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Le Soir et le facteur.

Décidément, ils sont incorrigibles.
Il fallait marquer le coup des hommes « providentiels » acquis à prix d’or de nos entreprises publiques, dont certains politiques « de gauche » (1) soulignent l’énormité de leurs revenus d’une part et, d’autre part, l’abondance des larmes de la presse stipendiée par ses mécènes au départ de l’un d’entre eux : Johnny Thijs, CIO, l’homme « indispensable » de la poste.
C’est un véritable complot des pouvoirs occultes et de la Presse belge. Il ne faut pas que le départ du postier en chef passe inaperçu !
Il y a un test que le lecteur peut faire sur le Soir en ligne très rapidement.
Les articles people sans grand intérêt mais qui nourrissent le gros des lecteurs, Le Soir appâtent ces derniers avec une entrée du genre « parade de foire » comme jadis on en voyait, puis, tombe la petite ritournelle « La suite pour les Abonnés » et vous n’en saurez pas plus, à moins de mettre une pièce dans la tirelire.
Mais, quand il s’agit d’enfoncer le clou de l’idéologie monarcho-capitaliste, alors vous avez droit au tout gratuit, avec en supplément pour Johnny Thijs, Béatrice Delvaux, vedette un peu passée de mode, dans « Le Soir 17 heures », mais toujours farouchement bourgeoise et de « bon sens », du même moule qu’Emmanuelle Praet.
Ainsi, ce jour de Noël on a eu l’article de fond, l’interview de Baudouin Meunier, ex responsable du marketing du CIO Thys et Miss Delvaux dans son éloge du dit, genre où elle excelle particulièrement.
Trois en un et tous en lecture de A à Z, c’est merveilleux d’indécence.
On en a fait beaucoup moins pour la fin – ou presque – de la sidérurgie du bassin liégeois. Les ouvriers n’ont pas eu droit à ce genre d’égard.
Vous pensez un mec qui se débat dans la malchance depuis qu’il est né, n’intéresse personne. On ne sait même pas ce dont il est capable, son niveau d’intelligence, etc. Il n’entre pas dans les « codes ». Tout le monde s’en fout. On lui a demandé de bosser aux merdes qu’on lui donnait. Quand il n’y en eut plus, on s’en est débarrassé, logique. Un jour, ce sera la même chose pour les journalistes du Soir. On leur aura demandé d’écrire des merdes. Ils l’on fait. Le truc aura foiré. On les fout dehors. Logique.
Par contre, le Thys, c’est autre chose… Madame Delvaux se rend-elle compte de ce que ses propos contiennent de mépris pour ceux qui bossent à 1500 € le mois ?

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Thys est plus intéressant, à cause de l’énormité de son salaire ?
On peut demander aux facteurs ce qu’ils en pensent. Personnellement en tant qu’usager, je trouve que la poste n’est plus ce qu’elle était. Les tournées manquent de régularité. Le facteur n’a plus le temps pour rien. Quand il sonne pour un colis, si vous ne dégringolez pas les étages en vitesse, vous avez droit au petit papier avec lequel vous vous retrouvez à faire la file dans un supermarché, qui fait office de poste et dans lequel vous n’avez jamais mis les pieds.
Les quelques rares endroits qui sont encore de vraies postes, vous n’avez qu’à prendre un ticket et attendre votre tour. Tout le monde n’a pas un ordinateur pour envoyer soi-même les ordres de paiement, beaucoup de vieilles personnes et des jeunes désargentés n’ont pas d’ordinateur, si bien qu’elles sont obligées trois ou quatre fois par mois de faire la file dans les rares postes qui subsistent.
Et Miss Delvaux trouve que Thijs était innovant, méritait son salaire et s’en va à cause d’un gouvernement qui veut réduire à 650.00 €, ce qu’il ramassait à 1,12 ! Il est vrai qu’avec les avantages, Flahaut en rafle 700.000. On pourrait lui demander s’il ne veut pas reprendre la Poste avec sa sinécure de la Chambre, en un cumul patriotique ?
Enfin, les masques tombent de cette presse à la botte. Parole, ils parlent tous de Thys de la même manière ! Pas une louange ne manque, c’est parfait. Trop même, ils devraient se méfier.
Voilà un aperçu, toujours dans le Soir dans sa petite revue de presse :
« Dans les colonnes du Tijd et de L’Echo mardi, ils fustigent notamment l’attitude du ministre des Entreprises publiques Jean-Pascal Labille (PS)…. Karel Vinck, 75 ans, qui a travaillé pour Bekaert, l’Union Minière, la SNCB et Umicore, parle ainsi de Jean-Pascal Labille comme d’un « homme dangereux », qui ne sait pas ce qu’est une entreprise… Luc Bertrand, directeur du holding Ackermans & van Haaren, souligne lui les dangers d’un tel départ si tôt après l’introduction en bourse… Paul Buysse, président de Bekaert, se montre sévère à l’égard du ministre socialiste. »
Avec la presse politisée au moins on achetait des papiers avec des opinions différentes. Aujourd’hui, sous l’étiquette apolitique, la presse cache sa véritable nature essentiellement politique, chargée des intérêts de la droite classique.
Et ces torchons se demandent pourquoi ils perdent des lecteurs !
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1. La gauche existe-t-elle encore, tant le PS s’affiche avec le pouvoir libéral ?

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