes de l’OFCE estiment que l’Europe est en train de boire «le calice de l’austérité jusqu’à la lie», d’autres se félicitent sur RTL du frémissement de reprise qu’ils sentent de leurs narines dilatées des vents des alizés.
Nous sommes «dans le cercle vicieux d’une hausse du chômage, d’une récession qui se prolonge et de doutes croissants quant à l’effort fait sur les finances publiques». Calataÿ n’est pas d’accord. BMW vient de vendre deux voitures de plus que l’année passée à la même date.
Le poids de la dette dans le PIB ne cesse d’augmenter. Dans les prochaines années, selon les calculs des économistes de Natixis, il pourrait atteindre 112% du PIB en Espagne, 126% en Irlande, 135% en Italie, 150% au Portugal, voire 205% en Grèce. Pascal Delwit reste serein pour nous. L’hypothèse est plausible,s’il n’y avait plus de Belgique dans les prochaines années, on pourrait oublier les probabilités propres à notre pays. Il est donc inutile d’accroître les efforts budgétaires.
Il y a bien la solution de l’inflation. A part quelques ministres qui ont investi dans l’immobilier, les autres ont placé leurs capitaux. L’inflation est donc une mauvaise idée pour la majorité d’entre eux.
Les prêteurs qui ont cru en la solvabilité de l’État ne veulent pas tomber dans «l’euthanasie des rentiers» qui fut à la mode dans les années 50. En schématisant, l’inflation est néfaste pour les vieux et les inactifs et favorise les jeunes et les entrepreneurs. Les vieux sont majoritaires en ce pays, Di Rupo ne l’oublie pas. Et puis, il n’est pas maître de l’Euro, c’est Angela Merkel qui l’est. De toute façon, l’inflation ne se décrète pas.
Une solution plus radicale encore serait l’effacement pur et simple d’une partie de la dette, à tout le moins, une mutualisation d’une partie de la dette publique des Etats de la zone euro. Il conviendrait alors de dépenser le plus possible et d’augmenter la dette belge, ainsi on serait parmi les pays les plus endettés et ce serait l’Allemagne qui prendrait nos déficits à sa charge.
Chastel serait prié de jeter l’argent par les fenêtres. On commencerait par aligner les salaires des ministres et députés belges sur les Italiens, au top de l’indécence.
Avant d’être restructuré par l’Europe, on aurait eu du bon temps et on aurait transformé en fête publique permanente la séparation de la Belgique en deux États, Groland au Sud, et Weverland au Nord.
On y verra plus clair le 22 septembre, jour de dégonflage général et des matelas de plage en particulier.