Qu’allait-il faire en cette galère ?
Alors, question Syrie, je ne sais plus ou plutôt si, je sais que j’ai eu tort de souhaiter une intervention musclées dans les affaires syriennes.
Tout feu tout flamme, la semaine dernière j’était fichtrement convaincu qu’il fallait dire deux mots à Bashar. Question de principe. On ne pouvait pas passer sur les conventions internationales de la Société des Nations. C’est vous dire l’époque, juste après 18, dans les années 20 après des semaines de parlotes en Suisse, la grande entente, plus jamais ça… Ce n’était pas pour condamner la grande tuerie, non, uniquement le gaz moutarde…
Et puis, je ne fais pas de politique. Je ne joue pas à avoir toujours raison. Cela m’est égal de dire un jour blanc et puis, me ravisant, de dire noir quelques jours plus tard et reconnaître ainsi m’être trompé. C’est une question d’honnêteté. Ça sert à ça, un blog. Ce n’est pas parce qu’on passe pour un con à 100 %, qu’on peut l’être à 50 !
Donc, j’en étais encore à mon indignation première : après le moutarde, le sarin, où allait-on ?
L’opinion générale étant contre l’intervention, dès le début, ce n’est pas le plus grand nombre qui m’influence aujourd’hui. Ma conviction initiale fut ébranlée par les tergiversations, les manœuvres des politiciens, le cynisme des chefs d’État.
Ce n’est pas l’interview de Pierre Piccinin ce soir sur RTL, non plus.
Et puis le temps passant, le problème change d’aspect.
De cet enseignant vagabond on pourrait dire bien des choses. D’abord qu’allait-il faire en cette galère ? dit Géronte à Scapin. C’est la question que ses élèves devraient lui poser.
Et puis ce coup de fil surpris entre des ravisseurs de Piccinin, en foi de quoi ce sont les insurgés qui auraient gazé leurs propres gens ! Piccinin rêve ou il nous prend pour des imbéciles. Car, quand bien même, aurait-on parlé à mots couverts de la chose quasiment devant lui, ne nous a-t-il pas dit qu’il se trouvait dans le Nord de la Syrie à plusieurs centaines de kilomètres de l’endroit où fut utilisé le sarin ? N’a-t-il pas déclaré que la rébellion est faite de quatre, voire cinq factions différentes ? Et lui aurait été gardé par les gens du gaz et aurait été quasiment le confident du PC de l’entreprise criminelle, si éloigné des lieux !
Si les farfelus et les mythomanes s’emparent ainsi de l’actualité… les cartes sont suffisamment biseautées pour éviter d’en ajouter d’autres.
Non, non !... ce n’est pas cela qui m’a fait changer d’avis.
C’est la conviction que tout ce remue ménage international et cette absence de décision ont fait en sorte, que ce n’est plus la peine de faire quoi que ce soit. Le message a été entendu par Bashar. Il ne peut plus récidiver car, contrairement à ce qui a été dit, ce n’est pas la permission de remettre ça que le monde lui donne, c’est au contraire une réprobation générale, même la Russie et la Chine qui, tout en ne l’accusant pas, ont dit leur désaveu d’utiliser pareilles armes.
Aussi, la récidive de Bashar serait un véritable suicide, pour lui, son régime et son armée.
Intervenir même après le feu vert de l’ONU serait vraiment une provocation de l’Amérique et de la France, appelant une réaction de Bashar.
Que Hollande et Obama soient emmerdés avec leur guerre en perspective, on ne peut en douter, d’autant que le public est de plus en plus contre l’intervention.
Le bon côté de ce débat, c’est le rappel de toutes les saloperies qui ont été déversées sur les gens depuis cette fameuse interdiction de la SDN, les Italiens au gaz ypérite en Éthiopie, les tonnes de produits défoliant versés par les Américains sur le Viêtnam, les Irakiens au sarin dans la guerre contre l’Iran, etc. Et enfin, le rappel des engins plus meurtriers et tout aussi aveugle que sont les mines anti-personnel, avec le sommet de l’horreur : l’usage de l’arme atomique larguée par deux fois sur le Japon en 45 par les Américains.
De nos jours, les gaz sont devenus une arme de pauvre, qu’une saute de vent peut retourner contre celui qui l’emploie. La preuve, les grands pays qui en ont entreposé des tonnes ne savent plus qu'en faire. La France va construire une usine pour les détruire.
Reste les réfugiés syriens, comment les accueillir autrement que Maggie De Block ?
Voilà une préoccupation réaliste et du moment.