Les partis se préparent.
Nous entrons dans la période de désignation en interne, des candidats des partis.
Pour ceux qui dirigent ce pays, la recette est simple. Les grands chefs sont à leur place et y restent, le nouveau Brutus n’est pas encore trouvé à droite comme à gauche. Ce sont eux qui désignent les places donnant droit à des tickets d’entrée pour le Parlement, même si le public imagine que des bureaux, des assemblées et des congrès sortiront les nouveaux maîtres du royaume.
Parfois, un loustic trop drôle pour être oublié ou victime volontaire d’un incident qui le rend populaire, comme s’afficher fin saoul après une victoire du Standard, force pour ainsi dire la main de son chef de parti par ses voix présumées de préférence. La chose est rare et résulte souvent du plus grand des hasards. Les chefs, alors, se résignent à accepter l’ombre que leur fait ce drôle, eu égard aux voix de préférence que recueille aussi le parti. Ce fut le cas de José Happart au temps homérique des Fourons changés en Clochemerle et de « Papa » Daerden, bête de scène en gaucher contrarié et poivrot de réputation.
Protégés par la « vox populi » ils prospèrent, entourés de la rancœur et de la haine de leurs confrères, jusqu’à ce que la faveur du peuple s’épuise ou se transporte sur un autre phénomène.
Ce sont les seuls cas où le peuple contraint les chefs à s’incliner. Il faut dire que cette vraie et fugace démocratie n’est pas plus heureuse dans ses choix, que la désignation arbitraire habituelle.
La vie d’un notable de parti qui aura réussi à se faire adouber par son chef est quelque chose de paradoxal. Il doit se montrer humble aux yeux du public, tout entier à son écoute et convaincre qu’il lui sera fidèle, alors qu’il sait bien que c’est impossible. Une fois rentré chez lui avec une promesse d’écharpe il doit conquérir les instances du parti et surtout poursuivre son œuvre de séduction du chef, par son talent à jouer des coudes. Il atterrira sur une chaise de la première rangée, à écouter religieusement son oracle de président. Commence une longue liste de corvées et de services à rendre au chef.
C’est ainsi que les anciens électeurs se rappellent les débuts de Louis Michel et de Didier Reynders qui se disputaient la faveur de porter la serviette de Jean Gol. Leur rivalité faisait les chroniques des gazettes. Le lancement de leur carrière est proprement dû à la médiatisation de deux ambitions, dans deux âmes serviles.
Depuis, devenus chefs à leur tour, ils s’ingénièrent à masquer les débuts laborieux et firent tout pour en effacer les traces. Il faut voir dans la sourde hostilité de Didier Reynders à Christine Defraigne, la connaissance qu’elle a des dossiers des débuts, en partie grâce à son père Jean qui en connaissait un bout.
Cette fausseté des mœurs n’échappe plus à l’électeur averti qui va voter sans illusion.
Cette rentrée est donc très particulière.
Dès septembre, les chefs vont arbitrer entre les prétendants, abaisser les uns, satisfaire les autres. Métier délicat qui n’est pas sans risque, pas tant du côté du PS que des deux autres partis francophone de gouvernement. Lutgen pour le CDH et le fils Michel pour le MR ne sont pas autant aguerris que leurs prédécesseurs. Ils sont à leur tour de chauffe dans un moment particulièrement délicat de la politique belge.
Les Écolos, malgré l’apparence, ont aussi leurs chefs et leurs coutumes guère éloignées des autres ; la différence est dans la nature des débats plus ouverts et dans des assemblées plus brouillonnes. Enfin, ils ont deux présidents en exercice, l’un contrôlant l’autre.
Le parti qui ressemble le plus à une armée - la grande muette - est le parti socialiste. Les courants sont inexistants ou confidentiels. Les chefs des grandes sections sont autant d’adjudants qui obéissent à leur général sans murmurer. L’idéologie est partie, mais l’enthousiasme est resté. C’est inexplicable, mais c’est ainsi !
Bref, le parti est déjà en ordre de bataille. S’il y a des ambitieux, ils ne sont pas connus, comme au temps des Terwagne et des Mathot (Guy).
Le hic, le parti n’a pas de programme, sinon celui du gouvernement qui est indéfendable en période électorale.
Comment faire admettre aux électeurs que toutes les mesures prises par Di Rupo font partie d’un plan de sauvetage des travailleurs et que le socialisme n’est pas mort ?
Voilà pourquoi les élections prochaines seront un test sans égal sur l’évolution du plouc de base. Un centrisme apeuré des perspectives économiques ou un début de révolte contre les cadres du parti en train d’entuber le monde du travail, avec la complicité du syndicat, jusqu’à présent le PS semble stable. Mais l’usure est profonde et l’électeur fatigué.
Commentaires
Pas mal, Richard, ... et tellement vrai!
Postée le: michel | août 11, 2013 03:29 PM