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L’économie fleur des pois.

Le drame de la société actuelle c’est de coller à une réalité économique sur des schémas qui n’existent plus : ceux d’une société dans laquelle le chômage était perçu comme un volant de sécurité tournant autour de 5 % de la population active.
Nos dirigeants poussent des soupirs de soulagement : la croissance repart, faiblement, mais elle repart ! Actuellement elle tournerait autour de 0,5 %. Et que voit-on ? La courbe du chômage ne fléchit pas. Au contraire, elle progresse, plus lentement, mais de manière constante, malgré les emplois aidés et les suppressions d’indemnités.
Il n’est même pas sûr que le plein emploi (± 5 % de chômeurs) serait de nouveau atteint avec une croissance de plus de 6 % (5 % aux USA et le chômage qui ne baisse pas).
Les productions ont changé de nature. Le travail mécanisé poursuivait une progression que la crise n’a pas ralentie, au contraire. Une entreprise peut repartir dans une production plus importante sans pour autant embaucher. Il y a même des exemples de croissance industrielle avec une diminution importante de la main-d’œuvre par rapport à 2008, début de la crise.
Les programmes de spécialisation de la main-d’œuvre et le nombre accru d’étudiants dans les universités montrent que sur la foi des probabilités des économistes des années 1980, une partie non négligeable de la jeunesse est actuellement nantie de diplômes et de capacités supérieures à ce qu’elle était avant la date charnière.
Si cette jeunesse demandeuse d’emplois a été moins durement touchée que celle des non-diplômés, son taux de chômage n’est toutefois pas descendu à 5 %. L’offre arrive à saturation et chaque année voit des diplômés sortir des meilleures écoles qui ne trouveront pas accès au travail dans leur spécificité sectorielle.
Cela signifie que les appels à des études appropriées suite à la demande de main-d’œuvre qualifiées ont été entendus et satisfaits dans une large mesure. Mais, cela veut dire aussi que l’avenir de nos sociétés n’est pas celui que prédisaient les Madame Soleil de l’économie classique. Nous n’allons pas vers une société de haute qualification faites de bureaux de programmation et de courtiers d’affaires, dans laquelle les prix Nobel se comptent à la pelle.
La société qui se dessine reste et restera mixte avec un besoin de main-d’œuvre qualifiées et non qualifiées, dans une proportion qui, il est vrai, aura tendance à faire baisser le nombre de travailleurs manuels.
Ce qui est certain, c’est que cette société conservera, quoi qu’il arrive, un haut taux de chômage réel entre 20 et 25 % d’adultes en âge de travailler.

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Les industriels en sont conscients et ont développé un nuage artificiel de fausses statistiques avec une désignation sacrificielle des coupables. Ce sont des statistiques qui font hésiter entre ce que l’on croit et ce que l’on voit. Les chômeurs qui « refusent de travailler » et les charges excessives qui grèvent les entreprises les empêchant de progresser, sont parmi les fantasmes libéraux les plus récurrents.
Les personnels politiques jouent aussi un rôle aussi néfaste que les précédents en refusant de penser une autre économie pour un ensemble de la population et non plus selon un pourcentage de celle-ci. Leur objectif étant une réélection tous les quatre ans, ils n’auront pas la politique de Colbert qui planta des milliers de chênes pour que ses compatriotes puissent en récupérer les fruits deux siècles plus tard. C’est d’autant plus indigne que, pour eux, l’échéance est beaucoup plus courte.
Nous sommes aujourd’hui en 2013 en train de courir après une société industrialisée à la façon du siècle dernier, espérant la faire repartir, alors qu’elle est condamnée dans les faits et indéniablement, ne correspond plus aux données actuelles de population, de niveau de vie et d’accroissement de cette population (par des flux migratoires notamment), alors qu’une toute autre société industrialisée et pensée autrement pourrait très bien fonctionner pour tous et produire même des effets bienfaisants sur les populations qui fuient justement des excès encore plus grand de notre société industrielle, portée aux derniers outrages de l’humain sous d’autres climats.
Les USA ne sont plus le modèle adéquat après quoi il faut courir. L’Europe est la première puissance industrielle mondiale, c’est d’elle que devrait venir une autre perspective que celle de la mondialisation capitaliste. Hélas ! Elle n’en prend pas le chemin et nos personnels politiques encore moins. Nous sommes déjà les sujets d’une démocratie qui oublie délibérément un quart de sa population sur le bas côté de la route. Peut-on encore appeler ça une réussite sociale ? Jusqu’où faudra-t-il monter dans le pourcentage d’exclus pour changer de système ?

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