Un cas de figure.
L’affaire Leonarda en France a déjà fait couler pas mal d’encre et ceux qui tiennent le porteplume ont bien plus d’avantages qu’un Internaute pour exprimer une opinion ; néanmoins entre nous, avec une petite audience et sur l’espace réduit de la Toile, quelques remarques qu’il m’a semblé n’entendre nulle part dans les sphères officielles et dans celles des oppositions.
La première est plutôt encourageante pour l’influence qu’a encore la presse française sur la politique et l’opinion.
Des affaires comme celle dont on parle partout, il y en a eu des dizaines, voire des centaines avant, sans qu’on n’en ait entendu parler. Il a fallu que l’épisode du bus scolaire soit mis en tête des articles dans quelques grands journaux, pour qu’aussitôt cette affaire prenne des proportions telles que le chef de l’État finira par s’en mêler.
Pourquoi la presse s’est-elle intéressée en France à Leonarda et à sa famille, plutôt qu’à la famille d’une autre adolescente « sortie » de son école pour rejoindre ses parents dans un lieu d’attente à l’expulsion ?
C’est le lot qui échoit aux informations en vrac. On déverse tout sur la table. Le tri n’est souvent que l’effet du hasard, une coïncidence, une idée d’un responsable de l’opinion.
Pour une fois, cela tombe sur le côté des expulsions qu’on ne nous montre pas. Des familles sont priées de déguerpir au plus vite et d’autres sont « tolérées ». C’est chaque fois des drames humains, des personnes à qui on enlève tout pouvoir de décision et qu’on expulse souvent comme on ne le ferait pas pour des délinquants, puisqu’on demande au pays d’origine de l’expulsé condamné, s’il veut bien reprendre son ressortissant.
Cette honte est parfaitement assumée par une Europe qui se replie sur sa propre misère et sans aucune gêne, sombre dans ses comptes de boutiquiers et ses dettes à rembourser. L’opinion française dans sa majorité est pour l’expulsion, d’autant que d’habiles enquêtes montrent que la famille de Leonarda est une famille recomposée, que le chef de la tribu est un voleur de poules qui ne veut à aucun prix travailler, comme si la situation des demandeurs d’asile devait être impeccable, bourgeoise en un mot, pour qu’elle soit prise en considération.
Pourtant beaucoup de jeunes lycéens ont compris l’astuce et ils ont raison de manifester contre la manipulation et pour le retour en France du voleur de poules et de sa famille, comme ils auraient raison de manifester contre toute expulsion brutale, sans motif pour les uns, plutôt que pour les autres, dans une sorte de loterie qui rappelle furieusement la manière dont les Nazis fusillèrent des otages innocents en prélevant dans la foule celui-ci, plutôt que celui-là.
Si on ne peut pas accueillir toute la misère du monde, ce n’est pas quand la misère est devant nous qu’il faut s’en détourner. Au contraire, il faut se demander pourquoi des êtres humains font parfois des milliers de kilomètres pour frapper à notre porte. Qu’on fasse tout pour les empêcher de prendre le risque, c’est autre chose, à commencer par leur désapprendre à croire nos magazines de vedettes et de vacances. Oui, il y a une bourgeoisie qui nage dans l’argent et se prélasse à longueur d’année sur les plages lointaines – la même d’ailleurs qui exalte les vertus du travail - mais il y a la moitié des gens qui travaillent qui n’iront jamais nulle part et un bon quart d’exclus nationaux qui sont dans la misère.
La dernière boulette de Hollande fut celle de concilier la chèvre et le chou et d’offrir à Leonarda la possibilité pour elle seule de reprendre ses études en France. Comme si la gamine de quinze ans allait venir en France sans sa famille !
Reste que Hollande et Vals sont aussi complices d’une répression aveugle des immigrés clandestins, que Di Rupo et Maggie De Block. La Belgique est à égalité d’ignominie avec la France, encore une horreur à mettre au palmarès de la société de consommation.
On a évoqué plusieurs scénarii possibles. On a oublié celui qui ferait le plus de dégâts dans le gouvernement d’Ayrault et peut-être toucherait le président lui-même.
Puisque l’intention de la famille de Leonarda est de revenir en France, si elle pouvait – tant qu’elle est au cœur de l’actualité – aidée par une ONG ou par tout qui pourrait le faire, être la semaine prochaine à l’endroit d’où elle a été expulsée et aussitôt dépêcher Leonarda à son école dès le lendemain, ce serait une bien fâcheuse position pour Vals et compagnie !
Les poulets recevraient-ils l’ordre d’expulser l’étudiante avec les siens ou bien, selon la proposition de François Hollande, la maintiendraient-ils seule et de force, en France ?
Les médias n’ont pas encore pensé à celle-là.
Ils devraient.