L’art du twerk.
Ma petite page d’écriture du soir ? Voici comment cela se passe. Le matin je lis les journaux. Je réfléchis au cours et entre les diverses occupations de la journée, et le soir, avant de me coucher, j’écris le contraire du produit de ma réflexion.
Pendant la lecture des journaux du lendemain, je relis les élucubrations de la veille. J’enlève quelques énormités si je ne suis pas pressé. Parfois je suis satisfait, à d’autres moments dépité et honteux et même effondré de n’avoir pas su mieux noircir la Toile. Ce travail qui prendrait la moitié de la journée pour certains, ne m’occupe qu’une bonne heure par jour.
Parfois des dizaines de sujets sont possibles et le choix est difficile. J’ai bien ri du dessin suggérant que pour les JO nippons, on avait déjà la piscine à Fukushima. Faire une chronique là-dessus, c’est autre chose. Ce soir, je suis partagé entre Elio Di Rupo qui s’arrange pour endosser son veston devant la caméra et qui se dit très satisfait de son job de premier ministre (le contraire serait étonnant) et le pasteur américain Terry Jones grand brûleur de Corans, arrêté alors qu’il allait bouter le feu à 2.998 exemplaires de cette œuvre intemporelle et de par elle-même incendiaire, au volant d'un pickup tractant un grand grill-barbecue rempli de Corans imbibés de kérosène. Le pasteur conviait ses paroissiens à des agapes de saucisses rôties grâce au combustible d’un nouveau genre, ce qui n’aurait pas facilité la tâche d’Obama dans son dernier discours apaisant sur la Syrie.
Comme toujours j’allais opter pour autre chose. Cela pouvait être les hennissements d’impatience du crack Didier Reynders dans son nouveau box d’Uccle, prêt pour le Grand Prix de mai 2014, quand je me suis souvenu du déhanchement significatif de la jeune Miley Cyrus dévoilant ses muscles fessiers en montrant la vélocité de son cul qui va faire twerker le monde entier.
J’ai toujours eu une attirance pour l’oser et le vulgaire. Je suis intimement convaincu que le cul de Miley Cyrus est bien adapté au monde contemporain, lui-même devenu par la grâce de l’individualisme et de l’argent, profondément vulgaire à son tour.
Voilà pourquoi, c’est ce sujet ô combien chaud que je choisis pour ce soir.
Le terme «twerk» serait apparu en 1993 aux Etats-Unis, dans un morceau de Dj Jubilee, Do the Jubilee all, et plus globalement au sein de la «New Orleans Bounce Music et des danses des clubs de strip-tease d'Atlanta».
Si on a trouvé un mot pour la chose, l’art de bouger son cul est bien plus ancien. On lui doit bien de grandes et de petites carrières, d’hommes et de femmes, même si ces dernières ont été le plus souvent mises en scène par des antiféministes inconscients.
L’art de faire du fric avait oublié la danse, voilà qui est réparé. Dorénavant de la vierge sortant du catéchisme à la vaginale mariée et mère de famille, il sera de bon ton dans les soirées de se trémousser de façon significative, comme on ne le fait pas deux fois par an avec un officiel géniteur. Il paraît que Miley Cyrus produit jusqu’à trois ou quatre orgasmes par soirée et cela de façon très honnête puisqu’en l’absence de gode ou de verge, rien qu’en se trémoussant sur la fine cordelette de son string !
Les extases à répétition sont à ce point répandues que certains soirs, les pistes d’Atlanta deviennent glissantes. La Ligue des Familles du coin s’en est émue. Si bien que la soirée du mardi sera dorénavant réservée aux femmes fontaines !
C’est donc une danse épanouissante, à ce point que Laure, nouveau nom d’Alfred comme la législation le permet, actuellement marié à Jan, un docker anversois, éprouve des sensations nouvelles en enflammant ses sphincters, malgré un slip Avion, en twerkant les week-ends dans une boîte du Carré.
«Danser sur de la musique populaire d'une manière sexuellement provocante qui implique des mouvements de hanche de poussées vers l'avant et une danse basse, en position accroupie», telle est la mode qui fait fureur, explique ainsi le dictionnaire anglais Oxford. La chose banalise des va-et-vient et met à la portée de notre belle jeunesse, des messages du X jusqu’à présent réservés aux vieux messieurs en peine de tumescence.
Et que nos banquiers et nos bourgeois conservateurs ne viennent plus nous raconter que l’économie capitaliste encourage la morale, puisque les pépettes afflueront demain grâce à l’art d’agiter son cul.
Justement, Carla Bruni vient à Liège en concert en décembre. Qu’elle mette en musique de bonnes et fortes paroles du genre de celles qui suivent :
Ces petits cons à grosse motte
Sur qui le poil encor ne flotte.
Sont bien de plus friands bouchons
Que les vieilles pratiques abscons
De celles qui n’ont que des grands cons.
…enfin qu’elle les twerk par la même occasion, foi de Richard, je campe la veille Pont d’Avroy pour être au premier rang le lendemain soir.