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Éloges.

Évidemment, les gazettes se sont ruées sur la mort du Grand Homme, de la vie politique par laquelle on peut lui tirer son chapeau. Mort à un âge respectable, Nelson Mandela aura eu tout le temps de savourer la gloire d’avoir été statufié de son vivant.
De sa vie privée, tranchée dans le vif pendant ses années d’incarcération, on n’en peut dire autant, puisqu’il en parlait lui-même, ce n’était un secret pour personne. C’était un cavaleur qui aimait la vie et les femmes, ce qui le rend encore plus humain.
Dans ce qui apparaît des discours enflammés de nos ténors de la politique belge, en hommage à celui qui lutta avec succès contre l’Apartheid au point de devenir le président de l’État qui l’avait emprisonné, plusieurs contradictions sont proprement édifiantes.
La première est l’éloge faite au rebelle, à celui qui va au bout de son opposition. Pour nos ténors, cela se passe très loin, en Afrique du Sud, vous voyez d’ici que nos tribuns fassent l’éloge un jour d’un opposant à leurs élucubrations, quelqu’un qui s’élèverait contre l’appétit du gain, la position sociale trop élevée pour être honnête, qui serait victime d’un apartheid de classe et d’études et dont on apprendrait qu’il est natif quelque part de Wallonie ou de Flandre… peut-être même de Mons !
Quelqu’un qui aurait résisté aux chants des sirènes et vilipendé notre société de consommation égoïste, abêtissant le peuple par trois « idéaux » : la bagnole, le foot et le porno, et qu’au nom de la liberté de vendre et d’acheter n’importe quoi, nos ténors s’évertuent à défendre.
Si de surcroit notre homme avait été un modeste vendeur de chez IKEA, un chômeur, voire un éboueur et qu’il n’eût pas été avocat, comme Mandela l’était, simplement instruit et cultivé sans avoir mis un pied à l’école, mais que sa vie, son militantisme pour une société plus juste eût été exemplaire : personne n’en aurait dit du bien, sa notoriété se fût arrêtée à quelques groupes de gens, justement jugés sans importance et les ténors n’en eussent dit que des paroles blessantes, vexatoires et méprisantes !

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A moins qu’il n’ai réussi par une chance extraordinaire à se faire entendre des médias, à regrouper autour de lui de plus en plus de monde éclairés par des propos qui supposent une vue perçante des êtres et des choses et qui, par une chance encore plus grande, ait entraîné des centaines de milliers de personnes séduites par la vérité de ses propos à exiger une pleine et entière installation de la démocratie.
Alors, on aurait vu les pontes installés, les Flahaut à 700.000, les Antoine, les Élio, les Didjé, les Milquet, les Michel, etc. les trucs et les machins de Mons et d’ailleurs, inventer une nouvelle façon de dire la messe à leur nouveau dieu, non pas qu’ils le crussent capable de miracle, mais, muddle through, dans le seul but de sauvegarder l’essentiel : leur pouvoir, leur statut, leur pognon.
Comme ce n’est pas demain la veille d’installer au pinacle un génie sans importance, un politique fabuleux sans parti, un planificateur hors pair et un amoureux exigeant pour les citoyens, bref un anonyme, inutile de leur faire peur, ils peuvent à perte de phrases discourir à l’infini dans des oraisons funèbres admirables sur la vie et l’œuvre de Mandela, personne ne contrariera leurs propos, même si, dans leur for intérieur ils sont racistes, puants de bourgeoisie capitaliste, égoïstes et avares des sous que l’État leur alloue.
La route est large ouverte à leur tentation majeure : nous avoir par les sentiments. Vous pensez si c’est l’occasion avec Mandela, ancien nobélisé !
Vite qu’ils se rassurent.
En Belgique, l’avocat des modestes, modeste lui-même, déifié et marmoréen le cul sur les chaises de tribune, aura toujours la carrière de faux derche qu’il préfère en-dehors des prétoires de besogneux, à la lumière des spots de la télé et des Chambres réunies. Il pourra même se comparer à l’autre, celui de Johannesburg. Qui osera le contredire ? On voit déjà Di Rupo dans le rôle.
Nos emblématiques célébreront ensemble leur gloire devant l’ébahissement du peuple. Amoureux d’eux-mêmes, ils sont hors-concours pour saluer Mandela, mais infiniment plus mal à l’aise pour dépeindre les vies misérables qui, par un travail de fourmi, assurent leur grandeur.
Oui, Mandela a eu de la chance, beaucoup de chances diverses et variées, mais parmi celles-ci, il y en a une qui saute aux yeux : Mandela a surtout eu la chance de n’être pas Belge !

Commentaires

La photo est extraordinaire :). Le voile est là, l'honneur est sauf!

Richard III,
Une chronique au niveau de la petite culotte, indécente et irrespectueuse.
Vous savez vous montrer excécrable ; vous mélangez les genres de manière sans nuance et sans aucun intérêt.

Mon cher Henry,
Vous me ravissez positivement ! Vous ne supportez pas une chronique sur deux et cependant vous êtes fasciné par l'une et l'autre !
Amicalement.

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