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Désertification.

Un phénomène de transhumance de la population urbaine se déroule sous nos yeux dans les grandes villes du pays. Les centres se vident de la population bourgeoise, tandis que les périphéries passent à la gentrification (transformation de l’habitat par une population plus aisée).
Et les classes laborieuses ?
Elles se nichent où elles peuvent, dans la grande banlieue ou dans des îlots de résistance (1), à la merci d’un projet de bétonneur qui aura graissé la patte à des gestionnaires de la ville peu scrupuleux ou d’un urbaniste-architecte de renom à qui on confie la réalisation d’un bâtiment aux fonctions particulières (2).
Selon une récente étude, 10.000 ménages ont abandonné aux bureaux ou aux logements de luxe des fonctionnaires européens, une capitale en pleine mutation.
Qu’on appelle cela comme on veut, c’est une disparition lente mais régulière des classes moyennes commerçantes des centres villes.
Toujours à Bruxelles, selon des chiffres du ministère des finances, la proportion des ménages contributifs a chuté à 34 %. Cette tendance tend à mettre en évidence un accroissement de la pauvreté et souligne l’exode urbain. En même temps, elle pointe les fonctionnaires belges et européens au premier rang des personnes exerçant un emploi à Bruxelles sans systématiquement contribuer à l’impôt des Communes, voire de Belgique.
Le même phénomène est visible à Liège et Charleroi. Anvers de par sa situation portuaire est moins touchée.
Il n’est pas étonnant qu’après les travailleurs, les classes moyennes du commerce et de la petite industrie artisanale soient les victimes du système économique. Les propriétaires ont profité de leur situation de monopole dans les rues actives du centre ville pour gonfler les prix des loyers de façon considérable. Ce sont les commerces qui ont le plus de marge sur le produit vendu qui subsistent, à savoir les vêtements, les accessoires de luxe, les chaussures (pour combien de temps ?).
Les habitants actuels des centres villes qui s’accrochent n’apportent plus aux municipalités les ressources nécessaires à une gestion normale.
On le voit bien à Liège dont la voirie laisse à désirer et où, au gré des nouveaux passages et piétonniers, les commerces qui résistent émigrent du Pont d’Avroy au quartier Saint-Lambert Opéra, laissant quasiment désertes des rues jadis commerçantes, abandonnant des galeries comme celle du premier étage du coin Magnette-Cathédrale.

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Il ne faut pas être un grand économiste, après avoir parcouru les centres villes, pour se rendre à l’évidence que le système économique a dérapé depuis bientôt six ans. Déjà touché dans ses fondements bien avant la crise et tout le délabrement que l’on constate à présent, cela était prévisible depuis une bonne vingtaine d’années.
La rémunération du capital a progressé de plus de 20 % depuis la crise. Ces 20 % ont été prélevés, outre les bénéfices habituels sur la masse salariale et sur les revenus des classes moyennes. Comme le capital, lorsqu’il n’échappe pas à la taxation par la fuite dans des paradis fiscaux, est moins taxé que le travail, on entre dans une spirale : l’État et les Communes percevant moins d’impôts par l’appétit bancaire, sont obligés de taxer davantage ce qui peut l’être.
Voilà pourquoi la situation des villes avec le nouveau désastre communal qui se confirme est en train de sceller le destin des citadins et de la population en général.
La France est plus engagée que nous dans ce processus fatal.
Observez ce qu'il en est de la popularité de François Hollande. Ce sera demain la même chose pour n’importe quel chef du gouvernement belge qui sortira des urnes en mai 2014, si la politique actuelle ne change pas en matière de relation entre le capital et le travail.

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1. A Liège, les quartiers Sainte-Marguerite et Saint-Léonard sont de ceux-là, la rue du Moulin à Bressoux et certaines rues adjacentes, etc.
2. La gare Calatrava a pratiquement détruit le quartier des Guillemins, mettant à bas des dizaines d’immeubles, sans que l’on puisse réaliser le projet initial de rénovation du quartier, si bien que les rues sinistrées nous font à nouveau penser au désastre du « trou de la place Saint-Lambert ». On peut-être assuré que le projet de remplacement des rues éventrées aux Guillemins se fera par un replâtrage douteux et à moindre frais.

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