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A sauver les apparences…

Le journal « Le Soir » dans son édition électronique nous informe : « Football. La RTBF a confirmé que l’ancien gardien de but n’était plus la bienvenue (sic) sur ses antennes suite à la publication d’un tweet considéré comme raciste. Etc. »
Avant lui, il y avait « Monsieur Météo » d’RTL qui était excommunié en raison de déviances bloggeuses à caractère raciste.
La chose publique doit être pure et sans reproche dans le domaine si délicat des appréciations sur l’homo sapiens venu d’ailleurs. Nul écart n’étant toléré, le discours officiel devient pratiquement inaudible. Voilà qui va faire progresser la langue de bois.
Les lois contre le racisme et l’antisémitisme sont des aboutissements d’un ensemble de restrictions des libertés, en limitant par des codes la manière de s’exprimer des citoyens. C’est ne pas faire confiance aux réactions naturelles de défense de ceux qui n’approuvent pas les propos racistes. C’est, enfin, soupçonner tout le monde de bêtise.
Par contre, l’action, elle, n’entre pas dans le crime du racisme ordinaire.
On applaudira Maggie De Block dans ses intransigeances habituelles, ses renvois accélérés de gens « qui n’ont rien à faire ici », quitte à les expédier là où ils seront emprisonnés ou fusillés.
On tolérera des expulsions, même illégales, pour se défaire d’individus peu recommandables, sans qu’aucune scorie à caractère raciste ne soit à déplorer dans aucun communiqué.
Emmanuelle Praet n’a aucune prévention à l’égard de Nizar Trabelsi, sauf qu’elle préfère le voir dans une geôle aux USA, plutôt que de le savoir marié et finir son temps de prison en Belgique. C’est difficile à interpréter. Premier reproche implicite que les gens bien intentionnés font à Nizar, c’est qu’il s’est fait la tête d’un genre qu’on n’aime pas : le barbu religieux, synonyme de salafiste. Cette prévention « au faciès » n’est-elle pas une forme de racisme ?

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Qu’est-ce qu’avoir une bonne conscience ? C’est être persuadé qu’on est une parfaire canaille, à écrit Léon Bloy, dans son journal. Apparemment toutes les bonnes consciences n’en sont pas persuadées.
On pleurera à chaudes larmes le triste sort des victimes de Lampedusa, tout en se réjouissant secrètement que le contingent de cinq cents personnes n’ait pas été jusqu’à essaimer en Europe et surtout pas en Belgique.
Nous sommes dans un état fabuleux d’hypocrisie d’où il ressort que « pur » et « impur » sont des mots qu’il faut manier avec une prudence extrême, sur le temps que la population s’enfonce dans une sorte de racisme « bouche cousue mais qui n’en pense pas moins » et qui trouve son exutoire dans des partis d’exclusion, comme à Brignoles, en France, où le candidat frontiste est arrivé dimanche en tête du premier tour de la cantonale. Laurent Lopez a recueilli 40,4 % des voix.
Maggie De Block, elle-même, est une incitation au racisme dans son action tout en prenant un soin méticuleux à employer des termes délicats pour expliquer une politique horrible.
Et on voudrait que le public s’émeuve d’un mot de travers à connotation raciste, et soit admiratif en même temps de la façon énergique dont on flanque des gens hors du pays, sans distinction d’âge, de sexe, de liens familiaux ?
On nous la prépare magnifique cette Belgique de demain, parfaitement pure en surface et profondément ignoble en profondeur.
On est surpris de l’évolution des apparences, et non pas des mœurs qui sont restées les mêmes, à lire les grands auteurs, jusqu’au milieu du siècle précédent le nôtre.
Le racisme était une forme de méchanceté qui faisait parfois rire et qui donnait à réfléchir sur la bêtise du raciste. Les bourgeois en étaient pétris (C’est toujours le cas). Ils confondent sciemment le peuple et l’étranger. Ils avaient autant de mépris pour les travailleurs que pour les tziganes (les Roms d’aujourd’hui).
Je déplore en les haïssant, ces gestes imbéciles qui font d’un occupant d'un trou, un lieu qu’il baptise aussitôt patrie, un territoire qu’il encercle de barbelés et de miradors et qu’il défendra comme l’ours, sa tanière.
Le racisme ne se limite pas aux compatriotes, les étrangers le sont autant que nous.
Nous et les autres ? Racistes ? Comme Monsieur Jourdain parle en prose.

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