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Flanby flambé !

François Hollande est passé implicitement aux aveux d’impuissance politique dans sa récente intervention télévisée, celle des vœux à la Nation, qu’il faut comprendre à travers l’ambigüité des mots.
L’échec de sa lutte contre le chômage est patent et c’est lui-même qui s’y est mis en s’enferrant dans un défi « baisse du chômage pour décembre 2013 » de nombreuses fois répétés d’une voix déterminée dès le début de l’année passée. C’est qu’il y croyait dur comme fer, François Hollande. Et cet échec est aussi ressenti par l’opinion comme venant d’un président peu fiable, s’entêtant dans l’erreur.
Après cet échec, il éprouvera bien des difficultés à redevenir crédible auprès des Français.
Nous sommes arrivés à un tournant dans la politique socialiste de François Hollande. Il n’a jamais caché son appartenance à un socialisme de partenariat dans une société libérale. Il va falloir maintenant qu’il mette de côté la base même du socialisme social, pour avoir une chance de sortir la France de l’impasse. C’est-à-dire procéder à des dégraissages massifs de la fonction publique et réformer la sécurité sociale en profondeur, s’il entend poursuivre dans le genre de « socialisme » qu’il a choisi.
Évidemment, il va se heurter à ses premiers opposants : la gauche à l’intérieur et à l’extérieur du parti, devant une droite sceptique et un patronat qui ne dit pas non à l’aubaine d’un Hollande « compréhensif », avec Pierre Gattaz, négociant au sou par sou et n’ayant d’autre philosophie que celle de l’argent toujours bon à prendre dans quelque poche que ce soit.
Il fallait s’attendre à ce « changement de cap », le jour où Hollande rendit un vibrant hommage à Gerhard Schröder, au congrès annuel du SPD. Des journalistes politiques français (autrement plus incisifs et lucides que les nôtres) ont senti naître chez Hollande une envie de réussite à la Schröder, sans aucune mesure avec la traditionnelle politique du PS de la rue de Solferino.
Autrement dit abandonner le socialisme pour faire du libéralisme « social ».
Schröder n’a réussi qu’à appauvrir les travailleurs et aggraver la situation sociale en Allemagne, mais qu’importe pour Hollande, Merkel a récolté les fruits de cette politique et pour Hollande, l’Allemagne est devenue une puissance forte, la locomotive de l’Europe et c’est ce résultat qui importe !

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Seulement voilà, sortir la France de l’ornière comme l’a fait Schröder pour l’Allemagne, ça ne va pas. Quelques années plus tard, les économistes ne peuvent dire le contraire, le système économique est complètement détraqué. La rémunération du capital est en pleine croissance au détriment de la rémunération du travail. Faire la même chose que Schröder, c’est accroître davantage le fossé quoi sépare désormais ceux qui travaillent de ceux qui spéculent.
Or, Hollande qui s’est trompé jusqu’à présent sur l’essentiel, est en passe d’aggraver son erreur au lieu de la réparer.
S’il considère que la réparation est impossible puisque l’Europe et le monde ne prennent pas ce chemin, c’est condamner la gauche et faire du parti socialiste un parti du centre, vaguement social mais résolument libéral. Élio Di Rupo et Laurette Onkelinx ont déjà opéré ce glissement pour la Belgique et on voit le résultat : statu quo du chômage, blanc-seing aux entreprises qui engraissent leur CEO, paupérisation de la population, effondrement de la classe moyenne à hauteur de l’artisanat et de la gérance.
Hollande va prendre un virage risqué. Celui de conduire lui-même la politique économique au détriment d’Hérault et de Bercy. Sa politique au centre s'accompagnera logiquement du recours aux ordonnances, avec tous les aléas d’un affrontement possible, alors qu’il désapprouvait ce type de politique, lorsqu’il était premier secrétaire du PS.
Il espère ainsi désamorcer le retour de la droite au pouvoir en faisant la politique de Sarkozy. Il a déjà oublié que Schröder a dû céder son fauteuil de chancelier à madame Merkel, justement parce que le socialiste allemand avait confondu les genres. Non seulement, il n’a pas gagné l’électeur de droite, mais encore il a perdu l’électeur de gauche. C’est probablement ce qui va se passer en France.
Hollande croit pouvoir compenser le lâchage de la gauche par la conquête du centre. Il se trompe et les élections de mars prochain en France lui enlèveront probablement ses illusions.
La gifle que prendront les socialistes lors des prochaines élections ne sera pas un serre-fil efficace, la défaite sera trop cuisante surtout sur l’idéologie base même du parti, pour qu’il y ait un ralliement général autour du président.
Avoir un idéal et le défendre, c’est quand même autre chose que poursuivre un mandat en mangeant dans la main de celui qui le trahit.
Mais cela peut arriver. Les Français en ont l’exemple en Belgique où le PS est aussi méconnaissable que son premier ministre.

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