Une hypothèse réaliste.
Question chômage, la situation n’est pas meilleure en Belgique qu’en France. Di Rupo ne parie pas sur des résultats, comme l’embauche en masse, qu’il ne peut pas tenir. Il est plus prudent. Les résultats sont les mêmes. Le cycle quatre ans de crise et puis ça repart, c’est de la blague d’économiste de salon. On en est à la cinquième année de calamités.
Les deux socialistes n’ont pas réussi à diminuer le nombre de chômeurs. Le centrisme n’a pas l’air de leur réussir. Proportionnellement, il y a autant de chômeurs chez nous que dans l’Hexagone. Si l’on excepte le triangle Allemagne, Hollande, Luxembourg, partout ailleurs en Europe, la situation se dégrade.
Les recettes classiques ne conviennent plus. Toutes les tentatives ont échoué. Pendant que les dirigeants se plantent, un phénomène inquiétant surgit malgré mille et une précautions : les inégalités sociales se creusent.
Ce si petit pays qu’on peut le parcourir du Nord au Sud en une demi journée, compte 432.484 chômeurs complets indemnisés demandeurs d'emploi en 2013, soit 3,6% de plus qu'en 2012. Chiffre tout à fait sous évalué, puisque l’ONEM exclut tous les jours des chômeurs. De sorte qu’on pourrait compter jusqu’à près d’un million de personnes qui ont abandonné tout espoir de trouver un emploi.
L’emploi est un problème récurrent et qui ne date pas d’hier, mais qu’on regarde aujourd’hui avec effroi.
L’économie dans laquelle nous pataugeons justifiait jadis 4 à 5 % de chômeurs « résiduels » servant de « réserve » pour éviter la surchauffe et de réservoir où puiser de la main-d’œuvre, suivant l’offre et la demande.
Le raisonnement des économistes n’a guère changé. Le surplus du « volant de surchauffe » est de beaucoup supérieur au pourcentage classique admis dans une économie en vitesse de croisière (l’Europe est traditionnellement à 1 ou 2 % au-dessus des États-Unis).
Comme ce phénomène dure depuis des années et même bien avant la crise de 2008-2009, force est de constater que ce vice est rédhibitoire au système et ne sera pas résolu tant que le système lui-même ne sera pas modifié ou remplacé par autre chose.
L’ambition et la réussite par le désir de la gagne ne correspondent plus à la réalité de centaines de millions de personnes qui n’auront même pas l’occasion d’exercer leurs talents pour faire jouer à plein le système capitaliste.
Jusqu’où tiendra l’absolu déni de milliards d’hommes et de femmes de cette planète pour quelques centaines de millions de mieux lotis et seulement quelques dizaines de milliers d’autres, possesseurs du « billet gagnant » ? C’est la question qu’il faut se poser.
Je ne pense pas que le chômage revienne jamais un jour à un taux supportable dans nos économies occidentales. La crise financière de 2008 n’a fait qu’accélérer le phénomène qui avait déjà tout son potentiel de nuisance il y a 6 ans.
Les productivités multipliées par dix, parfois par cent, dues au progrès techniques, à la mécanisation et à la docilité des peuples esclaves, débouchent sur une diminution constante des besoins de main-d’œuvre. C’est aussi bête que ça. Le progrès qui en découle ne profite pas à l’ensemble de l’humanité, mais à une infime partie de celle-ci, et surtout pas à la main-d’œuvre qui ne sert plus à rien et dont on ne sait que faire dans les pays développés.
Les partis politiques au pouvoir ne se rendent pas compte qu’ils jouent leur va-tout dans une économie qui ne pourra plus à l’avenir concourir au plein emploi. Leur obstination finira par les engloutir dans l’échec global du système.
La fuite en avant de Hollande auquel on peut associer Di Rupo n’est qu’une course vers le centre, le seul espoir dans le rebond de l’économie de marché à satisfaire une clientèle qui n’est pas traditionnellement la leur et qu’ils pensent représenter.
On voit bien que les populations abandonnées ne croient plus en l’efficacité de leur médecine. Et elles ont raison.
Leur seule possibilité de durer, et ils y songent sans doute, c’est que la révolte généralisée survienne dans des continents plus démunis que le nôtre et qu’ainsi se sentant menacés par un environnement hostile, les pays « riches » se racrapotent autour de leurs « privilèges » et de leurs dirigeants. Ils ont bien digéré le système communiste, pourquoi ne pas contenir les pouilleux de la planète comme au temps des colonies ?
Ils oublient un facteur récent, celui du mécontentement de plus en plus grand des populations au cœur même du système : l’Amérique, l’Europe, demain la Chine, ce qui à terme risque de priver le système de ses fantassins.
L’économie capitaliste défaillante ira-t-elle jusqu’à utiliser l’arme atomique sur les continents pauvres, pour défendre ses privilèges ?
C’est de la science fiction ? Non, c’est une hypothèse réaliste.