Le terminal.
Est-il possible que six milliards d’individus vivent désormais dans l’erreur la plus complète ?
On pourrait se poser la question.
Philosophiquement, quand six milliards d’individus se trompent, la contrevérité devient la vérité et d’insensés, ils deviennent sensés.
Reformulée autrement la question gagne en sens, quand c’est la majorité qui se trompe. .
Croit-on pouvoir retrouver la croissance, base du système économique, et dispensatrice d’emplois, quand la démographie nous aura rapproché des dix milliards d’individus d’ici la fin du siècle ?
Autre question pendante.
La dette de presque tous les pays, à l’exception des quelques pays pétroliers, mais surtout la nôtre, parmi les endettés de l’Europe, comment la rembourser ?
Les restrictions, les baisses de salaire, les coups de sabre dans les budgets, la chute des acquis sociaux, l’augmentation des taxes, rien n’y fait. En Belgique, la dette ne baisse pas. Au contraire, elle s’accroît. Elle est aujourd’hui à plus de 100 % du PIB. C’est-à-dire la production de richesse du pays sur une année !
Que Di Rupo, Chastel et Reynders prétendent le contraire, ils mentent. Et quand bien-même diraient-ils vrai, combien de siècles faudrait-il pour résorber la dette à l’allure qu’ils vont pour la réduire ?
La barre des 3 % fixée par l’Europe, Di Rupo la respectera en… 2015, c’est-à-dire à la législature suivante. Ces 3 % possibles de dépassement du budget ne sont en rien une mesure de nature à faire baisser la dette, tout au plus servira-t-elle à la contenir, s’il se peut.
Une croissance impossible, une dette en expansion, sont-ce les causes de l’aliénation de la masse au travail ? Non, mais, bien entendu leur aggravation.
Qu’est-ce que le travail de masse aujourd’hui sinon un esclavage collectif déguisé en vertu et en nécessité fondamentale humaine ?
Quand donc réservera-t-on le mot travail à ceux qui s’y épanouissent, s’améliorent, se forment, s’instruisent et innovent, c’est-à-dire moins de 5 % des travailleurs, les 95 % restant n’étant astreint qu’à produire par pression, humiliation et régression des facultés humaines.
Voilà le juste tableau de la société d’aujourd’hui, une société sans projet et qui ne mène nulle part sinon à la faillite et qui aura perdu en cours de route tout ce qui faisait l’espoir d’une humanité en progrès.
Et cela nous le devons à quoi ?
Mais aux aberrations économiques du système capitaliste, au bandeau sur les yeux au nom de la démocratie, au nom de je ne sais quel progrès qui voit les prisons se remplir, les caméras de surveillance se multiplier, les différences sociales s’agrandir et la fraternité humaine disparaître, comme l’illusion de l’efficacité individuelle tourner en burnout.
On n’a jamais vu depuis les temps les plus anciens, autant de progrès dans les sciences et autant de déliquescences morales, à la fois !
Au pire moment de la barbarie antique, il s’y conservait par les philosophes et les justes une autre idée de l’homme, une volonté de passer à autre chose en abattant le tyran.
Aujourd’hui, même si l’éthique existe encore, le tyran n’a pas de visage, il est partout dans les systèmes politiques et à l’intérieur de nous. Que nous le voulions ou non, nous n’avons plus aucun moyen de bâtir autre chose, de faire le contraire de ce qu’on nous contraint de faire. Que l’on porte sa voix à droite ou à gauche, c’est pour être victime du même discours, de la même fatalité de la domination économique.
Le monde a besoin d’une nouvelle utopie pour s’en sortir. Le capitalisme a vaincu le communisme qui était en quelque sorte une réaction par lui-même, de lui-même, un sursaut d’honnêteté mal compris et dévoyé. Resté seul et sans aucune autre réaction, le pouvoir économique s’est emballé et est en train de nous écraser tous.
Hélas ! les foules n’entendent pas les choses de la même manière. Les partis de droite le sont encore plus et les partis de gauche les remplacent au centre. La gentrification ne s’est pas faite que dans les immeubles Hausmann, elle s’est faite à l’intérieur du parti socialiste aussi.
Ceci est la cause de l’immense erreur qui a saisi la pensée publique, nourrie de la rumeur et des confusions de la pensée populaire.
La droitisation de la démocratie n’est pas encore arrivée à son terme. Les gens ont encore besoin de descendre un peu plus bas pour comprendre qu’ils ont été joués. Et ils le sauront quand la misère les empêchera de rire !
Espérons qu’il ne sera pas trop tard quand ils se réveilleront.