Hommage à Bè Kwèr (1)
Tous nos beaux esprits wallophones et bruxellophones ont eu les yeux braqués sur la sortie de Bart De Wever de l’hôpital. Ils sont à moitié rassurés. Le président de la N-VA apparut les traits tirés. De l’avis général, il ne va guère mieux. Cependant, tous auraient souhaité qu’il y fût resté une semaine supplémentaire. Cela aurait pu être un message encourageant pour le 25 mai.
Cette info date de dix jours. Cela n’a l’air de rien, mais dix jours dans l’info d’aujourd’hui, cela fait dix ans du temps cosmique électoral.
Pourtant, nos élites n’en ont pas dormi de cette maladie là. Les journaux leur donnent de faux espoirs, puis le lendemain, pfuitt, plus rien. Ce n’était pas la maladie en elle-même qui intéressait, mais « après la rémission, à quand la récidive ? ». Le plus optimiste titrait que l’ex-gros n’avait pas bonne mine et d’ajouter dans le corps de l’article « Rappelons qu’il a passé une semaine complète à l’hôpital pour une triple infection, aux poumons, au cœur et au foie. Il a passé plusieurs jours aux soins intensifs. »
« Mais, c’est une infection complète », entendit-on dans les bonnes brasseries.
Les francophones se cotisaient déjà pour le séjour aux soins palliatifs.
Les plus confiants en l’avenir préparaient quelques mots pour une nécrologie bien sentie, empreinte de l’émotion vraie que l’on doit à ceux qui font vraiment plaisir en s’en allant.
– L’ami Bart nous a quittés. C’était un rude adversaire, mais il était loyal… Son souvenir restera à jamais, etc.
En attendant ce grand moment, le moribond a repris ses séances au conseil communal, évitant de nommer un suppléant et d’ainsi donner de faux espoirs.
Mine de rien, c’est un monde impitoyable celui de la politique. On s’est demandé longtemps pourquoi Reynders avait toujours une banane dans son attaché-case. On a cru que c’était un coupe-faim. Erreur, seule la peau l’intéresse.
Nous vivons dans un monde où chacun tire à vue. C’est naturel, un soir on découvre avec ravissement que Laurette a massacré un personnage qu’on déteste soi-même. Elle devient aussitôt la favorite du sérail. Quelques jours plus tard, ô stupeur, voilà que la sultane se permet de débiner un type pour lequel on a de l’estime au point qu’on pensait voter pour lui. Du coup, son numéro devient indécent.
J’ai en se moment un « client » bien malheureux, il ne me supporte plus, cependant il ne peut pas s’empêcher d’ouvrir mon site tous les soirs. Ça lui fait du tort. Les psy n’y comprennent rien. Je lui ai écrit cent fois « Arrête, ça te fait trop mal ».
Lui aussi désirerait me voir claboter. Je parie qu’il me ferait un de ces éloges funèbres tellement enthousiaste que même le croquemort ne pourrait s’empêcher de penser qu’il n’y a qu’une haine profonde capable d’atteindre au sublime. La preuve, les plus belles lettres d’amour ont été écrites par des cocus.
Tout cela nous éloigne de l’actualité, le drame de Kiev, les amoureuses de quinze ans qui écrivent à leur idole Marc Dutroux, la popularité de Hollande à 19 %. Rien sur Élio ! C’est curieux. Il ne nous ferait pas une petite rechute aussi, le bel oiseau ?
Si, quand même, la visite aux Pandas. Il était croquignolet Élio de Mons, son nounours sous le bras.
-Quel âge tu lui donnes ?
-…. ? Soixante ?
- Tant que ça !...
Avec le corps qu’il a, c’est autre chose qu’une sortie de l’hosto du maire d’Anvers. Élio, franchement, c’est le jouvenceau pour une marque d’after-shave : un hédoniste, un corps qu’eût aimé immortaliser Phidias le grand, compagnon de jeux d’Alcibiade descendant le grand escalier du Moulin Rouge, avec son truc en plume !
Les Pandas dans leur cage n’avaient d’yeux que pour lui, il faut dire que la télé aussi…
Vous le laissez deux nuits à Pairi Daiza et il nous fait un ours de plus !
Le génial Montois aime son corps et le corps des beaux hommes. C’est son droit. C’est un esthète. Les épaules sont magnifiques, quand de dos à la caméra, il fait le geste de tomber la chemise. On l’avait déjà vu en slip à la piscine de Mons, le dard bien dessiné dans le latex rouge, les roubignolles en formation serrée sous le fût. Franchement, on n’aura jamais plus un premier ministre pareil. Quand on songe au profil de Wilfrid Martens, au ventre de Jean-Luc Dehaen, à la dentition de Verhofstadt !
Et dire qu’on pourrait le perdre !
« Je le pansay, Dieu le guarist » dit Ambroise, ajoutant derechef « puis ne le voulust point ».
Que voulez-vous, quitte à faire bondir mon lecteur irascible et qui me veut mort « les cimetières sont pleins d’ombres propices et de cyprès classés ». Et un cyprès de soixante ans, c’est un jeunet.
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1. "Beau corps" en wallon liégeois.