Another terrible accident…
Un maelstrom, ou malstrom, est un puissant tourbillon qui se forme dans la mer ou dans un fleuve. Il peut être créé par un courant de marée ou par le courant d'un fleuve. Ce n’est pas le cas de son presque homonyme Cécilia Malmström, la commissaire européenne aux affaires intérieures, qui n’engage pas suffisamment l’Europe pour arrêter le massacre des flux d’émigrés qui disparaissent en Méditerranée. Cette mer est en passe de devenir, selon le premier ministre maltais, Joseph Muscat, le plus grand cimetière marin au monde.
Il ne s’agit pas d’une mer démontée et de naufrages successifs dus aux éléments déchaînés, mais d’une course éperdue vers l’Europe des populations d’Afrique fuyant la pauvreté, s’assemblant à la Corne du continent et s’embarquant sur des bateaux, les surchargeant, alors qu’ils sont déjà dangereux par eux-mêmes, vu leur état de vétusté.
Pour arrêter le massacre, il faudrait un grand rassemblement de navires européens des marines des États riverains, mais encore de la Baltique à la mer du Nord attachés à la surveillance et au sauvetage éventuel dans les deux ou trois endroits des passages traditionnels de l’immigration clandestine.
Quoique l’effet dissuasif soit certain, cette flotte aurait avant tout la mission de sauver des vies.
Enfin, il conviendrait que l’Europe délègue dans les pays africains, des agents prévenant les candidats des risques qu’ils encourent à rejoindre les flottilles de passeurs. Redoubler de vigilance sur terre en accord avec les pays riverains pour arrêter les passeurs et leurs filières et contrôler tous les ports de ce côté-là de la Méditerranée, afin d’en répertorier la flotte de pêche et autres embarcations.
Comme toujours, l’Europe est en dessous de tout.
Seules des initiatives locales font ce qu’elles peuvent.
Après la tragédie de Lampedusa, des dizaines d'immigrés sont morts vendredi 11 octobre soir dans un naufrage au sud de Malte. Un nouveau drame, huit jours après la tragédie qui a coûté la vie à plus de 300 personnes au large de la petite île sicilienne.
La plupart des Belges n’ont rien su de cette nouvelle tragédie, puisqu’ils ne s’informent qu’aux journaux télévisés du soir de nos deux chaînes nationales, toutes bruissant de football et autres songeries de jeux de pieds et de mains pour éviter la NV-A en mai 2014.
Pourtant, elle était bien là, l’actualité, montrant aux âmes sensibles ce que peut devenir parfois la valeur d’un être humain, à l’avance condamné comme s’il était un surplus d’une production de viande invendable, parce que rebutant les consommateurs.
Et encore une fois, dussé-je rabâcher, je ne peux m’empêcher de dire qu’un progrès, quel qu’il soit, en science, en art, en organisation sociale, n’en est vraiment un que lorsqu’il fait corps avec le respect de la dignité humaine.
Quand la science invente le stockage des gaz sarin et moutarde, ainsi que leur production à grande échelle, comme l’atome, comme la mine antipersonnel, est-ce un progrès ?
Quand le travail à la chaîne aliène des milliers de travailleurs, les assujettissant à la science ergonomique, est-ce un progrès ?
Quand l’économie de marché casse des usines, jette à la rue des millions de chômeurs, est-ce un progrès ?
Et ainsi de suite.
Réfléchir à cela et retrouver le sens de l’humain, c’est ce que Cécilia Malmström ne fait pas. Sans doute a-t-elle des excuses. Elle n’est pas seule. Elle n’est maître ni de son environnement, ni du système économique. Son pouvoir ne s’étend pas à commander aux flottes des divers États membres.
Mais, elle n’a pas non plus cette âme de Don Quichotte qui se bat contre des moulins se sachant à l’avance perdu et qui se bat quand même. Elle a sa petite vie, son bon salaire, ses habitudes et après la journée au bureau, retrouve les siens dans un confort cinq étoiles d’un appartement bruxellois, sans état d’âme, sans une once de remord et sans se demander à quoi ça sert l’Europe, dans un gâchis pareil.
Comment je le sais ? Mais, si c’était le contraire, on aurait appris depuis longtemps qu’elle a jeté sa démission à la figure de Barroso qui l’a refusée, qu’elle fait la navette entre Bruxelles et Lampedusa, Malte, Gibraltar, secouant les inerties, renouant avec l’esprit de solidarité des hommes de mer.
Jusqu’à hier, tout le monde ignorait qu’elle était la fonction de Cécilia Malmström.
Elle a l’âme du fonctionnaire. Elle concourt à perdre l’Europe avec les autres fonctionnaires européens. Dans le camp des réussites sociales, elle n’a aucune idée de la façon dont le reste du monde vit, comme tous ses confrères, et ceux qui, en général, font tirer les marrons du feu et se fichent des travailleurs qui s’y brûlent les mains.