L’info se pique chez les autres.
Profitant de l’affaire Wesphael, la presse people s’est déchaînée. Du pain béni pour les médias tous, plus ou moins, hostiles aux deux partis que le prévenu a fréquenté. Écolo d’abord, Wesphael en est un des pères fondateurs et le Mouvement de Gauche, que le député wallon créait l’année dernière, après avoir claqué la porte des Verts, suite à son échec à la conquête de la présidence. Enfin, victime collatérale, on retrouve le PTB, pour sa critique sociale et économique de la société de consommation, le tout très léché, à peine suggéré, Wesphael lui-même devenant le porte-drapeau d’une cause improbable, calquée sur son désastre personnel.
Ce qui, au départ, était une affaire plus ou moins sordide à Ostende, un port qui eut ses poètes et qui fut chanté par Jean-Roger Caussimon, Brassens et Jean Ferrat, rattachée à la peinture mondiale par son peintre local, James Ensor, la ville échappe à la banalité du fait-divers par la poésie des lieux.
Mourir encore jeune avec 3 gr d’alcool dans le sang dans une chambre d’hôtel a fait bondir la presse, une presse qui n’attendait que cela pour augmenter ses tirages.
Du coup, les journaux «sérieux », accrédités auprès des faiseurs d’opinion, ont été obligés de suivre et de faire régulièrement la Une de ce fait-divers, télé et radio comprises, à peu près pendant toute la semaine écoulée, en oubliant Ostende et ses mouettes.
Un manque de moyens et de personnels de la RTBF ont mis à mal l’information. Par habitude d’économiser les envois sur place, on a privilégié l’information sur la Toile, les radios, journaux papier et télévisions commerciales. Les citoyens entretiennent des gens qui nous font de l’information par ouï-dire et c’est gênant.
Jean-Pierre Jacqmin, directeur de l'info à la RTBF, s’est fendu d’un communiqué à ses journalistes radio et télé. Il les met en garde, en particulier contre les éditions du groupe SudPresse (La Meuse, La Capitale, La Nouvelle Gazette…) "Je voudrais attirer votre attention sur la nécessité absolue de recouper les informations que nous diffusons à l'antenne, même si ces informations proviennent de la presse écrite. Nous estimons (…) qu'il ne suffit pas de citer la source d'une information non recoupée par nos soins pour justifier de diffuser des éléments qui ne sont pas probants. Je vous demande donc une vigilance particulière par rapport à des informations de certains journaux, pour ne pas le citer, entre autres, du groupe SudPresse, informations que nous avons été obligés de démentir ou de rectifier par la suite. (…) Nous ne déléguons pas notre ligne éditoriale à d'autres médias, qui ont leurs propres règles et valeurs."
Jacqmin se protège par la même occasion de toute responsabilité au cas où une information serait controversée par une des parties en cause dans le procès qui se profile à l’horizon.
En même temps, voilà qui en dit long sur les pratiques habituelles par manque de personnel de la RTBF.
C’est moins visible et quasiment anecdotique d’interpréter un événement qui se passe aux Philippines ou aux Etats-Unis depuis un copier/coller de la presse locale, c’est moins évident de le faire d’après le journal La Meuse.
Il n’y a plus guère que quelques grands journaux francophones, tous français, capables d’envoyer partout dans le monde des grands reporters pour une information de première main.
En Belgique on ne s’est pas aperçu que l’envoi de temps à autre d’une équipe dans ce qui fut notre pré carré, le Congo et les pays contigus, tenait lieu de poudre aux yeux !.
Bien entendu, ça ne peut cacher longtemps le fait que la presse écrite, parlée et télévisée s’approvisionne depuis les super marchés que forment les Agences d’information, toutes tenues par des réseaux d’influence de l’économie de marché et de la mondialisation.
Ce n’est pas Jacqmin qui serait capable de rendre à la presse tout son éclat. Il vient seulement d’éclairer le tragique de la situation : la RTBF tenant ses informations du journal La Meuse.
La honte !