Quand Obama et Al-Assad s’aimaient.
Il y a une chose que je ne comprends pas : c’est cet acharnement que certains mettent parfois à défendre un camp dans lequel ils sont installés depuis au moins trois générations, quand tous les jours des nouvelles viennent les dissuader d’en être !
Atavisme héréditaire, esprit paresseux, intérêts troubles, peur du changement ?
Il y a sans doute un peu de tout cela chez le citoyen « informé ».
Ainsi, le 22 janvier, le Secrétaire d’Etat John Kerry prononce le discours d’ouverture à la conférence sur la Syrie. Il y exprime toute la réprobation horrifiée des USA aux méthodes utilisées par les suppôts du président Bachar al-Assad dans la guerre civile.
Kerry se fait le champion de tous les humanistes. Il cite les tortures systématiques sur des milliers de détenus dans les prisons syriennes.
Le public est bouleversé, les journaux s’émeuvent. Tous sont unanimes, Al-Assad est un tyran. Il faut l’abattre.
Les bourreaux du régime d’Assad ont obsessionnellement photographié les hommes tués répertoriés par des numéros, afin de prouver aux supérieurs que les exécutions avaient été faites.
Á l’inverse de Colin Powell brandissant à l’ONU des preuves qui n’en étaient pas contre le Régime de Saddam Hussein, l’ONU détient des milliers de photos de prisonniers torturés et tués par le Régime de Bachard Al-Assad.
Ce qui gène n’est pas cette dénonciation d’un Régime barbare, mais c’est justement celui qui le prononce au nom d’un autre Régime, celui des USA son pays. Les Américains sont choqués par les tortures dans les prisons syriennes, alors qu’ils sont absolument ravis que leur Armée et leur système carcéral en perpètrent presque autant !
Ah ! la mémoire courte alliée à la mémoire sélective, voilà bien les donneurs de leçons comme ils en sont pourvus pour dénoncer dans des pays lointains, ce qui se passent dans leurs caves.
N’ont-ils pas exploité la brutalité du régime d’Assad à leurs propres fins, du temps où le Régime syrien torturait pour « la bonne cause » ? Quand l’ennemi commun s’appelle al-Qaida, les crimes deviennent de la légitime défense. Après le 11-Septembre, Assad a fait de la torture par procuration pour la CIA, comme l’ont approuvé le président Bush et son successeur Obama et ce jusqu’aux développements de la guerre civile dans la fâcheuse actualité.
La pratique «extraordinary rendition» de la CIA consistait à envoyer des suspects du terrorisme dans un pays « ami » pour des interrogatoires musclés, la méthode forte étant illégale aux Etats-Unis. Je n’ai pas sucé cela de mon petit doigt, c’est dans un papier du New Yorker de la journaliste Jane Mayer. « En plus des prisons syriennes, les centres de détention en Egypte, au Maroc et en Jordanie ont aussi été des destinations clés pour de tels suspects, qui ont été envoyés de part le monde dans des jets privés enregistrés par des entreprises américaines factices ».
Et c’est un ressortissant d’un tel pays qui ose ouvrir la conférence sur la Syrie !
On ne sait pas exactement la date à partir de laquelle le gouvernement d’Obama s’est mis aux côtés des dénonciateurs du Régime de Bachar Al-Assad. Peut-être s’est-il décidé lorsque des insurgés « démocrates » ont ouvert un front contre le pouvoir et que le monde entier a été impressionné par la révolte, probablement aussi parce que les USA n’étaient pas les fournisseurs attitrés en armes du Régime et que c’était le vieux concurrent russe qui avait les commandes.
Avec une rébellion coupée en deux, faite de démocrates « laïcs » et de musulmans intégristes, Obama s’interroge, mais c’est trop tard, il ne peut plus revenir en arrière et soutenir Bachar comme Poutine, contre les insurgés.
On ne sait pas si secrètement Kerry, malgré les discours et l’attitude officielle d’Obama, n’est pas en accord avec la CIA qui verrait plutôt d’un bon œil que Bachar extermine toute la rébellion, comme Arnaud Amaury passe pour avoir dit, lors du sac de Béziers, à des soldats qui lui demandaient comment distinguer les bons fidèles des hérétiques : « Tuez-les tous ! Dieu reconnaîtra les siens. ».
Genève aura été, encore une fois, plutôt que le siège d’une Conférence de paix, le lieu d’un fameux bal des faux-culs.