Je suis oiseau, voyez mes ailes.
Ainsi parlent les gens sans courage depuis ce vers de La Fontaine.
Tantôt, ils pépient, montrent leurs belles ailes. Hélas ! ils ne savent pas voler.
En écoutant les indéboulonnables ce midi réunis autour de M’ame Demoulin, tandis que la maison d’en face, la tête en 2014, en était à la Grande duchesse de Gerolstein, je me disais que nous avions devant nous des gens qui n’ont rien compris et qui vont se faire balayer par l’histoire. Une collection de Saint-Augustin du 4me siècle regrettait l’an 200 et le paganisme de Rome, surtout à l’écoute du duo Milquet Reynders, côte à côte dans les circonstances. Ils espéraient, ces brontosaures « sortir de la crise en 2014 », comme s’il s’agissait d’une réplique de celle de 1929.
Ce qui se passe n’a évidemment rien à voir avec 1929, mais encore n’a même plus rien à voir avec une crise du tout.
À remarquer que des invités surprises aux Éternels d’antenne, personne, mais personne ne s’est inquiété de l’usure inquiétante du système économique lui-même. On avait affaire à des garagistes réunis autour d’une voiture poubelle. Chacun s’affaire sur les moyens de la faire repartir en remplaçant des pièces usées par des pièces moins usées. Alors, que la rouille a fait son œuvre et que sur la route, quoi qu’on fasse, cette voiture est un danger public.
A croire qu’ils ne connaissent rien à l’histoire et à son évolution inquiétante.
En 1989, à la fin de la Guerre froide, les Etats-Unis étaient la force militaro-économique la plus redoutable qui soit. Ils entraînaient dans leur sillage, le monde ouvrier et la bourgeoisie libérale d’Europe au culte de la démocratie triomphaliste, selon la version drugstore et hamburger. Milquet et Reynders terminaient des études d’avocat avec la ferme intention de se faire du fric autrement, convaincus qu’ils en auraient pour toute leur vie à coordonner les méthodes anciennes pour maintenir la Belgique dans le saint parage des États-Unis.
Ils n’étaient pas les seuls dans cette fidélité aveugle. L’Europe qui ralliait de plus en plus d’adhérents, avait la même vision. Barroso, après Delors, les a assez encouragés. Les Commissions donnent toujours en 2013, toutes les garanties à la pérennité de l’ordre économique.
Et puis le monde s’est décomposé au coup de sifflet d’un attentat sur le sol américain par des extrémistes musulmans. Les Etats-Unis se sont lancés dans deux invasions au Moyen-Orient. Ce remue ménage a réveillé l’instinct de guerre de la région. Alors dans la confusion des départs ou des décès des anciens dictateurs, on n’a pas tout de suite pris en compte la fin d’une hégémonie par les armes des États-Unis.
Aujourd’hui, le monde occidental qui comptait beaucoup sur les Marines pour assurer la suite à l'identique du système économique n’a que la faible armée française en 2013 pour faire semblant en Afrique.
Avant, il y avait eu 2008, le dérapage de trop, les subprimes et Lehman Brothers. L’Union européenne suivait avec peine l’économie américaine dans son sauve-qui-peut. A vrai dire, l’Europe ne se portrait pas bien depuis le coup de bourse de trop de décembre 2008.
Une crise de la dette, une croissance négative et des niveaux indécents de chômage, si c’est cela le new-deal de Milquet et Reynders, on se demande comment ils parviennent encore à parler de leur bon bilan dans ce système économique fou.
Les Socialistes ne vont guère mieux dans leur analyse. Eux, ce sont les garagistes du siège passager dont on voit les ressorts. Ils ont cru que le fauteuil tiendrait encore le coup comme lors des années d’or de l’Etat-providence. La guimbarde est à la dérive et en repli comme les Américains en Afghanistan. Roublardo suit les libéraux, gagné par l’inquiétude, un peu comme les collabos suivaient Pétain à Sigmaringen, en se laissant bercer par la douce musique de la reconquête de la Wehrmacht, lui c’est la controffensive capitaliste qui le travaille. Il espère la reprise et rêve de croissance, comme les belles femmes d’aujourd’hui rêvent de stéatopygie à la brésilienne. Son fonds de commerce est en jeu !
Et je me disais voyant s’agiter ces poupées du Régime, que leur grande faute devant l’histoire n’aura pas été de faire un constat erroné de la situation économique actuelle, mais de n’avoir pas prévu la sortie du monde capitaliste, au vu de l’incompatibilité de ce système avec le bonheur de tous et de l’effrayant avenir qu’il nous réserve.
Commentaires
Comme le dit votre égérie du jour, prenez, cher RICHARD I I I un long repos ressourçant pour vos sujets de chroniques.
Ne tombez pas dans l'autosatisfaction sans intérêt de l'écriture de chronique journalière
qui garantit votre sommeil
BONNE ANNÉE 2014
Postée le: Henry | décembre 30, 2013 01:55 PM