Quand Franz est Charles !
La Rome antique avait son "poeta laureatus" notamment accordé à Horace. Nous ne pouvions être en reste. Aussitôt l’Histoire ancienne ânonnée par nos illustres, des voix se firent entendre afin que nous meublassions notre Parnasse. C’est chose accomplie. Nous héritons par fantasmagorie élective et spéciale d’une consécration nouvelle, celle d’un poète national ! Comment et par qui est-il désigné à l’admiration des foules patriotes ?
C’est comme le Goncourt ou le Renaudot, ça restera un mystère.
Ô gloire de l’éphémère qui va hisser au sommet de l’Olympe, un poète en ces temps de grande misère intellectuelle.
Qu’on se rassure. Qui pourrait citer de mémoire dix membres actuels de l’Académie française ?
Les journaux nationaux et régionaux manquent d’imagination à propos de cette lubie du « poète national » en instance de création. L’information est passée tout à fait inaperçue.
Idem pour la photo de l’heureux élu : Charles Ducal (alias Franz Dumortier), Flamand de Leuven de pure souche, qui s’était pourtant fait la tête d’Arthur Rimbaud dans sa période africaine, pour être assimilé au monument. Dans un pays aussi peu porté sur la poésie, avoir un poète national, il fallait le faire.
Le jour de l’annonce était mal choisi. Il coïncide avec le lendemain de la conférence du crack français Hollande, en futur couple avec Julie Gayet !
On ne se posera plus de questions sur la formidable attraction qu’exerce le pouvoir suprême pour les femmes. Voyez Hollande. Il ne paie pas de mine. Pourtant !... Ségolène, en son temps, c’était un beau morceau, Valérie a quelque chose dans le déhanchement et la dernière Julie, pardon, c’est un canon. Il ne restera plus au président de la république, pour parfaire son tableau de chasse, qu’à coucher avec Miss France 2014.
Alors vous pensez, Franz, le barde flamand… l’aubaine auprès des dames, poète officiel ! Pourtant qu’il ne se fasse pas trop d’illusions, tel Cyrano « à la fin de l’envoi, je touche ! », il risque plutôt la gifle en touchant. Charles Baudelaire van Dumortier-Ducal, on s’en tamponne ! Ah ! s’il avait eu une aventure avec Nabila, et conçu le poème « Allô, quoi ! » on en aurait parlé.
Sans-Chichi de Mons aura soufflé la chose à Fadila Laanan : – Camarade Fadila, trouve-moi quelque chose pour la future capitale de la culture ! L’autre s’est extirpée de la forêt de nounours qui encombre son divan et « Poète prend ton luth », on est reparti sur le chemin du ridicule. – Si on faisait un truc plein d’alexandrins, de césures et de rondeaux ? Ça serait pas de la quenelle, mon fils, mais de la vilanelle…
Franz, le castar des Lettres, a 62 ans comme le dit sa biographie « Hij debuteerde in 1987 met 'Het huwelijk', een dichtbundel die opviel door de cynische toon, de strakke vorm en de bijbelse referenties. » Je sais, dit comme ça, ce n’est pas un embarquement en yole pour Cythère, mais en marie-salope conduisant les ordures à l’incinérateur.
On ne sait pas qui a découvert le phénix rongé par la rime comme par l’urgence d’un besoin que l’on fait sous soi. Pour un boulot pareil, va-t-on le payer moins que la pédégère de Belgacom !
Car Franz, pardon Charles… le poète, a un cahier des charges. Il ne doit pas trop traîner sur le travail « au moins six textes par an durant les deux prochaines années, textes qui seront traduits dans les trois langues nationales. »
Et ce n’est pas tout. Il faut qu’il soit respectueux des frontières linguistiques et aérien dans son style ! Il doit vérifier que les belgicismes qu’il emploie soient traduisibles dans les trois langues. Pas question de zwanzer en bruxellois !
Les asticots qui ont trouvé que Charles ferait l’affaire, sont les mêmes qui ne se prennent pas pour de la crotte. Ils giclent des bidons de cirage à reluire des hauts lieux de la belgitude : « La Maison de la Poésie et de la Langue Française de Namur, le Poëziecentrum de Gand et le Vonk Er Zonen anversois ».
O! 't ruisen van het ranke riet!
o wist ik toch uw droevig lied!
wanneer de wind voorbij u voert
en buigend uwe halmen roert,
gij buigt, ootmoedig neigend
Laanan se pâme, Sans-Chichi a ses vapeurs, le debuteerde de 87 se rengorge. Par contre, j’en connais qui vont faire la gueule : les poètes liégeois écartés du service par Sans-Chichi qui tient à plaire aux Flamands pour son Mons-Kultuur.
On s’attend à ce que la Maison de la poésie d’Amay porte-plainte. En voilà qui vont s’aigrir les sangs. Il va y avoir des suicides…
Quand je pense à ma petite chérie, les beaux vers qu’elle nous déclame de sa voix d’ange, si impérieuse et pourtant si câline dans le grenier d’Amay… et en même temps, je ne suis pas fâché, chère B. L. de votre obscurité. Plus vous le serez, moins vous serez une proie facile pour ce brigand de Hollande !...